Art de la guerre monétaire et économique

Les sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis et au Canada soulèvent des suspicions

 Les sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis soulèvent des suspicions

Des sociétés d’analyse dénoncent la falsification des comptes

source Wall Street Journal

«Inexact, fallacieux et diffamatoire». La direction de Sino-Forest, dont l’action s’est effondrée de plus de 70% en deux séances la semaine dernière à Toronto, clame son innocence. Contrairement à ce qu’avance la société d’analyse Muddy Waters Research, le groupe forestier chinois n’a pas falsifié ses comptes de résultats, assure-t-il.

PLUS/MOINS DE FALSIFICATION EN SUIVANT :

 Son siège dénonce l’intérêt qu’a Muddy Waters à communiquer ce type d’informations notamment aux hedge funds, «compte tenu de sa position à découvert qui lui permet de réaliser des gains substantiels grâce à la chute de cours qu’elle a précipitée».

 Cette bataille de communication entre Sino-Forest, dont le milliardaire John Paulson détenait 14,9% du capital à la fin avril, et Muddy Waters, société de l’analyste Carson Block, passionne les milieux financiers nord-américains.

 Pratiques comparéesà la pyramide de Ponzi

 Block n’en est pas à son premier «coup». Avant de dénoncer les pratiques de Sino-Forest – qu’il n’a pas hésité à comparer à la pyramide de Ponzi érigée par Bernard Madoff – le directeur de la recherche de Muddy Waters s’en était pris à deux sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis: China MediaExpress et Rino International.

 Après avoir bondi de 45% en 2009, de 49% en 2010 et s’être effondrée en 2011, l’action de China MediaExpress, spécialiste des panneaux publicitaires, a été suspendue sur le Nasdaq en mars. Sa cotation n’a pas repris depuis. Le fabricant de systèmes de contrôle de pollution, Rino International, a pour sa part été définitivement retiré du Nasdaq et fait l’objet de poursuites.

 Alors que les sociétés chinoises ont contribué à un quart des introductions en bourse aux Etats-Unis en 2010, ces cas ne sont pas isolés. Au cours des derniers mois, une quinzaine de sociétés privées ont défrayé la chronique (China Electric, Longtop, Duoyan…) en révélant de potentielles fraudes comptables.

 Le scénario est généralement le même: après qu’un opérateur de marché tel Carson Block émet de sérieux doutes sur les comptes d’une société cotée en Amérique du Nord, son cours s’effondre en bourse puis son auditeur s’en distancie. Le mois dernier, le responsable des cotations du Nasdaq, Bob McCooey, a défendu les grandes places boursières américaines, déclarant que le gendarme des marchés financiers, la SEC, «érigeait des normes (de cotation), que les bourses en fixaient aussi, et qu’il s’agissait des plus rigoureuses au monde». Mais la SEC et un nombre croissant d’investisseurs déplorent que Pékin n’ait pas autorisé l’autorité comptable américaine (PCAOB) à obtenir des informations de la part des cabinets d’audit basés en Chine. Le président du PCAOB, James Doty, a confié à l’agence Reuters qu’il espérait qu’un accord sino-américain soit conclu avant la fin 2011. 

Mise en garde de la SEC

 De son côté, la SEC a mis en garde jeudi au sujet des risques associés aux «fusions inversées», qui permettent à des sociétés chinoises d’avoir accès aux marchés boursiers américains en rachetant une entreprise cotée aux Etats-Unis(NDLR Un mécanisme qui aide les entreprises à éviter les divulgations détaillées requises dans les introductions en bourse). Selon le PCAOB, entre janvier 2007 et fin mars 2010, 159 sociétés chinoises ont intégré la cote américaine via une «reverse merger». Leur capitalisation s’élevait à 12,8 milliards de dollars à la fin de cette période, contre 27,2 milliards de dollars pour les 56 sociétés chinoises qui ont réalisé dans le même temps de «véritables» introductions en bourse aux Etats-Unis.

Par Eric Chalmet La Tribune juin11

 EN COMPLEMENT :  La société Sino-Forest (T.TRE), propriétaire de terrains forestiers en Chine, dont les actions ont chuté après avoir qu’elle ait été accusée d’avoir exagéré l’importance de ses actifs et de ses ventes, est confrontée à d’autres ennuis judiciaires.

 Deux cabinets d’avocats en Ontario et un autre au Québec ont fait savoir qu’ils intenteraient un recours collectif contre la compagnie, certains de ses dirigeants et administrateurs, de même que la firme de vérification comptable Ernst & Young et l’entreprise d’experts-conseils Pöyry (Beijing) Consulting Company Limited. 

La compagnie est accusée de «diverses représentations qualifiées fausses ou trompeuses» en lien avec les actifs et revenus de Sino-Forest. La conformité des actes de la compagnie aux lois chinoises et aux principes comptables reconnus au Canada seront également remis en question, ont indiqué les cabinets.

 Les cabinets ontariens Siskinds LLP et Koskie Minsky LLP ont mentionné qu’ils prévoyaient entreprendre les démarches vendredi, en Ontario. Le cabinet de Québec Siskinds Desmeules a pour sa part déposé sa requête de recours collectif au greffe de la Cour supérieure de Québec vendredi.

Ces démarches font suite à un autre processus judiciaire semblable lancé mercredi par le cabinet torontois Rochon Genova LLP. Le cabinet avait intenté un recours collectif contre Sino-Forest au nom des actionnaires, alléguant des violations des lois sur la sécurité par la société, certains de ses dirigeants, administrateurs, ses vérificateurs et placeurs.

 La Commission des valeurs mobilières de l’Ontario a par ailleurs entrepris de faire une enquête sur la compagnie sur des «questions relatives» à Sino-Forest. 

Les actions de la société ont perdu près des trois quarts de leur valeur depuis la publication des allégations de la firme Muddy Waters Research, qui fait de la vente à découvert.Muddy Waters a mis en doute la valeur des propriétés forestières en Chine de la société et le montant de ses ventes dans un rapport publié la semaine dernière. Sino-Forest a indiqué qu’elle entendait demander à la CVMO d’examiner les transactions boursières faites par Muddy Waters et d’autres avant la publication des allégations. 

Entre-temps, Sino-Forest a constitué un comité indépendant chargé de faire la lumière sur les allégations. L’entreprise a cependant dit avoir confiance que sa réputation puisse être lavée. Le comité a fait appel aux services du cabinet comptable PwC afin qu’il l’épaule dans le cadre de son enquête. 

Sino-Forest doit par ailleurs divulguer ses résultats financiers mardi prochain. Elle prévoit fournir des détails sur sa situation et répondre aux questions des analystes à cette occasion.

 source afp juin11

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