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L’Edito du Dimanche 9 Octobre : Halloween, fausses peurs et vraies raisons d’être inquiet par Bruno Bertez

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L’Edito du Dimanche 9 Octobre :  Halloween, fausses peurs et vraies raisons d’être inquiet par Bruno Bertez 

Le présent commentaire, comme la plupart de nos interventions, ne se comprend bien que si l’on a présent à  l’esprit les développements qui ont précédé. Nous nous en excusons, mais c’est la conséquence obligée de la recherche de la cohérence dans l’analyse et de l’objectif que nous nous fixons de continuité.

     D’abord, un mot sur le mouvement « Occupy Wall Street ». Notre idée de base est que ce mouvement risque de n’aboutir à rien d’autre qu’à des mystifications. Nous avons expliqué pourquoi mais cela ne veut pas dire que ce mouvement n’est pas respectable, surtout au niveau de ses participants de base.
 
Nous qui ne cessons de stigmatiser la dérive financière du capitalisme, tout en étant très en faveur du capitalisme, ne pouvons que nous réjouir de voir une partie de la population se dresser contre ce système devenu pervers et sa conséquence, la prééminence d’une classe kleptocratique.  
 
 Nous avons pleinement conscience du fait que le système mis en place dans le monde à la faveur: 1) de la fermeture de la vitrine de l’or en 1971, 2) de la dérégulation financière,  3) du système Bretton Woods II  fondé sur le recyclage des déficits globaux au profit des Américains, nous avons pleinement conscience disons nous de sa dérive perverse.

 Ce système a creusé les inégalités, provoqué un excès de capital fictif et non productif et, on le voit, fragilisé l’édifice bancaire et financier.

Si le mot d’ordre des  « Occupy Wall Street » devait rester,  nous sommes les 99% qui refusons un système dominé par les 1%, il faudrait les soutenir. On pourrait y placer un peu d’espoir.

Mais dès que l’on voit des gens comme Michael Moore, Soros, Warren Buffett et même Obama exprimer quelque soutien, alors là, il convient de se méfier.

 PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

 Michael Moore est un guignol intéressé par sa propre gloire, privilégié qui cherche la publicité par l’anti-capitalisme primaire qu’il ne faut pas confondre avec l’anti-capitalisme spontané.

Soros, Warren Buffett ont choisi la voie de la charité, bonne conscience qui leur permet de continuer à s’enrichir, ils critiquent voire dénoncent le système pour mieux en profiter.

C’est la grande école du socialisme fabien, ce socialisme élaboré à l’usage des riches qui permet le développement des sociétés à deux vitesses avec le fameux 1% très riche et les 99% nivelés par le bas. Le socialisme fabien de ces deux héros est celui qui justifie la devise des sociales démocraties  « faisons en sorte que les classes moyennes ne deviennent jamais supérieures »

 

Quant à Obama, c’est presque une victime d’un monde auquel il a voulu participer mais qu’il n’a pas compris, ce qui l’a conduit à être otage, « captured » de la kleptocratie et à travailler pour elle, faute d’analyse personnelle forte et structurée.

Occupy Wall Street va se faire piéger, ils se sont fait piéger sur le pont de Brooklyn, mais ce n’est rien à côte de celui qui les attend. Le piège du pont de Brooklyn était matériel, celui qui les attend stratégique. Les think tanks américains au service de la kleptocratie n’ont pas leur pareil pour ridiculiser, favoriser les amalgames douteux, désamorcer, diviser etc. les mouvements qui les dérangent. Ils en ont vu d’autres que ce soit avec l’opposant soviétique, l’opposant islamiste, l’opposant européen, etc.

Les leaders de OWS qui croient refaire le coup de Ghandi et suivre le même processus pour aboutir à la victoire sont respectables mais naïfs. Ils oublient que l’histoire est déjà passe par là une fois.

En se faisant piéger, le mouvement va désamorcer le courant de contestation sain et fondamental de mise en accusation de la financiarisation comme mise en ordre du monde.

 Ce n’est pas un hasard si l’un des meilleurs critiques de la dérive financière, Ron Paul, tout en étant plutôt positif sur le mouvement, tient une prudente distance.

L’impasse dans laquelle on conduira le mouvement risque de nuire à la véritable critique, à celle qui pourrait être efficace du système et mise en forme politiquement.

On connait le rôle majeur de la provocation dans le contrôle et l’endiguement des mouvements de rue, mais on ignore que cela joue aussi au niveau des idées et pas seulement sur le terrain.

Provocation, récupération sociale démocrate via le couple taxation/redistribution vont se mettre au travail pour tirer partie de la situation et finalement consolider ce qui est contesté!

Dans un autre ordre d’idée, nous voudrions revenir sur la grande nouvelle de la semaine dernière. Les Européens s’orienteraient vers une recapitalisation coordonnée de leur système bancaire.

Quelques remarques.

Nous vous conseillons de relire notre éditorial du 1er Décembre 2010 intitulé « à propos des vessies et des lanternes ». Le titre à y regarder de plus près n’est pas très original car tout ce que nous voyons depuis 2007, début réel de la crise, pourrait être épinglé sous ce titre car tout se passe comme si à tout prix on voulait vous faire prendre ces fameuses vessies pour des lanternes. Comme si c’était le mode de gestion de la crise.

Nous vous conseillons aussi de relire le texte « le roi était nu, le dollar roi se rhabille ».

Venons au fait.

L’Europe a trois constantes dans sa gestion de la crise.

