Revel nous manque par Nicolas Lecaussin
Jean-François Revel est mort il y a cinq ans. Plus que jamais, ses articles et ses livres nous manquent. Sa façon de défendre le libéralisme était unique. La preuve. Un grand malentendu concernant le libéralisme repose sur la croyance que celui-ci serait, comme le socialisme, une idéologie (c’est un piège dans lequel tombent aussi de nombreux défenseurs du libéralisme). Rien de plus faux, soutient Revel, car le libéralisme n’a jamais eu l’ambition d’édifier la société parfaite (Hayek disait que l’une des qualités d’un libéral est celle de reconnaître le premier lorsqu’il se trompe). Il (le libéralisme) repose, depuis ses origines, sur l’idée de ” benchmarking “, en comparant les sociétés et en essayant de savoir pourquoi certaines marchent mieux que d’autres. Ses éléments de comparaison sont les chiffres et les statistiques et non pas les discours et les promesses, ses repères ne sont pas tirés de la fiction mais de la réalité, sa réussite dépend de l’individu et non pas d’une quelconque entité bureaucratique. Comme le capitalisme et contrairement au socialisme et au communisme, le libéralisme a la capacité de se réformer et de corriger ses défauts. Ce n’est pas un égarement, ni une utopie, et il n’a pas la prétention de fournir des recettes miracle. Il ne s’appuie que sur l’expérience. C’est peut-être la raison pour laquelle ses adversaires écartent tout dialogue (le plus souvent, il s’agit d’un monologue) sur le terrain des faits et des résultats et préfèrent le situer dans les hautes sphères de l’idéologie. Car on n’évalue jamais une idéologie. Accuser le libéralisme de tous les maux revient aussi à dire que le communisme n’était pas si mauvais que ça, que les gens se portaient plutôt bien sous ce régime et qu’ils avaient l’assurance d’un travail et d’un revenu.
PLUS DE LIBERALISME EN SUIVANT :
« Le libéralisme n’a jamais été une idéologie, j’entends n’est pas une théorie se fondant sur des concepts antérieurs à toute expérience, ni un dogme invariable et indépendant du cours des choses ou des résultats de l’action. Ce n’est qu’un ensemble d’observations, portant sur des faits qui se sont déjà produits. Les idées générales qui en découlent constituent non pas une doctrine globale et définitive, aspirant à devenir le moule de la totalité du réel, mais une série d’hypothèses interprétatives concernant des événements qui se sont effectivement déroulés. Adam Smith, en entreprenant d’écrire La Richesse des nations constate que certains pays sont plus riches que d’autres. Il s’efforce de repérer, dans leur économie, les traits et les méthodes qui peuvent expliquer cet enrichissement supérieur, pour tenter d’en extraire des indications recommandables. L’économie de marché, fondée sur la liberté d’entreprendre et le capitalisme démocratique, un capitalisme privé, dissocié du pouvoir politique mais associé à l’état de droit, cette économie-là seule peut se réclamer du libéralisme. Et c’est celle qui est en train de se mettre en place dans le monde, souvent à l’insu même des hommes qui la consolident et l’élargissent chaque jour. Ce n’est pas que ce soit la meilleure ni la pire. C’est qu’il n’y en a pas d’autre – sinon dans l’imagination. » (La Grande parade)
Jean-François Revel était celui qui voyait ce que les autres ne voyaient pas. L’académicien radiographiait l’actualité avec la minutie d’un grand médecin à la recherche du moindre signe de dysfonctionnement, à l’aide d’une plume alerte et talentueuse, d’un flair prodigieux de la réalité et d’une capacité d’analyse singulière. Grâce à une grande capacité de vulgarisation et s’appuyant sur des faits, il fut l’un des plus efficaces défenseurs du libéralisme.
http://www.irefeurope.org/content/revel-nous-manque
L’antilibéralisme, une victoire des médias et des politiques
Le Front national de Marine Le Pen a changé, en grande partie, de discours. Ses cibles privilégiées sont le libéralisme, pardon, l’ultralibéralisme, la mondialisation et les patrons. Le Front veut récupérer encore plus de voix auprès des partis de gauche et il semble réussir comme le montrent ses derniers scores ainsi que l’hémorragie dans les rangs des mouvements d’extrême gauche. Ce discours n’aurait jamais du avoir un impact aussi important auprès des électeurs. S’il a réussi, c’est aussi parce que la plupart des médias et des politiques de tous bords soutiennent ces idées. La crise de 2008 a fait renaître la haine contre le libéralisme considéré comme étant le coupable. La mondialisation a toujours été vue comme la cause des fermetures d’usines et du déclassement social. Le libéralisme est le bouc émissaire parfait car l’accuser c’est tellement facile et ne demande pas de réfléchir. De nombreux journalistes et politiques s’en prennent à lui régulièrement. Le comble, ce sont les mêmes qui demandent la création du « front républicain » contre le Front national.
Articles rédigé par Nicolas Lecaussin le 03 May 2011
SOURCE ET REMERCIEMENTS LE BLOG DE NICOLAS LECAUSSIN
EN COMPLEMENT : Le libéralisme est-il soluble dans l’alcool et autres fariboles PAR Charles Gave
Je le confesse, et sans aucune honte, je suis libéral autant qu’on peut l’être.
En bon libéral, j’accepte toujours la discussion avec ceux qui ne partagent pas mes points de vue, en vertu du principe exprimé par le plus grand Président que les Etats-Unis aient connu qui disait aux partisans de l’esclavagisme : « Je déteste tout ce que vous dites, mais je détesterai encore plus un pays ou vous ne pourriez pas le dire »
Ce qui m’amène à mon sujet, c’est-à-dire au moment ou je n’ai plus envie de discuter avec celui qui est en face de moi non pas parce qu’il serait incompétent, ce qui peut se corriger, mais parce qu’il est de mauvaise foi, ce qui est insupportable.
