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Brève de Trottoir : La Grèce et l’art du «swap» qui défie l’air du temps

Brève de Trottoir :  La Grèce et l’art du «swap» qui défie l’air du temps

La Grèce du début des années 2000 a recouru aux swaps sur les conseils de Goldman Sachs, pour afficher des comptes publics temporairement plus flatteurs lors de la période cruciale de leur entrée dans la zone euro.  

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Les swaps sont ces millions de contrats d’échange signés entre institutions afin de se protéger contre les fluctuations de taux, de bourse, du pétrole… Les Etats les utilisent pour limiter la charge de leurs emprunts. Ceux signés par Athènes il y a douze  ans visaient surtout à rendre ses comptes publics plus flatteurs. 

Depuis les années 1980, les agences de gestion de la dette publique utilisent, discrètement, des dizaines de contrats swaps différents pour tenter de réduire le coût des emprunts de l’Etat pour les contribuables. Ces produits financiers sont en réalité un échange conclu avec une banque: les plus simples permettent de troquer pendant six mois un emprunt à taux fixe contre un à taux variable. Ou d’échanger un emprunt en euros, contre un en yens. Afin d’espérer profiter d’une fluctuation des taux d’intérêt – ou des devises – avantageuse. 

Une tout autre motivation a conduit la Grèce du début des années 2000 – comme l’Italie du milieu des années 1990 – à recourir aux swaps, sur les conseils de Goldman Sachs: afficher des comptes publics temporairement plus flatteurs lors de la période cruciale de leur entrée dans la zone euro. En 2001, Athènes lance ainsi un emprunt obligataire atteignant l’équivalent de 10 milliards de dollars et libellé en yens et en dollars. Puis l’échange afin d’obtenir un emprunt en euros. 

L’affaire devient litigieuse, car dans ce contrat, la banque «offre» à Athènes un taux de change plus favorable que celui en vigueur: le tour de passe-passe permet au pays d’obtenir près d’un milliard d’euros supplémentaires. Pour le même emprunt initial. Rien n’est gratuit. Athènes remboursera la banque, plus tard. En attendant, cette somme échappe aux «auditeurs» européens d’Eurostat, qui calculent tout en se basant sur le taux de change du jour. Mieux encore, ce «bonus» temporaire ne fait pas partie de l’emprunt initial et peut donc être considéré comme une «plus-value de change» tombée du ciel. Avantageusement utilisée pour réduire le déficit public sans (apparemment) accroître la dette nationale, Bruxelles applaudit. Bien sûr, tout cela se paie, majoré des commissions des banquiers. Mais des années plus tard. Par un autre gouvernement.

source Le Temps


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