Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

L’Edito du Dimanche 28 Octobre 2012 : Quelques craquements dans l’édifice par Bruno Bertez

Publicités

L’Edito du Dimanche 28 Octobre 2012 : Quelques craquements dans l’édifice par Bruno Bertez 

Le comportement des marchés financiers depuis les annonces de politique monétaire de la Réserve Fédérale Américaine mérite intérêt. 

Ce comportement excite notre curiosité. On a fait les plus hauts sur le complexe du risque au lendemain de l’annonce de QE Eternity. 

Cela semble paradoxal puisque cette annonce constitue la promesse de surabondance de liquidités gratuites et de PUT destiné à protéger les marchés contre la volatilité. Entendez par volatilité, la baisse bien sur. 

Le pétrole est dans les plus bas, les métaux comme le cuivre pointent dans le sens de la déflation, les actions tentent de se soutenir sur les moyennes mobiles, mais sans conviction ou volume. 

   On peut proposer quelques explications partielles, par exemple : 

-Les prises de bénéfices sur le fait accompli 

-L’usure de l’impact d’annonce 

-La lassitude et l’apprentissage des opérateurs 

On peut critiquer les mesures elles même et leur modalités et conception. Ainsi, est-il habile d’annoncer QE Eternity ? C’est à dire de se priver de l’effet d’annonce et d’anticipation des prochains QE. 

-Le meilleur moment c’est quand on monte l’escalier, en bourse comme ailleurs. QE Eternity est moins excitant que la perspective de QE renouvelés. 

On peut avancer comme certains le font que la conjoncture boursière n’est plus porteuse comme lors des QE  précédents : 

-Tendance marquée au ralentissement de la croissance des bénéfices des firmes, déception sur les résultats du troisième trimestre et guidance médiocre pour le quatrième. 

-Perspective et risque de fiscal cliff, choc budgétaire qui détériorera le climat, pourrira le sentiment, relancera les doutes sur le rating américain et surtout précipitera la récession. 

-Méfiance sur la situation en Europe, rien n’est résolu, tout a été mis au réfrigérateur pour faire plaisir à Obama et à sa demande/exigence. 

-Inquiétude sur le risque d’implosion en Chine 

-Montée des risques politiques et géopolitiques 

Pour notre part nous ne prenons pas position, il faut être fou pour oser émettre des prévisions en ces temps d’artifices et de manipulation généralisés. Les baissiers et les sceptiques qui vendent la peau de l’ours dès maintenant sont imprudents. Le besoin de ranimer le risk-on est vital et l’ours ne se laissera pas dépouiller sans combattre et faire quelques victimes. 

Simplement nous ferons quelques observations.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

 -La détérioration des bénéfices est un élément nouveau, clef dans le système post- 2008. On était habitué à ce que les revenus, les chiffres d’affaires soient décevants, mais on était rassuré, comblé par les profits. L’amélioration des marges a cessé de compenser et au delà l’atonie des ventes. Aurait-on touché les limites de la compression des couts? 

-Le profit est un indicateur avancé de la conjoncture et de la santé du système. La détérioration des profits, en système capitaliste est centrale; Le capitalisme c’est la production de profit et de capital, pas la production de marchandises et services. L’érosion des profits et le manque de tonus de la Bourse qui produit, fabrique le capital par effet multiplicateur est une pierre dans le jardin de Bernanke. 

-Le dollar n’arrive plus à baisser aussi facilement qu’avant, ce qui retire un élément dans la panoplie de Bernanke. La course mondiale à la politique d’avilissement des monnaies, gène la dévaluation du dollar et contrecarre la stratégie de Bernanke. 

-Les commentateurs commencent sérieusement à évoquer la fin de la pseudo efficacité des politiques monétaires non conventionnelles, les banquiers centraux comme Mervyn King également. 

CS global risk appetite index (source: CS)

Si,  ce qui se passe maintenant, ou plutôt, ce qui ne se passe pas maintenant, à savoir le retour du risk-on , devait durer , une nouvelle phase de la crise devrait être envisagée. Une nouvelle étape pourrait se dessiner. 

Ce pourrait être une étape de témérité et d’imprudence accrue des banquiers centraux. 

