Indicateur de Marché / Sondage BofA-MERRILL LYNCH : Juin 11
BOFA MERRILL LYNCH. Les gérants de fonds sont pessimistes Mais pas suffisamment pour appeler au QE3.
Les investisseurs ont diminué leur exposition au risque ce mois-ci, réduisant leurs positions sur les actions et les matières premières tout en surpondérant le cash et les obligations, selon l’édition de juin de l’enquête BofA Merrill Lynch (BofAML) publiée . Le sondage a été réalisé entre le 3 et le 9 juin auprès d’un panel de 282 gérants de fonds qui déclarent 828 milliards d’actifs sous gestion.
PLUS DE ZINZINS EN SUIVANT :
Les responsables de l’allocation d’actifs ont ajusté leur portefeuille suite à la chute des marchés mondiaux, constate l’étude. Seuls 27% des gérants surpondèrent encore les actions contre 41% en mai, les Européens menant le mouvement. Dans le même temps, la proportion d’actions de la zone euro sous-pondérées a bondi de 1 à 15% d’un mois sur l’autre. La proportion des matières premières surpondérées, elle, a chuté de 12 à 6%.
18% des gérants surpondèrent désormais le cash, un niveau jamais atteint depuis juin 2010, ce qui représente une hausse marquée depuis les 6% observés le mois dernier. Les positions en cash s’équilibrent autour des 4,2 des portefeuilles, contre 3,9% en mai. La proportion d’investisseurs intégrant des risques inférieurs à la moyenne dans leur panier s’inscrit en nette hausse, passant de 15 à 26%.
Quant aux obligations, délaissées ces deux dernières années, elles connaissent un regain d’intérêt depuis deux mois. Seuls 35% des responsables de l’allocation d’actifs sous-pondèrent désormais les obligations, alors qu’ils étaient 58% en avril et 44% en mai.
Ces ajustements, souligne l’étude, renvoient aux vives inquiétudes concernant la résorption de la dette souveraine européenne, que les investisseurs identifient comme le plus important des risques extrêmes (à savoir l’exposition à l’événement improbable qui, s’il survenait, conduirait à la perte quasi totale du portefeuille).
Les gérants ont donc abaissé leurs attentes d’une forte croissance des marges, mais le sentiment général concernant l’économie mondiale s’est stabilisé. Si l’optimisme est en berne, les investisseurs ne sont pas pessimistes au point de réclamer un troisième programme d’assouplissement monétaire (QE3), insiste BofAML. Près des deux tiers des gérants disent ne pas attendre un QE3.
La proportion des gérants prévoyant un renforcement de l’économie mondiale au cours des douze prochains mois est ainsi tombée à 10% en net, contre 27% en avril et même 58% en février dernier. Parallèlement, seulement 9% en net du panel prévoient une amélioration des bénéfices des entreprises dans l’année à venir.
Le moindre optimisme des investisseurs est particulièrement manifeste en Europe où 8% du panel s’attend à un ralentissement de l’économie au cours des douze prochains mois. Il y a seulement deux mois, 32% des participants prévoyaient au contraire un renforcement de l’économie. Les allocataires s’inquiètent notamment des risques liés à la crise de la dette souveraine dans la zone euro.
Dans ce contexte plus difficile dans lequel les risques d’inflation s’estompent, 73% des participants au sondage ne prévoient pas de relèvement des taux aux Etats-Unis avant 2012, alors qu’en avril, 69% d’entre eux envisageaient une hausse des taux de la Réserve fédérale d’ici à la fin de l’année.
«Les investisseurs diminuent leur exposition au risque, mais plutôt que de capituler, ils se contentent de prendre des positions neutres sur les actions, les obligations et le cash», commente Gary Baker, stratège chez BofAML. «On n’observe pas encore de mouvement d’abandon des actifs à risque en dépit de niveaux de cash plus élevés et d’une rotation défensive, ajoute Michael Hartnett, chef stratégiste pour les actions mondiales chez BofAML. Les inquiétudes sur la croissance mondiale devront continuer d’augmenter avant qu’on puisse quantifier les espoirs d’un QE3.»
L’allocation sectorielle reflète cette aversion générale pour le risque. Les investisseurs ont réduit leurs positions sur les titres cycliques comme les industriels, les biens de consommation discrétionnaire et les matériaux. La diminution la plus marquée des allocations ce mois-ci s’observe dans le secteur des assurances, suite à la séquence de catastrophes naturelles comprenant les tremblements de terre, les ouragans et les tornades. Désormais une préférence pour les secteurs défensifs (pharmacie) et moins de présence dans les secteurs de croissance plus volatils (énergie).
Le sondage montre aussi que les allocations dans les actions des pays émergents continuent d’augmenter alors même que les perspectives de croissance sont moins bonnes et que la confiance des investisseurs s’effrite. Par exemple, 28% des gérants des marchés émergents prévoient en mai un ralentissement de l’économie chinoise dans les douze prochains mois, contre 15% en mars. Il n’empêche, 29% du panel est désormais surpondéré sur les marchés émergents, contre une position nulle deux mois plus tôt.
Du côté des devises, 64% des participants au sondage, qui anticipent dans leur grande majorité une amélioration de l’économie japonaise dans l’année à venir, estiment pourtant que le yen est surévalué, à peu près autant que les mois précédents. En outre, 60% considèrent l’euro comme surévalué contre 40% un mois plus tôt. En revanche, 48% des participants indiquent que le dollar est sous-évalué contre 36% en avril.
Source agefi/agences juin11