Changes et Devises

En rappel Focus sur le Marché des changes

En rappel Focus sur le Marché des changes

Les échanges atteignent près de 4000 milliards de dollars par jour. Alors que les autres classes d’actifs stagnent, les devises apparaissent comme une alternative…

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 Près de 4000 milliards de dollars. C’est le montant échangé chaque jour au mois d’avril dernier sur le marché des devises. Il faut ainsi moins de quatre jours pour que changent de mains l’équivalent des transactions commerciales mondiales (un peu plus de 15 000 milliards sur l’année 2008 selon les chiffres de l’Organisation mondiale du commerce).

En trois ans, le chiffre d’affaires du marché des changes a grimpé de 20%, selon la Banque des règlements internationaux (BRI), qui a publié mercredi son rapport trisannuel sur ce secteur. Surtout, depuis 1998, date à laquelle l’institution a lancé ce sondage, le chiffre s’est envolé, passant de 1527 milliards à 3981 aujourd’hui. Un montant supérieur aux marchés actions et obligataire additionnés.

Ces trois dernières années, la hausse est surtout due à l’accélération des transactions au jour le jour (spot) qui ont grimpé de 48% pour atteindre 1500 milliards.

Classe d’actifs décorrélée

Cette évolution ne surprend guère les spécialistes. «Le marché des changes a toujours été déconnecté de l’économie réelle. Mais c’est vrai aussi pour les matières premières. Si le volume se limitait aux transactions effectives, il serait très faible. En réalité, il est multiplié par la spéculation», explique Roland Duss, chef économiste de ­Gonet & Cie.

En outre, les devises sont nécessaires à l’économie réelle, et pas seulement au commerce international. Lorsqu’un groupe suisse rachète une société étrangère, il débourse un certain montant, qui doit être converti dans la devise d’origine de l’entreprise acquise. Au-delà des autres utilisations des changes, «l’attrait de cette classe d’actifs comme investissement n’a cessé d’augmenter ces dernières années», explique Bruno Jacquier, économiste à la Banque privée Edmond de Rothschild. «Elle est totalement décorrélée des cycles économiques et des autres classes d’actifs et permet une diversification des portefeuilles.» Surtout, ce marché n’est plus l’apanage des courtiers et s’est ouvert aux petits investisseurs, relève l’économiste.

La tendance devrait continuer. Pour Dean Popplewell, responsable de la stratégie sur les devises chez Oanda, une plateforme de courtage en ligne, les taux bas, qui rendent les obligations peu intéressantes, et les piètres performances des ­actions plaident en faveur des ­devises.

Le dollar résiste

Le rapport de la BRI relève également un léger recul du dollar dans les transactions globales. La tendance est encore faible puisque le billet vert représente toujours 84,9% des échanges, contre 85,6% il y a trois ans et 88% en 2004.

Le dollar compte pour 60 à 65% des réserves de changes des banques centrales et reste prépondérant dans les échanges commerciaux, soulignent les experts. Pour Bruno Jacquier, «il est logique que la monnaie américaine perde du terrain face à la montée des devises émergentes et la nécessité d’une plus importante diversification». Une évolution qui prendra du temps, ajoute l’économiste, même si la volonté de s’éloigner du dollar existe.

La part du franc suisse a, elle, diminué, passant de 6,8% à 6,4%, tandis que l’euro a grimpé à 39,1% (contre 37% il y a trois ans). Les devises émergentes restent peu représentées, le yuan, dont la parité est fixe, ne représente que 0,1% des échanges.

Par Mathilde Farine / Le temps sept10 

EN COMPLEMENTS : Accessible, mais risqué

 Par Frédéric Lelièvre

Les devises constituent désormais une classe d’actif à part entière, prisée des investisseurs en mal de rendement. La performance n’est cependant de loin pas garantie

Avec les devises, on touche à la finance la plus dématérialisée, la plus mondialisée et la plus rapide. Elle fonctionne 24h/24h, sept jours sur sept, et pèse davantage que les marchés des actions et des obligations réunis. Toujours plus pilotés par des algorithmes, les ordres d’achats et de ventes du dollar, de l’euro, du yen ou encore du franc sont désormais passés à très haute vitesse.

le « Flash Crash » du 6 mai à Wall Street pourrait se reproduire n’importe quand (cliquez sur le lien)

Les statistiques publiées mercredi par la Banque des règlements internationaux, la banque des banques centrales, documentent la forte croissance de ce marché, plus 20% en trois ans malgré la crise financière. On n’y lit cependant pas le basculement vers l’Est et le Sud observé pour l’économie réelle. Le dollar, régulièrement promis à un funeste destin, conserve son rang de devise de référence. Même le Japon, récemment dépassé par la Chine en termes de richesse nationale, voit son yen progresser dans les échanges. A l’inverse, le real brésilien ou la roupie indienne restent des monnaies marginales. Le yuan pèsera sûrement plus (0,1%) le jour où Pékin le rendra librement convertible.