Il est peut être prématuré de se poser la question, mais faisons le quand même : Quel est le régime qui succédera au régime du risk-on/risk-off?  

Les valeurs refuges resteront elles les mêmes? Continuera t on de se précipiter sur les fonds d’état? Conserveront-ils leur statut? 

Prendra-t-on conscience du fait que ce sont des papiers et qu’ils ne valent que dans un certain cadre, celui de l’illusion et de la foi dans les pouvoirs des apprentis sorciers ? 

En d’autres termes, quels seront les prochains refuges ? Le mouvement de capitaux d’investissement vers l’immobilier américain n’est il pas annonciateur de la recherche de valeurs réelles qui, en plus rapportent?

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 28 Octobre 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EDITO PRECEDENT : L’Edito du Dimanche 21 Octobre 2012: Aux voleurs! Aux voleurs! Hold-up généralisé Par Bruno Bertez

EN BANDE SON :

En complément : Nième avertissement, nous sommes à un point critique sur les marchés.

Nous sommes intervenus à plusieurs reprises ces derniers temps pour vous transmettre notre conviction :

-Méfiez vous de l’eau qui dort, du calme avant la tempête. Les marchés sont à un point critique.

Vous êtes peut être déçus que nous n’allions pas plus loin et que nous disions simplement que des mouvements violents peuvent se produire sans en indiquer le sens, nous vous comprenons. Mais vous devez comprendre que dans un monde fait à la main, non spontané, la baisse, la chute peuvent produire … leur contraire par intervention des démiurges.

Spontanément, nous parions sur la chute, à la réflexion cependant nous pensons que chute et hausse sont équiprobables et même que l’on assistera à des bull ou bear traps, des pièges.

Nous voulons attirer votre attention sur un indicateur peu connu qui mesure les corrélations implicites au sein des marchés. Cet indicateur mesure l’influence de la tendance de l’indice sur les actions individuelles, la corrélation entre l’ensemble et les parties qui composent le marché. En quelque sorte il nous dit si le marché dans son ensemble entraine à l’unisson toutes les valeurs, explique leur performance.

Quand toutes les valeurs se meuvent comme l’indice, le marché est peu sélectif, c’est un marché que nous appelons de tendance.

Quand les valeurs se comportent de façon plus autonome, en fonction de leurs mérites propres et non en fonction de la dictature de la tendance, nous disons que c’est un marché de mise en ordre.

Ceci mérite quelques explications :

-Le désordre c’est quand tout est indifférencié, tout se vaut.

-L’ordre c’est quand chaque élément est à sa place en fonction de ses qualités intrinsèques. L’ordre c’est quand tout est rangé, à sa place.

Certains trouveront cela contre intuitif mais ils y retrouveront s’ils sont intéressés les concepts des théories de l’entropie.

Pour donner un exemple et toucher du doigt le concept, il suffit de se référer au désordre actuel que constitue l’alternative  dite du  risk-on/risk-off.

 Selon les titres des journaux on passe avec un bel ensemble sur toutes les classes d’assets concernées de la hausse à la baisse. Il y a des jours on et des jours off. 

La crise et l’intervention des démiurges ont produit une mise en forme des marchés qui se caractérise par un grand, un très grand désordre, puisque la sélectivité a disparu.

Dans le désordre, il y a une énergie, en quelque sorte, qui peut produire un mouvement par le processus de mise en ordre, de passage à un ordre. 

On ne connait pas le sens du mouvement qui va se produire, mais on sait qu’il est potentiellement important quand le désordre est maximum. 

Or les ICJ, les implied corrélations au sein du S&P 500  viennent de faire un grand bond, on est dans des zones qui, historiquement, se sont avérées être des indicateurs avancés de volatilité forte pour ne pas dire peu fréquentes. 

Par ailleurs, les bonds de l’ICJ sont fiables à moyen terme, délai de 3 à 4 trimestres; les indications que la forte hausse des ICJ fournit sont valables pour plusieurs mois.