Je me surprends à dire, « monsieur brisons en là, vous êtes un âne » quand on m’oppose les arguments suivants
« Le libéralisme est d’origine Anglo-Saxonne et en y adhérant vous trahissez le génie Français, exprimé par exemple dans les Lumières »
Voila deux grosses bêtises en une seule phrase. D’abord une bonne moitié des grands théoriciens du libéralisme dans l’histoire ont été Français (citons au passage Montesquieu, Benjamin Constant, Say, Tocqueville, Bastiat, Rueff, Raymond Aron, JF Revel, qui tous se sont attachés à expliquer la relation qui unissait le marché à la démocratie) tandis qu’une bonne partie du reste ont été Autrichiens (Von Mises, Hayek, voir mon héros, Schumpeter), les anglo-saxons constituant une illustre cohorte, mais sans doute moins fournie en nombre (mon préféré étant Milton Friedman tant il avait comme Bastiat le génie de la vulgarisation). Ces esprits faibles confondent la réflexion théorique avec l’application dans la réalité. Le fait que les élites gouvernantes françaises n’aient jamais voulu appliquer le libéralisme dans la pratique si l’on excepte de courtes périodes au XIX et un peu au début de la V République alors que les Etats-Unis et l’Angleterre s’en inspiraient massivement porte simplement condamnation de la nullité de nos élites qui ont amené en deux siècles et demi notre pays de la première puissance mondiale à un « Lander » allemand et du plus grand créateur culturel à un pays rempli de musées et mort à la Culture. Quant aux Lumières, le Libéralisme représente, et représente SEUL la pensée des lumières appliquée à la création de richesse et à la seule justice sociale qui compte, c’est-à-dire comment arriver au plein emploi. Le fait que le mot « Lumières » ait été capturé au XIX par des gens qui soutenaient et soutiennent encore le socialisme et son cortège d’assassinats , de génocides, de ruines financières et économiques relève de la captation d’héritage. Le Libéralisme a comme clé de voute la Liberté, comme son nom l’indique, tandis que pour le socialisme, c’est le goulag
« Le libéralisme est d’extrême droite » . Quelle imbécillité foudroyante ! Au XIX eme siècle, trois personnes débattaient dans la sphère politique. Le conservateur, qui pense que pour régler les problèmes, il faut en chercher les solutions dans le passé et empêcher tout mouvement (Metternich). Le socialiste, qui a un plan dans sa tète sur la façon dont les choses devraient marcher et qui veut conquérir l’Etat pour l’imposer par la force (Lénine en version dure ou Mitterrand en version molle). Le libéral enfin qui pense que les progrès se font par petits sauts minuscules, améliorant le sort de tout un chacun et que pour cela la Liberté est nécessaire et que l’Etat dans le monde moderne est le principal ennemi des Libertés comme l’avait fort bien compris Jouvenel par exemple. Les socialistes qui dominent le discours actuel nous servent le sophisme suivant sans cesse : vous êtes contre l’augmentation du poids de l’Etat dans l’économie, donc vous êtes en faveur des riches, donc vous êtes contre les pauvres. A cela une seule réponse : pendant les années Mitterrand, les dépenses sociales ont augmenté plus vite en GB avec madame Thatcher qu’en France, parce que là- bas, on avait favorisé les entrepreneurs a la place de les faire fuir. Du coup, les Anglais bénéficiaient du plein emploi et les pauvres étaient plus riches chez eux que chez nous et surtout , ils retrouvaient leur dignité en trouvant un travail…
Le Libéralisme serait la loi du plus fort appliqué à l’économie. Le libéralisme, c’est le règne de la LOI et non pas des hommes ou du social clientélisme. Prenons un exemple. Le secteur financier (dans lequel je travaille) a capturé le système politique, ce que l’on a fort bien vu dans la dernière grave crise économique (voir pour plus de détails « Libéral mais non coupable) et tout cela a été légalement autorisé par des hommes politiques qui avaient été achetés. Les banquiers et financiers n’ont pas gagné d’argent en mettant leur capital en risque (la base du libéralisme) mais en achetant la complicité des gens au pouvoir, ce qui n’a rien à voir avec le Libéralisme et tout avec le social clientélisme, cette horrible maladie de la Démocratie. Par exemple, permettre la fusion des banques d’affaires et des banques de dépôts comme l’a fait l’administration Clinton aux USA a été un véritable crime dont nous payons encore le cout. Dans un pays libéral, de plus, l’Etat ne serait pas intervenu pour manipuler le cout des prêts hypothécaires à la baisse pour acheter les voix des électeurs avec l’argent d’autres électeurs et nous n’aurions jamais eu de crise immobilière.
Je ne doute pas que les lecteurs vont réagir à cette petite philippique et ce serait bien normal et bien sur, je serai ravi de leur répondre.
Cependant, s’ils veulent m’entreprendre sur l’un de ces 3 points, ils doivent savoir que je risque de m’énerver
Le plus simple s’ils veulent évitera de se faire engueuler, serait sans doute qu’ils lisent d’abord « Un libéral nomme Jésus, » ; « Liberal mais non coupable » et enfin « l’Etat est mort vive l’état »
Et en plus, ca fera plaisir à un homme charmant, mon éditeur…
Charles GAVE Publié le 13 mai 2011 par faillitedeletat
SOURCE ET REMERCIEMENTS LE BLOG DE CHARLES GAVE