Pour Jean-François Ruel, gérant d’un fonds sur les mines d’or chez Tundra Finance : Le recul de l’once d’or depuis septembre est contrebalancé par une macro économie toujours plombée
Le fonds aurifère Tundra investit exclusivement dans les titres aurifrères canadiens.
A son niveau actuel d’environ 1660 dollars l’once, l’or affiche un recul de plus de 10% depuis qu’il a frôlé les 1900 dollars l’once en septembre dernier. S’agit-il d’une simple pause dans sa progression, continue depuis onze ans? L’opinion du Canadien Jean-François Ruel, gérant d’un fonds sur l’or chez Tundra Finance à Montréal.
Pour lui, la toile de fond d’un investissement sur l’or reste intacte, malgré le récent recul de l’once. Le gérant reste convaincu que le cours va se maintenir ou continuer à progresser. Même s’il affirme ne pas réellement avoir besoin d’une hausse du métal jaune pour appliquer sa stratégie: «Nous n’investissons que dans des entreprises qui ont atteint le stade de production et qui sont bénéficiaires, explique-t-il lors d’une entrevue téléphonique. Or avec des coûts de production inférieurs à 800 dollars l’once, parfois largement, ces entreprises sont toujours profitables, même si l’once reculait à 1500 dollars».
PLUS DE GOLD EN SUIVANT :
La clé de voûte de son approche demeure d’ordre macroéconomique :
Les taux d’intérêt réels devraient rester négatifs jusqu’en 2014, à en croire le patron de la Réserve fédérale Ben Bernanke. Il faudra de sept à dix ans pour sortir de la crise de 2008. Le temps d’éponger les trillions de dollars de produits structurés qui dorment encore dans les bilans des grandes banques.
«A la fin des années 1980, le Japon utilisait 4 dollars de crédit pour générer un dollar de PNB; le marché actions s’est effondré et une douloureuse déflation s’est installée. Or en 2007, les Etats-Unis utilisaient 8 dollars de crédit pour obtenir un dollar de PNB…»
Surtout, les créations d’emplois ne sont pas génératrices de revenus fiscaux outre-Atlantique. En février 2011, les Etats-Unis affichaient un taux de chômage de 9% et des recettes fiscales de 110 milliards de dollars. Un an plus tard, le taux de chômage a reculé à 8,2%, mais les recettes fiscales également, à 103 milliards. Moralité, les emplois à haut revenu disparaissent au profit de postes moins rémunérés. La crise est toujours là.
Pour Jean-François Ruel, l’or s’apprête à rejouer l’évolution des valeurs technologiques à la fin des années 1990. L’effervescence va déboucher sur une bulle – dont nous sommes encore loin, affirme-t-il.
Mais cette bulle dotcom 2.0 comportera quelques différences par rapport à l’originale. Il n’est pas possible de créer des sociétés minières à partir de rien, contrairement aux projets technologiques de la fin des années 1990. Le marché de l’or demeure étroit, puisque les compagnies aurifères bénéficiaires de la planète représentent une capitalisation boursière cumulée d’environ 400 milliards de dollars. L’environnement est toujours favorable aux bénéfices et les valorisations demeurent attractives, assure le gérant: «le ratio or/indices aurifères montre que les sociétés du secteur sont actuellement valorisées au niveau le plus bas atteint depuis 2008, avec un P/E compris entre 4 fois et 6 fois».
Malgré son argumentation, le gérant ne se voit pas comme un gold bug, «car je reste rationnel, je ne crois pas à la théorie de la conspiration sur la manipulation à la baisse du cours de l’or, mais aux taux d’intérêt négatifs, à la production qui recule et à la progression de la demande d’investissement, notamment de la part des banques centrales devenues acheteuses nettes afin de diversifier les importantes réserves de change des pays émergents, en particulier celles de la Chine».
De plus et pour finir sur une note positive , il semblerait que les bijoutiers en Inde aient achevé leur grève, ce qui laisse espérer un retour sur le marché du plus gros consommateur d’or au monde. C’est d’autant plus important qu’un important festival va arriver en Inde : Akshaya Tritiya, le 24 avril, au cours duquel il est de bon augure d’offrir de l’or.
Sébastien ruche/Agefi avril12
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