Art de la guerre monétaire et économique

La grande stagnation économique vue par Tyler Cowen

La grande stagnation économique vue par Tyler Cowen 

Depuis le milieu des années 1970, les classes moyennes ont vu un peu partout dans le monde occidental leur pouvoir d’achat progresser lentement ou stagner, le chômage devenir une menace constante et leurs perspectives d’avenir et celles de leurs enfants être de moins en moins prometteuses. Depuis les chocs pétroliers des années 1970, les économies occidentales ont vu ainsi se succéder les crises et les brèves périodes d’euphorie et de bulles spéculatives.

Tyler Cowen, professeur d’économie de la Manson University, chroniqueur du New York Times, considéré comme l’un des économistes les plus influents, avance une explication à cette grande stagnation dans son dernier livre au titre interminable, «The Great Stagnation: How America Ate All the Low-Hanging Fruit of Modern History, Got Sick, and Will (Eventually) Feel Better» (La grande stagnation: Comment l’Amérique a mangé tous les fruits à portée de main de l’histoire moderne, est tombée malade, et va [peut-être] se remettre).

La thèse principale de Tyler Cowen, expliquée par le site libéral américain Reason.com, est celle d’un recul de l’innovation et de la productivité depuis les années 1970. La productivité du travail n’a cessé de baisser dans des activités clés comme l’éducation, l’administration et la santé et a entraîné avec elle l’ensemble de l’économie. Les progrès dans l’industrie et les technologies n’ont pas été suffisants pour compenser. Illustration: le revenu moyen d’une famille américaine a doublé entre 1945 et 1973, a progressé ensuite de seulement 22% entre 1973 et 2004 et a même baissé depuis avec la crise économique.

Le Washington Post résume lui ainsi le livre de Tyler Cohen:

«Les économies avancées ralentissent car le rythme de l’innovation ralentit… Vous ne pouvez faire évoluer les gens de la ferme vers l’école qu’une seule fois après tout.»  

«La période allant de 1880 à 1940 a apporté de nombreuses innovations technologiques majeures dans nos vies. Cette longue liste comprend l’électricité, la lumière électrique, des moteurs puissants, l’automobile, l’avion, l’électroménager, le téléphone, la plomberie, la production de masse, le téléphone, la radio, la télévision…», écrit Tyler Cowen. En dehors d’internet, «la vie au sens matériel n’est pas si différente qu’elle était en 1953. Nous conduisons des voitures, utilisons des réfrigérateurs et allumons des éclairages électriques».

Les technologies de l’information et l’internet ont tout de même changé notre façon de vivre, de consommer et même de produire. Le problème pour Tyler Cowen est que l’internet ne crée pas des emplois en masse ou une activité économique à l’échelle par exemple de l’automobile ou du tourisme de masse. «On n’a pas besoin de beaucoup de monde pour programmer Facebook.» Tyler Cowen estime que l’internet est une forme différente d’innovation, au moins quant à son impact jusqu’à aujourd’hui sur le marché du travail. L’internet permet d’accéder à un plus grand savoir, d’avoir sans doute une vie socialement plus riche, plus de loisirs… mais pas de permettre une augmentation des salaires et du pouvoir d’achat.

source slate.fr mars11

EN LIEN SON BLOG MARGINAL REVOLUTION

EN LIEN :   http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2011/02/15/1768-commentaires-sur-the-great-stagnation-de-tyler-cowen

 

1 réponse »

  1. Le PIB n’est pas une bonne mesure pour évaluer la richesse, bien sûr. Si nos économies modernes s’essoufflent c’est aussi parce que les services génèrent des gains de productivité très modestes. Enfin, cette stagnation n’a rien à voir (de près ou de loin) avec la crise financière que nous vivons. De toute façon, Cowen admet lui-même ne pas comprendre comment la crise 2008 s’est manifestée.

    Vu sur econoclaste :
    “Les gens n’ont jamais bénéficié d’une telle profusion de sources d’information gratuites, n’ont jamais écouté autant de musique, mais les producteurs musicaux et la presse subissent une crise sans précédent.”

    D’après Boldrin et Levine, le monopole intellectuel ne sauverait pas l’industrie de la musique. Le brevet n’augmente pas l’innovation. Sur l’industrie de la musique, voir notamment le chapitre 5 du bouquin ci-dessous.
    http://www.dklevine.com/papers/imbookfinalall.pdf

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