Le développement du «forex», dans le jargon des financiers, qui a vu plusieurs courtiers grandir à Genève, s’explique principalement par deux facteurs. D’une part, les plates-formes en ligne l’ont rendu simple et peu coûteux. Une démocratisation qui profite autant aux investisseurs individuels qu’aux patrons de PME qui veulent se protéger contre le risque de change. D’autre part, le faible rendement des obligations et les mauvaises performances des actions ont transformé les devises en une classe d’actifs à part entière; qui plus est, d’une liquidité sans égal.

L’investissement ne va cependant pas sans risque, la Banque nationale en sait quelque chose. En quelques secondes, une position peut virer du vert au rouge, comme on le voit sur les écrans clignotants des sites web grand public. L’addition peut vite devenir salée si l’acheteur s’est en outre endetté, comme on l’y encourage souvent.

Infographie. Part des différentes monnaies dans les échanges

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UN RAPPEL DE 2007 : Parier sur les devises, la dernière mode pour s’enrichir

Par Frédéric Lelièvre et Angélique Mounier-Kuhn/ le temps

Les investisseurs individuels sont toujours plus nombreux à espérer devenir millionnaires en jouant sur le franc, l’euro ou le dollar. La multiplication des sites de courtage en ligne, notamment en Suisse, les encourage. Mais, attention, ils peuvent y laisser des plumes.

Prendre l’avion mène à tout. En octobre dernier, Monsieur X fait la queue pour enregistrer ses bagages à l’aéroport de Genève-Cointrin. «Le représentant d’une banque genevoise interpellait les passagers en leur demandant s’ils voulaient devenir millionnaires en une semaine. Comment? En pariant sur la montée ou la baisse de l’euro, du franc ou du dollar grâce à leur plate-forme internet.»

Informaticien à Genève, Monsieur X a franchi le pas. Depuis quelques semaines, il «trade» des devises en ligne tous les jours. Il espère en faire son métier, «d’ici à dix ans». En attendant, il fréquente chaque soir le «Ministry of trading», un nouveau centre de formation en finance installé à deux pas du quartier des banques.

Assis dans un confortable fauteuil en cuir, devant pas moins de cinq écrans, il scrute les sursauts de l’euro ou du franc. La chance lui a d’abord souri. Il a rapidement empoché un gain de 1000 francs, après avoir ouvert un compte de seulement 1000 euros. Puis son compte a viré au rouge, «un peu». Ce soir de juin, il affiche une mine détendue, mais reste attentif, prêt à cliquer sur ces petites fenêtres qui passent du bleu au rouge selon que les devises s’apprécient ou reculent.

Bernard (prénom d’emprunt) est lui aussi devenu accro. Sa «vraie passion», c’est l’analyse technique, l’observation graphique des tendances de marché. C’est elle qui a conduit ce chauffeur des TPG (transports publics genevois) au trading* (lire ci-contre la définition dans Parlez-vous forex?) de devises il y a déjà un an et demi. «Auparavant, j’investissais sur les actions et les certificats. Mais j’ai abandonné, car le forex* présente beaucoup plus d’avantages. Il n’y a pas de frais de courtage, le marché est ouvert 24 heures sur 24, ce qui me permet de faire des transactions le soir. Et puis les changes, c’est de l’analyse technique pure», explique-t-il, les yeux pétillants de gourmandise. Avantage supplémentaire, le forex est le seul marché financier à ne pas être régulé. De ce fait, les gains ne sont pas imposés, contrairement aux dividendes sur actions.

Attablé à la terrasse ensoleillée d’un café carougeois, Bernard brandit son téléphone portable. Grâce à lui, il reste branché en permanence à sa plate-forme de trading. «Je surveille le marché dès que j’ai une occasion, y compris pendant mes pauses, mais jamais pendant la conduite!» Il est un adepte déclaré du «scalping», stratégie qui consiste à profiter de mouvements de très court terme.