Vous vous souvenez des cris d’orfraies, les cris sont toujours d’orfraies n’est-ce pas, poussés lorsque Christine Lagarde dans ses fonctions strausskahniennes s’est exprimée dans le sens de la recapitalisation des banques. Comme un seul bloc, les dirigeants européens et dirigeants bancaires ont crié au scandale: il n’y a pas de problème de fonds propres des banques. Mais nous avions compris que Lagarde faisait son travail de poisson pilote et qu’en réalité, malgré les verneinung, on s’acheminait vers une telle recapitalisation.

Nous étions, nous sommes, dans le cadre d’un dispositif, d’un processus de préparation à la recapitalisation.

Dans cet esprit, il est évident que le chiffre de 200 milliards, annoncé lui aussi, s’inscrit dans le cadre du processus. Un chiffre, c’est une base de discussion en plus ou en moins.

source Financial Times

Le principe de la recapitalisation étant acquis, la recapitalisation étant absolument nécessaire, le pseudo débat doit porter sur les modalités. Le chiffrage, la coordination européenne, l’origine des fonds etc.

Nous soutenons l’idée que tout chiffre produit par la démarche actuelle sera insuffisant. Insuffisant parce que la démarche ne s’attaque pas aux causes des problèmes, parce qu’elle les laisse intacts et qu’ils vont, après une pause, aller s’aggravant. L’enchainement actuel produit de l’insuffisance de fonds propres à un rythme supérieur à toute recapitalisation. Pourquoi? Parce que sur la voie suivie, les besoins de fonds propres sont incommensurables, infinis, non mesurables.

On bouche un trou, mais on laisse en place l’origine, la cause du phénomène de décapitalisation des banques.

Les études confidentielles qui circulent depuis quelques jours sur les besoins des banques et les simulations qui en découlent sont des attrape nigauds. Personne ne peut chiffrer ces besoins sauf, sauf à considérer que le problème que l’on veut traiter est … résolu d’avance.

source Financial Times

Pourquoi?

Parce que les besoins ne peuvent être chiffrés en statique, c’est une dynamique qui est à l’œuvre. Le bail out irlandais n’a rien résolu, le premier bail out grec a été gaspillé, le second est mort avant d’être né, les stress-tests sont de plus en plus une pitrerie etc. Avez-vous remarqué qu’il y a trois mois Dexia a été déclarée bon pour le service et en bonne forme par les stress-tests version numéro deux, c’est à dire soi disant améliorés.

source Financial Times

source Wall Street Journal

Le problème des banques est tout sauf un problème technique, mathématique, statistique, problème de ratio. C’est un problème de confiance. De confiance, un point c’est tout.
Dans le mot crédit, il y à croire, il y à faire confiance et le monde ne fait plus crédit, il ne fait plus confiance parce que l’excès de crédit est patent et parce que les Pouvoirs se sont déconsidérés par de fausses solutions. Le doute est là. Il s’installe, s’enracine.

Le grand événement des dernières semaines, c’est le reflux des capitaux et liquidités internationales vers les États-Unis. Un reflux considérable, plus considérable que vous ne le voyez et pensez, car il est masqué en partie par la collaboration des banques centrales et les swaps .

Mais les conséquences sont là. Les émergents sont à la peine. Le paradigme du miracle des émergents s’effondre, les fonds d’investissement obligataires investis chez les émergents fondent comme peau de chagrin, même chose sur les fonds en equities, même chose sur les devises. Tout ce qui, pendant deux ans, a profité de la manne du déversement du trop plein américain, tout se vide.

source Financial Times

source Bespoke

La conviction que le seul véhicule de flight to quality est le dollar progresse, enfle, self fulfilling prophecy fondée sur la position impériale des Etats Unis et la nouvelle politique monétaire qui tourne le dos au Quantitative Easing.

source Wall Street Journal

La croissance ralentit chez les émergents, certains baissent déjà les taux pour déprécier leur change comme le Brésil. Les pertes sur les marchés s’accumulent.

source Markit


Les banques qui financent les émergents font le forcing pour réduire leur exposition, elles deleveragent à la fois pour réduire leur bilan mais aussi pour réduire leur exposition au risque des émergents. Nous ne donnerons pas de noms par charité.

source Bespoke (au 4 Octobre et en Dollars)

Baisse de croissance des émergents, pertes sur les assets investis en émergents, pertes sur les crédits aux émergents, c’est le début de la mise en branle d’une terrible mécanique. Celle de la mer qui monte et qui descend. Quand elle monte elle lève tous les bateaux, quand elle descend on voit ceux qui s’échouent, on voit qui se baigne nu.

Et nous y sommes.

source Financial Times

Voila où nous voulons en venir. Sait on que les banques européennes ont 3,4 trillions de prêts aux émergents! Elles n’en n’ont pas raté une nous,direz-vous! Et c’est vrai. Incroyable, mais vrai, elles ont 3,4 trillions selon la BRI alors que le Japon n’a que 300 milliards et les États Unis 727 milliards.

Les banques européennes sont engagées à hauteur de 20% du GDP du Brésil, du Mexique, de 70% du GDP de la Hongrie et 40% de celui de la Pologne, juste quelques chiffres pour fixer les idées du risque. Sans parler du risque sur l’Inde empêtrée dans un régulation impossible alors que les besoins de capitaux extérieurs sont importants.

Si le terrible enchainement sur les émergents n’est pas rapidement stoppé, gare:

Vous mettez un peu d’instabilité sociale là-dessus, et vous avez la recette d’un nouveau round de pertes et donc de méfiance sur les banques européennes.

Ce qu’il faut, c’est stopper la machine à fabriquer de la crise, prendre les problèmes à la base, traiter la question du surendettement devenue question du deleveraging et seulement après, quand les comptes ont été faits, quand la confiance, la vraie, est revenue, traiter la question du problème des fonds propres des banques et de leur éventuel statut.

BRUNO BERTEZ Le 9 Octobre 20111

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