Brève de trottoir : La loi de Hotelling ou quand l’écononomique se fait politique

La loi de Hotelling, nommée d’après l’économiste Harold Hotelling, tente d’expliquer les raisons pour lesquelles, dans plusieurs secteurs de la vie économique, des concurrents peuvent être incités à en découdre sur un même territoire. Cette loi est souvent explicitée en référence au comportement de deux vendeurs de crèmes glacées en camionnettes présents sur la même zone côtière. La loi de Hotelling montre qu’ils auront tendance naturellement à placer leurs deux camionnettes l’une près de l’autre au milieu de la plage, même si un tel positionnement ne répond pas nécessairement aux attentes de leurs clients. La raison qui explique ce comportement procède de l’intérêt de capter davantage le milieu du marché sans perdre sa clientèle existante, dont les préférences peuvent néanmoins être très éloignées du milieu du marché.

Si ce concept permet d’expliquer la coexistence de nombreux produits similaires et sans grande distinction au sein de l’économie actuelle, il peut également être appliqué au monde de la politique où il est connu sous le nom de « théorème de l’électeur médian ». D’après ce théorème, les candidats et politiques de plusieurs bords peuvent avoir tendance à développer en période d’élection un discours plus centriste afin de maximiser le captage des votes (aussi, on tente davantage de séduire l’électeur médian choyé, tandis que les défenseurs d’opinions plus extrêmes sont souvent déçus par la réalité du monde politique).

Ce théorème permet donc d’expliquer la stratégie mise en oeuvre par Mitt Romney, le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine : en proposant Paul Ryan comme vice- président un candidat situé plutôt à droite du spectre politique, s’assurant ainsi les votes de ses partisans, Romney a les mains libres pour se rapprocher du centre.