A Chaud!!!!!

Les Clefs pour Comprendre du Jeudi 14 Juin 2012 : Après L’Allemagne perd confiance, l’Allemagne contre-attaque.

Les Clefs pour Comprendre du Jeudi 14 Juin 2012 :  Après L’Allemagne perd confiance, l’Allemagne contre-attaque.

C’est à une véritable contre offensive allemande que l’on a assisté cette semaine sur tous les fronts. Bien entendu la presse française n’en a pour ainsi dire pas rendu compte, perdue qu’elle est dans les scènes de ménages et les batailles de chiffonniers.

  Merkel qui déclare que la tache qui attend les européens est herculéenne, Schauble qui descend en flammes le retour en arrière francais sur les retraites, L’ex chef economiste de la BCE qui ridiculise les partisans de l’Union Bancaire, le patron de l’IFO , Sinn qui mouche Obama et les solidaristes européens etc etc . Cette offensive est évidemment voulue, coordonnée, justifiée par la prise de conscience par les Allemands que l’on cherche à les rouler dans la farine .

Le Dr Andreas Dombret membre du board executif de la Bundesbank vient d’assener le coup à notre avis final , définitif .

Il s’est exprimé le 12  Juin devant la Macro Conférence organisée par Bank America Merrill Lynch. Les participants ont pu entendre directement de la bouche du cheval, l’analyse complete, actuelle des Allemands. Bien entendu, les autres responsables allemands déclinent chacun leur partition , mais  Dombret fait la synthèse , cohérente bien sur, détaillée avec toutes les articulations de la position allemande. Un travail remarquable que Moscovici devrait emporter le soir dans sa chambre pour lire et relire avant de s’endormir.

Le plan est le suivant :

-Analyse de la crise

-Les réponses de l’Europe à la crise ,

Les réponses de court terme,

Les réponses durables de long terme

Nous ne pouvons tout commenter et faire tout le travail de la presse MSM , nous irons a ce que nous considerons comme essentiel;

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Sur les causes de la crise, Dombert frappe un grand, un très grand coup, qui a déjà été dispensé par Merkel à Hollande;

La cause de la crise c’est la convergence des taux  Europe , le phénomène a suscité de larges flux de capitaux chez les péripheriques et au lieu d’utiliser ces fonds pour des usages productifs, pour investir, ils ont utlisé l’argent bon marché pour financer les déficits publics et consommer plus. Le boom a provoqué des bulles bancaires, le secteur bancaire est devenu surdimensionné et vulnérable.

Les Etats concernés ont failli à leur mission en acceptant des hausses des couts de production  qui les ont rendus non compétitifs , ils n’ont fait aucun ajustement pour reconquérir cette competitivité.

Nous passons rapidement sur les réponses de court terme sauf pour signaler que Dombert craint pour la credibilité des firewalls, les pare feux et il insiste sur le fait que les firewalls n’éteignent pas les feux, ceux ci doivent ètre éteints par d’autres moyens.

Voici le plus important, la résolution durable de la crise:

1 Mise en place de politiques rigoureuses de consolidation budgétaire.

2 Mise en place de réformes structurelles qui permettent d’augmenter le potentiel de croissance 

3 Réforme du cadre , de l’architecture de l’Union Monétaire

4 Régulation stricte de la finance et de la banque.

Dans le point 2  Dombert précise qu’il s’agit de réformes du marché du travail et de coupes budgetaires et que ceci doit ètre profond.

La consolidation budgetaire et les réformes doivent précéder, le mot important est précéder, ceci pour clouer le bec des keynésiens qui veulent stimuler d’abord et réformer ensuite.

Dombert dit que l’un des éléments de la crise est la confiance et que la reconquète de la confiance passe par l’acceptation des effets négatifs de court terme.

 

Le growth compact sur lequel les Allemands et Draghi sont d’accord précise Dombert est stucturel , il vise les reformes structurelles, pas la stimulation keynesienne de la dépense.

Le fiscal compact de fin 2011  est insuffisant , nous ne sommes pas equipés pour intervenir dans les budgets nationaux quand les règles ne sont pas respectées; donc il ne peut justifier ni des appels à ce que la BCE augmente son bilan, ni des appels à une solidarité ou mutualisation.

