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Répression Fiscale en marche : Les nations déficitaires et surendettées n’auront pas vraiment d’échappatoire par Andreas Höfert

Répression Fiscale en marche :  Les nations déficitaires et surendettées n’auront pas vraiment d’échappatoire par Andreas Höfert

Le mauvais état actuel des finances de nombreux pays est le signe précurseur d’une répression fiscale accrue.

 

Lors d’une présentation sur les perspectives économiques à Hambourg il y a environ deux ans, j’ai insisté sur le risque de forte inflation à moyen terme qu’allaient engendrer la création massive de monnaie et la monétisation de la dette publique aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et, indirectement aussi, en Europe. Puis, j’en suis arrivé à parler d’hyperinflation. Interrogé sur la manière de se protéger contre un tel scénario, j’ai donné les pistes les plus évidentes: l’or, l’immobilier et tout ce qui est lié aux actifs «physiques».

Après cette présentation un monsieur d’un certain âge m’a abordé: «Je ne suis pas d’accord avec vos derniers propos sur les investissements à faire en période d’hyperinflation. Mes grands-parents ont bien surmonté l’hyperinflation allemande du début des années 1920 parce qu’ils possédaient des biens immobiliers de première qualité ici, à Hambourg, ainsi qu’à Berlin. Mais quand l’hyperinflation a pris fin, le gouvernement allemand avait toujours besoin d’argent. Il a alors introduit des taxes prohibitives, et même confiscatoires, sur l’immobilier, et mes grands-parents ont perdu la moitié de leur fortune.»

Ce témoignage m’a fait réfléchir. Les problèmes actuels des pays développés ne se limitent pas aux effets des politiques monétaires ultra-expansives et potentiellement inflationnistes. Les Etats sont confrontés à une difficulté bien plus profonde (à laquelle l’inflation apporte une solution): le manque de financement pour leurs dépenses à venir. Formulé de manière plus simple: les Etats ont besoin d’argent et feront tout pour en trouver. Aucun actif financier n’est vraiment sûr dans une telle situation.

Lorsqu’en 1933 le président Roosevelt décida de réduire la valeur en or du dollar US d’un vingtième d’once à 1/35e d’once (dévaluation de 43%), il introduisit d’abord le décret 6102, interdisant la thésaurisation de l’or aux Etats-Unis. Lors de la crise en Argentine en 2001, avant que le gouvernement ne se décide à dévaluer le peso, le «corralito» fut créé, gelant tous les comptes bancaires nationaux (en pesos et en dollars US), puis le «corralón», pour forcer la transformation des dépôts (y compris en dollars US) en obligations libellées en pesos.

L’an dernier, la Hongrie – en quête de financement – a décidé que les fonds de pension privés seraient nationalisés et contribueraient ainsi à financer la dette publique. En ce moment, la France envisage d’introduire la taxe Tobin sur les transactions financières, même si elle doit agir seule. Cette taxe, qualifiée d’»absurdité» en 1999 par le président Sarkozy, est selon moi plus qu’un simple gadget destiné à séduire les électeurs français, à punir les méchants marchés financiers et à embêter les Britanniques. Avec un ratio dette/PIB qui atteindra les 90% cette année, un déficit qui refuse de baisser, des perspectives de croissance très maussades et une note de crédit qui vient d’être baissée par Standard & Poor’s, la France recherche désespérément de nouvelles sources de financement.

Au cours des prochains mois et années, la croissance des pays développés demeurera modérée du fait du désendettement des particuliers et des contraintes démographiques. De plus les promesses publiques non-financées deviendront toujours plus perceptibles. Les gouvernements auront donc de plus en plus recours à des tactiques de répression financière pour remplir leurs caisses. C’est pourquoi il faut s’attendre à la réintroduction et l’augmentation des contrôles des capitaux et des barrières tarifaires et commerciales et, pour finir, au déclin de la mondialisation.

Andréas HOFERT  Economiste en chef UBS Jan 12


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4 réponses »

  1. Les 2 principaux réservoirs de richesse français étant l’assurance-vie et l’immobilier…. On sait déja où l’état va puiser.

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    • Oui gare aux AV, ça va saigner… mais après tout ce n’est que justice : c’est de la fausse épargne générée par l’endettement des générations futures !

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    • Bonjour

      La source en est l’Agefi à condition d’y avoir un abonnement…..sinon il faut aller voir du coté de la gestion de fortune D’UBS….Il s’agit d’une traduction en principe de documents écrits en langue anglaise.

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