  

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 28 Octobre 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN BANDE SON :

******************************************************************

EN COMPLEMENT : A Chaud!!!! du Lundi 29  Octobre 2012  : Le grand écart, cela peut faire mal! par Bruno Bertez

 Nous avons dans l’éditorial boursier livré ci dessus attiré l’attention sur le comportement décevant des marchés de risk-on, post-QE. 

Nous aurions du ajouter également post-OMT. Post OMT car c’est l’annonce par Draghi de l’utilisation de son gros bazooka qui a, comme celle de QE, favorisé le rally précédent.

 

   Nous avons donc deux raisons d’être étonné et déçu. 

L’examen des marchés de la dette souveraine en Europe en fin de semaine dernière laisse une impression de malaise. Les bonds souverains espagnols ont enregistré leurs plus mauvaise semaine depuis Aout , le 10  ans a été particulièrement étrillé , avec des rendements en hausse de 22 points de base à 5,59%. Le spread a fait un bond de 28 pts de base à 405. Le rendement du Bund allemand pour sa part a chuté de 6 pts de base à 1,51%, signe d’un retour des achats de protection.

 

Le coup de force de Draghi a obligé les vendeurs short à se racheter tout en suscitant des achats spéculatifs de prédateurs type Pimco ou Blackrock sur la dette des pestiférés. Ceci a permis aux dernières levées de fond de bien se passer. 

Il semblerait que le mouvement ait fait long feu, et que déjà les plus prudents reprennent leur bénéfice ou réduisent leur exposition. 

En Espagne les statistiques des derniers jours sont mauvaises avec nouvelle hausse du chômage et poursuite de la descente aux enfers de l’immobilier. Par ailleurs Rajoy continue de jouer au plus fin et retarde sa demande d’aide auprès des institutions européennes. Il joue au chat et à la souris sur la question des conditionnalités.

 

   

Ce qui semble aussi inquiétant,  c’est le comportement des assets français.  Le spread sur les Bunds allemands s’est élargi de 10 pts de base.

  

Les nouvelles françaises sont mauvaises; le PMI manufacturier d’Octobre confirme la chute du mois précédent à 43,5 et surtout les chiffres de la BCE  montrent que le crédit est en fort ralentissement aussi bien aux sociétés qu’aux particuliers. L’agression en règle sur l’immobilier n’arrange pas les choses et on commence à craindre un problème plus profond de ce coté.

 

 

La dégradation des banques françaises n’est pas passé inaperçue, d’autant que S&P insiste sur le fait que les banques pourraient bien souffrir de la correction en cours sur l’immobilier et le logement, ce qui viendrait ajouter à leurs autres problèmes.

 

//////////////////////////////////////////////////////////////

«Au détour du communiqué, on peut lire cette phrase lourde de sous-entendus», s’inquiète Le Figaro, en référence à ce commentaire: «L’économie reste globalement stable mais sa résistance aux chocs extérieurs s’est réduite.» L’agence rappelle ainsi que le pays doit supporter «le fardeau d’une dette publique élevée». Elle voit le chômage s’aggraver, la compétitivité se réduire et la phase d’expansion économique se terminer. S&P souligne aussi que le marché immobilier est entré en phase de correction mais que celle-ci ne devrait pas provoquer trop de dégâts. «La sonnette d’alarme n’est pas encore tirée mais S&P met la France en garde», juge le site Atlantico.fr.

//////////////////////////////////////////////////////////////////////

Les banques françaises sont surexposées à tous les risques que l’on peut trouver sur la planète: risques sur les pestiférés, sur les entreprises, confère PSA, risques sur les émergents, risques sur les marchés de capitaux et bien sur comme nous l’avons signalé plus haut, risque sur le logement. 

La situation ne peut que s’aggraver avec une croissance défaillante, un chômage au plus haut de 13 ans et une dette souveraine de maintenant près de 90%  du GDP. La détérioration des perspectives sur les marchés étrangers va encore renforcer les fragilités du système français.

    

Le climat intérieur français ne va , par ailleurs, pas dans le sens de la confiance comme en témoignent , entre autres la grogne publique des chefs d’entreprise et la chute de la confiance des consommateurs. Les tentatives de mobilisation sociales en cours ne vont rien arranger.