Seule une union fiscale établie légitimement et démocratiquement peut permettre d’aller dans les directions évoquée ci dessus.

L’union fiscale profonde doit précéder, nous insistons encore, précéder, aussi bien les demandes concernant l’extension du bilan de la BCE, que la solidarité, que l’Union Bancaire dont on parle depuis quelque temps. Idem pour l’introduction des eurobonds.

Dombert insiste sur le probleme fondamental actuel, le mismatch, la disjonction entre la responsabilité et le contrôle : on ne peut ètre responsable de ce que l’on ne controle pas .

Nous sommes à 180  degrés de la position française.

BRUNO BERTEZ Le Jeudi 14 Juin 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN LIEN: L’Edito du Samedi 9 Juin 2012: L’Allemagne perd confiance par Bruno Bertez (actualisé au 14/6/2012 à06h50)

EN BANDE SON :

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13 réponses »

  1. Fidèle lecteur, j’apprécie une fois de plus la clarté de vos propos.
    N’y a-t-il pas une voie médiane qui permette à la fois de soulager les nations du sud ( on peut y inclure la France puisque notre président semble cherche des appuis de ce coté) et de contenter l’Allemagne vertueuse ? Peut-être que le marchandage à lieu en toute discrétion avant le prochain G20.
    Quand pensez-vous?

    • @Balinou

      La voie médiane est implicite, les Allemands sont près à lacher beaucoup de lest à court terme à une condition , mais cette condition est incontournable , la situation de long terme doit ètre verrouillée: En clair il veulent bien perdre, payer, mais ils veulent savoir ou ils vont , combien cela va leur couter:
      L’objectif des Allemands c’est l’union politique tres serrée, tres stricte , elle seule garantit qu’ils ne financent pas à fonds perdus et ne remplissent pas un tonneau des danaides. Sur la Grèce par exemple on murmure qu’ils accepteraient une rallonge de 100 milliards pour tenter une derniere fois de les maintenir dans l’euro.

      • Hollande fera des concessions et il passera pour le grand vainqueur. Et ensuite nous entrerons dans le monde de la rigueur. Beaucoup vont devoir manger leur chapeau .. pendant combien de temps ?
        Les syndicats n’accepterons pas de faire les mêmes efforts que les allemands.La voie proposer par Merkel sera longue et douloureuse …

  2. Vous ne croyez pas que le plan allemand, qui va demander du temps pour sa mise en place, va se révéler incompatible avec les prochaines échéances plutôt à court-terme, voire moyen-terme max ?

    Quand j’évalue la possibilité d’une intégration rapide et poussée des pays européens.
    – s’il y a référendum => cela va très difficilement fonctionner parce que cela prendra trop de temps par rapport aux échéances, et il se trouvera tjrs des pays pour dire ‘non’ face à une avancée sans commune mesure (!) avec ce qui s’est fait auparavant.
    – s’il n’y a pas référendum => alors il y a viol de la démocratie (ou pas loin), et sans doute des troubles dans divers pays

    Bref, dans les 2 cas, une intégration rapide et poussée des pays européens va se révéler un bon terreau pour les tensions de tout ordre, avec une probabilité de réussite sans doute faible je crois.

    • C’est pour cela que l’élection de Hollande n’est pas une mauvaise chose pour modifier la situation économique française. L’état des finances de la France n’aurait pas été bien meilleur avec une réélection de Sarkozy, et les réformes drastiques que l’on va devoir faire seront moins perçues comme antidémocratiques ou antisociales avec un gouvernement de gauche. Les électeurs de Monsieur Hollande vont être les grands perdants de leur choix électoral.

      • @Zebgg

        Je vous suis tout a fait , c’est le sens de notre Edito ci-dessus.

    • @DominiqueD

      La position des allemands comme vous avez pu le lire ci dessus est d’exiger une integration poussée, legitime et democratique .

      • @bruno bertez

        Je ne doute pas que les allemands envisagent un processus démocratique. En fait, je ne me méfie plus de nos propres politiques, qui, dans le cas où ils adhèreraient à cette fuite en avant, pourraient vouloir éviter de consulter les français.