Mais il est aussi très prudent: «Dès que je gagne une vingtaine de dollars, je sors. Il n’est pas question que je me fasse rincer! J’ai quatre gamins et une femme formidable, puisqu’elle me laisse le temps de développer ma passion.» Au total, il estime avoir gagné 1000 à 1500 francs depuis qu’il traite les devises, somme qu’il a décidé de consacrer à des «usages particuliers», comme le restaurant en famille. Il conserve aussi un cuisant souvenir de sa pire perte, 100 euros, une position malheureuse sur l’euro-yen. Adepte des forums internet, il aime y partager ses recettes de trading avec «le petit commun des mortels». Pour l’instant, le forex est un «hobby». Mais Bernard songe déjà à monter en puissance, en vue de la retraite.

ACM (pour Advanced Currency Markets), Realtimeforex ou Dukascopy, on ne compte plus les sites web, notamment suisses, qui prospèrent dans le courtage de devises pour particuliers. Ils ont su prendre de vitesse les grandes banques traditionnelles sur ce nouveau marché. Et la place financière genevoise se distingue par son dynamisme.

«Depuis trois ou quatre mois, on assiste presque à une «surdémocratisation» du forex», avertit Laurent Biousse, le fondateur de Ministry of trading. «C’est la nouvelle mode, explique cet ancien gérant de fonds de placement. Il suffit d’un dollar pour ouvrir un compte sur certaines plates-formes. D’autres offrent un levier* allant jusqu’à 400. Or au-dessus de 10 ou 20 de levier, ce n’est plus du trading mais du casino. 90% des investisseurs perdent d’ailleurs leur argent dans les six mois qui suivent l’ouverture de leur compte.»

Dans un sondage en ligne mené pour Le Temps, le courtier* Realtimeforex (qui tient une chronique dans nos colonnes chaque mardi) observe que 19% de ses clients suisses interrogés ont gagné plus de 50000 francs. Presque autant ont perdu de l’argent tandis que près d’un sur trois fait du surplace. Seuls 4% estiment que cette activité constitue un gouffre financier. Venus pour une bonne partie de la finance, mais aussi de l’informatique et même du bâtiment, la plupart ne passent pas une semaine, voire une journée sans intervenir sur le marché. Ces résultats, plutôt encourageants, doivent cependant être considérés avec prudence. «En général, tous ceux qui restent gagnent de l’argent. Ceux qui en ont perdu sont déjà partis», affirme Bernard.

Ancien courtier professionnel, Cortot (son pseudo sur Internet) se rappelle ses premiers pas sur le marché des changes. C’était au début des années 1970, lorsque les monnaies ont commencé à fluctuer les unes contre les autres. «Autant dire l’âge de pierre du trading de devises, sourit-il. Pour acheter de la livre, on envoyait un câble à Londres, puis on attendait un fax en retour. Le prix offert, en dollars, était valable jusqu’à ce qu’on réponde. Maintenant, avec Internet, tout peut changer en quelques secondes!» Dans les années 1980, aucun ordre ne passait si le cours «ne variait pas d’au moins un centime», contre un centième de centime aujourd’hui, poursuit-il.

Son plus beau coup? «Sur les accords du Plazza en 1985 (ndlr: les pays développés avaient décidé d’enrayer la hausse du dollar). Entre le vendredi et le lundi, je me suis mis 25000 dollars dans la poche», se souvient Cortot.

En trente ans, le forex est devenu de loin le marché financier le plus actif. La Banque des règlements internationaux, qui conduit tous les trois ans une enquête à ce sujet, a évalué le volume moyen de devises échangées à 1900 milliards de dollars chaque jour en 2004, près de neuf transactions sur dix impliquant le dollar. L’établissement bâlois ne remettra à jour ses données qu’en septembre, mais les professionnels estiment que le marché aurait progressé de 30% depuis, stimulé par la croissance des traditionnelles opérations commerciales et plus encore par l’essor des ordres de nature spéculative. Ces derniers représenteraient plus de 80% des transactions, selon Richard Olsen, un chercheur zurichois dont les travaux sur les marchés financiers, et des devises en particulier, font autorité.

