Douce France

Douce France : Le Prince Thaumaturge et le prix du gaz par Philippe Chalmin

Le Prince Thaumaturge et le prix du gaz par Philippe Chalmin

Longtemps les rois de France furent « thaumaturges » et, par le toucher des écrouelles, ils pouvaient contribuer à la guérison des malades par la célèbre formule « Le roi te touche, Dieu te guérit« . Cette coutume disparut sous la Restauration, mais elle a apparemment laissé quelques traces au sein de l’actuel gouvernement qui, par sa seule volonté, prétend s’imposer aux éléments déchaînés des marchés de l’énergie.

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Poussé par l’opinion publique malade des hausses de prix, le « prince » touche les écrouelles des budgets des ménages et leur garantit un horizon politique différent de celui des marchés mondiaux : ainsi en est-il de cet engagement absurde et « ridicule » (au sens philosophique du « mélange des genres ») selon lequel il n’y aura « pas de hausse du prix du gaz avant la présidentielle ».

Et que dire du prix de l’électricité qu’il ne faudrait pas toucher en plein débat sur le nucléaire ? Enfin, faut-il vraiment se pencher sur le sort des automobilistes par quelques nouveaux cadeaux fiscaux ?

Rappelons quelques vérités fondamentales.

LA FRANCE IMPORTE TOUT SON PÉTROLE ET SON GAZ NATUREL

La France importe tout son pétrole et tout son gaz naturel. En un lieu largement dématérialisé appelé « marché », cette énergie fait l’objet d’échanges sur la base de l’offre et de la demande. Le produit de référence est le pétrole, et le prix du gaz est indexé sur celui de l’or noir, même si un marché international du gaz se développe, notamment pour le gaz naturel liquéfié.

source Bespoke

La fonction du marché est d’anticiper et le résultat de cette anticipation – le prix – est un signal pour les tous les acteurs, du producteur au consommateur, sur ce que sera dans les mois et années à venir le rapport entre l’offre et la demande.

Depuis l’automne 2010, le prix du pétrole a augmenté d’au moins 40 dollars le baril. Cette hausse est liée aux tensions géopolitiques et au printemps arabe qui, de la Libye au Yémen, affecte les pays producteurs et fait peser sur la région une menace de contagion dont on perçoit mal les limites.

Mais les premières semaines de hausse, avant les événements tunisiens, actaient une augmentation de la consommation globale – une croissance du produit intérieur brut mondial de 5 % ne peut être neutre – et la montée en puissance des besoins chinois.

Depuis la catastrophe de Fukushima (Japon) s’y ajoutent les interrogations sur l’avenir du nucléaire et sur son remplacement éventuel dans les « vieilles » économies (Allemagne) et dans les pays émergents.

Tous ces facteurs expliquent la hausse du prix de l’énergie, que l’on aurait dès lors presque tendance à trouver « raisonnable ». Il faut ajouter à ces considérations le rôle des monnaies. L’euro est moins fort qu’au printemps 2008 mais il pourrait bientôt se renforcer, ce qui ne serait pas une bonne nouvelle du point de vue macroéconomique.

Le message du marché est donc que les énergies fossiles demeurent rares, coûteuses à extraire et proviennent de régions dangereuses et instables. Et comme en plus elles polluent, il faut donc payer le prix de la rareté et de la saleté. Voilà ce qu’il faut dire aux Français plutôt que de leur faire croire que les princes peuvent faire des miracles économiques.

Philippe Chalmin, université Paris-Dauphine/le monde avril11

1 réponse »

  1. Et les princes qui nous gouvernent avec une belle unanimité toute électorale vont interdire la recherche et l’exploitation du gaz et de l’huile de schiste dont la géologie semblait nous promettre un avenir plus clément…
    Sûr qu’avec de l’électricité solaire ou éolien les prix vont baisser..
    il est vrai que lorsque l’on voit Morano confondre Renault avec le chanteur ou que l’on fait d’un Estrosi un ministre de l’industrie , on se dit que ce qui nous arrive est mérité mais que l’avenir est encore pire

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