  3. L’Allemagne souhaite donc appliquer à l’UE les réformes mises en place lors de la réunification, en allant même plus loin avec une réforme du cadre de l’architecture de l’Union Monétaire et la régulation stricte de la finance et de la banque (ce par quoi, il aurait d’ailleurs fallu commencer par là dès l’introduction de la monnaie unique).

    En admetant que tous les pays membres adoptent une politique budgétaire restrictive, n’existe t’ il pas un risque d’aggraver la récession (Cf : politique Président Hoover aux US suite au crash de 1929).

    L’industrie allemande qui réalise 60% de ses exportations dans l’eurozone serait donc prête à sacrifier la croissance durant plusieurs années.

    Sur le papier, c’est très bien, très vertueux et rigoureux, j’attends seulement de voir comment tout ceci sera mis en application car aucun calendrier n’a encore été évoqué.

    • @Rodez21

      L’industrie allemande a tout intéret à moyen terme à ce que la politique double d’intégration fiscale et d’équipement des PIIGSF pour ameliorer leur compétitivité, soit mise en place. Ils sont le fournisseur mondial de biens et de processus d’équipement . Par ailleurs le modèle actuel Europe du nord créancière, Europe du sud debiteur a fait son temps, on a buté sur les limites de la dette. C’est mutatis mutandis la mème chose pour le couple Chine créanciere , Etats Unis débiteurs.

  4. Je doute du succès de l’union renforcée prônée par les allemands. Jean-Claude Barreau (dans « Le coup d’Etat invisible » – un très bon livre sur l’Europe) indique que l’adhésion à un pays est une adhésion affective, or il n’y a point d’adhésion affective envers l’Europe (« personne n’est prêt à mourir pour l’Europe »).

    Mais je doute encore plus de l’intérêt d’une telle union.

    L’euro resterait surement un euro fort, soit un euro-mark. Or, depuis que l’euro fort (mi-2004), l’économie française coule tout à fait régulièrement, et toujours un peu plus chaque jour. Les graphiques d’un économiste montre cela très clairement : http://chevallier.biz/2012/06/deficits-dans-la-balance-des-paiements-avril-2012/

    Pour survivre avec un euro fort, il faudrait chambouler grandement notre économie et notre société, sans doute de fond en comble. On pourrait y arriver, mais avec quelle probabilité ? J’espère que, lorsque la fuite en avant des allemands sera bcp plus sur la table, et donc, à évaluer vraiment, nos politiques auront au moins la présence d’esprit d’évaluer son taux de succès et pas de jouer le futur de notre pays au nom de l’Europe !

    Parce que tout le monde parle de l’Europe, mais en quoi est-ce un objectif en soi ? Au fond, il est loisible de se poser la question.

    Je me demande si l’on n’avale pas de plus en plus de couleuvres au nom de l’Europe, en se faisant avoir car le nom « Europe » ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. Plus d’Europe n’est pas un objectif en soi pour la France, l’accroissement de richesse est, par contre, un objectif (car dit accroissement de richesse, dit économie en croissance et baisse possible du chômage).

    Avec l’euro, on a mis l’Europe avant l’économie puisque l’euro est une monnaie hors sol, qui ne convient pas à bon nombre de pays. On en a subi les conséquences, cf. http://chevallier.biz/2012/06/deficits-dans-la-balance-des-paiements-avril-2012/ Le plan des allemands me fait penser que l’on met à nouveau l’Europe avant l’économie, en espérant que notre économie va finalement en profiter pour se redresser à nouveau… Cela peut marcher, mais je suis dubitatif, car on choisit la voie la plus longue, pour des raisons politiques (!), alors que, pendant ce temps, notre pays souffre économiquement. Pas de doute, les USA et la Chine doivent bien rigoler de nous voir pris dans les filets de nos choix plus politiques qu’économiques.

    Il aurait mieux valu que l’euro, cette monnaie imbécile, n’existe pas, au moins chaque pays aurait été bcp plus face à ses propres responsabilités.

  5. L’analyse est intéressante mais trop eurocentré. On oublie les ingérences américaines qui visent à faire échouer le plan allemand. Si les allemands réussissent, l’euro sera dans 5-6 ans la monnaie de réserve face à un dollar US déliquescent et discrédité par les QE3, 4 et 5 qui n’auront pas manqué d’advenir. Ce qui se joue là ne concerne donc pas seulement les européens.

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