Le volume des devises échangées atteindrait donc 2500 milliards de dollars au bas mot chaque jour, soit quinze fois plus que la valeur des actions ayant changé de mains à la bourse de Zurich sur l’ensemble du mois de mai. Richard Olsen considère que «le développement des plates-formes est une très bonne chose. Plus il y aura de transactions et d’intervenants avec des opinions diverses, plus ils contribueront à la stabilité du marché.»

Le forex ne connaît aucun emplacement physique. Il relie électroniquement toutes les banques et les courtiers de la planète et fonctionne 24 heures sur 24 et pratiquement 7 jours sur 7, explique Laurent Biousse à ses élèves. Une fois par mois, ce Français de 37 ans organise deux cours du soir sur le marché des changes. Locaux chics et high-tech, les murs du Ministry of trading sont tapissés d’écrans d’ordinateurs. Cet espace aux accents de cybercafé a ouvert fin 2006. Tout est fait pour stimuler l’apprenti trader. Café à volonté, et boules antistress à portée de main. Car le trading en ligne n’est pas de tout repos.

«Ici, on casse le rêve d’un enrichissement rapide. Il n’y a pas de miracle», prévient Laurent Biousse qui officie avec une chemise noire marquée du logo de sa boîte, le blason familial façon chevalier, auquel il a ajouté une couronne. Pas facile de se faire une place dans l’aristocratie de la finance, cette caste qui rassemble les traders richissimes. «Certaines personnes pensent devenir millionnaires avec 2000 euros de mise. Un très bon gérant dégage une performance de 20% par an. En imaginant faire aussi bien que lui, le gain total ne dépasserait pas 400 euros», assène-t-il.

«Les gens ont tendance à être trop ambitieux et avides, ajoute Richard Olsen. Je suis désolé de le dire, mais c’est stupide d’imaginer que l’on peut devenir riche en traitant le forex.» Pour ce spécialiste, la martingale ne se résume pas aux possibilités de levier offertes par les courtiers. «Ce serait même complètement fou, s’emporte-t-il. Avec un levier de 100, un mouvement de 1% suffit à vous faire perdre tout votre argent. Et 1%, ce n’est pas grand-chose. D’un jour à l’autre, le prix d’une devise évolue en moyenne de 0,4%. Le plus important est de s’en tenir à de petites positions, de ne pas «sauter dans le marché», mais d’avoir la patience d’attendre les mouvements extrêmes, ceux qui font vraiment gagner de l’argent. C’est comme pour un chasseur. Le cerf doit être vraiment très proche, pas question de tirer quand il est encore loin. Même George Soros a mis beaucoup de temps à devenir riche.» Laurent Biousse adresse la même mise en garde à ses élèves: «Si vous ne gagnez pas d’argent sans levier, vous n’en gagnerez pas avec du levier.»

Lloyd La Marca se veut, lui, rassurant: «La majorité des traders (ndlr: sur sa plate-forme) sont bénéficiaires.» Patron d’ACM, il rappelle que «la liquidation automatique limite les pertes». Autrement dit, si l’effet de levier se retourne contre l’investisseur, il ne peut perdre que ce qu’il a misé, et pas davantage. Sa plate-forme, fondée à Genève en 2002 avec deux amis, s’est fait un nom dans le milieu. Même le grand public la connaît: un tram de la ville porte ses couleurs, rouge et noir, et son emblème, un taureau (synonyme de marché haussier dans la mythologie financière). ACM compte plus de 15000 clients, pour la plupart à l’étranger, contre 6000 en 2005.

Les écrans continuent de clignoter devant les yeux de Frank et des autres apprentis traders.

Rouge ou vert, sur cette autre plate-forme. Acheter ou vendre? Quand et pour combien? La fièvre du marché vous gagne rien qu’en jouant sur les versions «démo» que proposent tous les sites. Mais passer du virtuel au concret est une tout autre affaire. «Il faut toujours agir selon une stratégie, avertit Laurent Biousse. Sinon, on fait n’importe quoi», et on perd tout. «C’est game over», résume un des élèves venu chercher fortune. Impossible d’enseigner en quelques heures toutes les subtilités de la finance. Il repartira sans avoir «la» recette pour gagner à chaque coup, mais sans doute plus conscient des difficultés qui l’attendent.

A commencer par l’ouverture de son compte. Pour ce faire, il lui faudra trier parmi une offre pléthorique de prestataires. «Un site se monte pratiquement tous les quatre jours», estime le patron de Ministry of trading. Tous ne proposent pas les mêmes services, ni les mêmes tarifs et encore moins les mêmes conditions de sécurité.

Le forum internet Forexbastards.com s’est fait une spécialité de dénoncer les «arnaques» qui ont accompagné la prolifération des plates-formes de forex. Des intervenants y ont relaté ces derniers mois les difficultés qu’ils avaient rencontrées sur Neuimex, basée à Zurich. La Commission fédérale des banques (CFB) a demandé la mise en faillite de cette dernière fin mars, et plusieurs centaines de clients tentent aujourd’hui de récupérer leur argent.

«Neuimex fait partie de ces sociétés de forex dont le modèle d’affaires fait diverger leur intérêt de ceux de leurs clients, explique Léonard Bôle, collaborateur au service juridique de la CFB. Plutôt que de couvrir les positions de ces derniers, Neuimex jouait contre eux. En fait, la société encaissait l’argent de ses clients, attendait qu’ils perdent et investissait ces sommes pour son propre compte. Ces activités sont contraires à la loi sur les banques et sur les bourses.»

Neuimex n’est pas un cas isolé. Dans son rapport de gestion 2006, l’autorité de surveillance constate que «s’agissant des négociants en devises, une intervention s’impose. La pratique a en effet révélé plusieurs abus dans ce domaine.» Pour protéger les utilisateurs, la CFB indique qu’elle envisage de réserver le courtage de devises aux seules banques, c’est-à-dire qu’à terme, pour exister, les plates-formes devront solliciter une licence bancaire.

Un autre point requiert la vigilance des novices, les frais. «Sous prétexte qu’ils ne payent pas de commissions, comme pour l’achat d’actions, les gens ne réalisent pas qu’ils rémunèrent leur plate-forme avec l’écart de prix entre l’achat et la vente des devises», explique Richard Olsen. «Par exemple, le spread* sur Oanda (ndlr: la plate-forme qu’il a créée il y a six ans sur la base de sa recherche) est de 0,01%, mais multiplié par la fréquence de trading, disons une dizaine de transactions par jour pendant 200 jours, ce coût peut facilement monter à 5 ou 10%!» démontre ce docteur de l’Université de Zurich.

Installée aux Etats-Unis, Oanda draine des clients du monde entier. Il suffit d’un dollar pour y ouvrir un compte, mais le levier ne peut y excéder 50. Oanda estime que 75% des clients qui ont ouvert un compte chez elle sont toujours actifs, une proportion qui serait exceptionnelle.

Très au fait de ces dangers, Laurent Biousse consacre un chapitre de sa formation au choix de la plate-forme. Il dispense ses cours sur celle d’ACM, qui rembourse la formation à l’ouverture d’un compte. Mais il encourage les traders en herbe à en essayer plusieurs. Et à vérifier leur sérieux. «Il faut se demander si la société existe vraiment, quel est son capital, où elle est basée, ou encore si un service d’assistance 24 heures sur 24 par chat ou téléphone existe», prévient-il. Pour lui, l’explosion du forex en ligne ressemble à celle «du porno et des casinos il y a quelques années. Il faut être prudent avant d’ouvrir son compte pour ne pas se faire dépouiller.»

Quinze jours après la première rencontre, Monsieur X  continue de s’accrocher à sa nouvelle marotte, et se rend chaque soir au Ministry of trading. Son compte est pratiquement repassé dans les chiffres noirs. «Je ne fais plus que du dollar – franc suisse. Je m’y sens plus à l’aise qu’avec la paire euro – dollar», explique-t-il. Mécontent de sa première plate-forme, «ils m’ont pris des pips*», Frank devrait passer chez ACM d’ici à un mois.

Bernard, recontacté trois semaines après sa première interview, n’a, lui, pas changé de plate-forme, Realtimeforex. En revanche, il croit avoir «découvert une méthode assez valable pour traiter les changes sur le long terme. Pour la tester, j’ai même pris un levier de 25, ce que je n’avais jamais fait auparavant. D’ailleurs j’ai peut-être été un peu trop loin. Il faut que je fasse attention, j’ai perdu 200 francs. Ça me servira de leçon pour l’avenir.» Et l’avenir pour Bernard est inscrit dans les chiffres clignotants de son écran d’ordinateur. Il rêve déjà du jour où lui et sa famille pourront vivre de sa seule passion

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