  

A y regarder de plus prés, on s’aperçoit que tout ne tient qu’à un fil ou plutôt à une promesse, celle du gros bazooka. 

Si la crédibilité de Draghi venait à s’effriter, si les Allemands continuaient à en limiter la portée, si la contestation juridique s’amplifiait , si … si… 

Nous ne cessons de le répéter, tout est fragile, tout est déséquilibré, tout ne tient que par le miracle des promesses. L’écart entre la relative tenue des marchés et la situation fondamentale continue de se creuser. Mais il arrive un point ou le grand écart, cela fait mal. 

La dégradation de la semaine dernière est de mauvaise augure…..

BRUNO BERTEZ Le Lundi 29 Octobre 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN LIEN : L’Edito du Dimanche 28 Octobre 2012 : Quelques craquements dans l’édifice par Bruno Bertez

EN BANDE SON : [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=fLi851UPTsc

*********************************************************************

A Chaud!!!!  du Mardi 30 octobre 2012 : Craquements dans l’édifice, compléments par Bruno Bertez

 Nous avons expliqué que l’existence d’un écart considérable entre la situation fondamentale des économies réelles et le comportement des marchés pouvait finir par faire mal, très mal. 

Nous avons expliqué que la conjoncture continuait de se détériorer, que l’accalmie en Europe n’était que temporaire et que, finalement, tout reposait sur la croyance en le gros bazooka de Draghi. 

Nous avons noté que les effets dopant de ce gros bazooka sur les marchés des bonds des pestiférés s’estompaient et que les achats de protection sur le Bund allemand avaient repris. 

Les déclarations du week-end nous intriguent.

 Schauble, le ministre des Finances allemand est venu, dans une interview, demander que les gouvernements européens abandonnent de façon permanente leur souveraineté sur leurs propres budgets nationaux. C’est choquant, mais pas anormal, on connait les positions allemandes, même si, de temps à autres, on a l’impression qu’elles deviennent plus souples. 

///////////////////////////////////////////////////////////////

La proposition du ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble est de créer un poste de « commissaire aux Affaires monétaires » pour la zone euro, doté de larges prérogatives.

Wolfgang Schäuble s’est prononcé au milieu du mois pour que ce commissaire ait le pouvoir de rejeter les budgets nationaux qui ne sont pas conformes aux critères de l’union monétaire. Le modèle pour ce nouveau poste serait le commissaire européen à la Concurrence, qui est « craint dans le monde entier », selon le ministre.

////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Plus étonnant est que Draghi, ce week-end également, a donné une interview au Spiegel dans laquelle il déclare, je cite: « je soutiens explicitement cette proposition ». Il a ajouté: « si nous voulons rétablir la confiance dans la zone euro, les pays doivent accepter de transférer une partie de leur souveraineté au niveau européen». 

L’Allemagne semble revenir à son exigence de « fiscal union » avant d’accepter d’aller plus loin dans l’aide à ses voisins, avant de s’engager plus qu’elle ne l’a déjà fait. 

Déjà, l’Allemagne a durci sa position vis à vis de l’Espagne et refuse d’absorber le coût d’un bail-out des banques, elle insiste sur le fait que les fonds devront être remboursés et que les fonds attribués par l’ESM devront venir s’ajouter à la masse de dettes du gouvernement espagnol. Ceci fait suite au fiasco des discussions sur l’union bancaire lors du dernier sommet. 

Ce n’est pas ce que les Espagnols espéraient, ce n’est pas ce que les marchés jouaient. 

Non seulement, il est improbable que les gouvernements de la zone euro abandonnent ne fut-ce qu’une partie de leur souveraineté fiscale, mais il est encore plus improbable que l’Allemagne cède sur ce point alors qu’il vient d’être réaffirmé. 

Le fait que Draghi soutienne explicitement la demande allemande et la pose comme quelque chose qui s’impose objectivement, en soi, est perturbant. 

On a comme l’impression qu’il y a une sorte de machine arrière et que le gros bazooka n’est plus aussi gros que cela, et même qu’il n’est pas encore bien assuré. 

La situation des banques espagnoles est de plus en plus critique malgré les subterfuges, les ratios de « bad loans » viennent de bondir à plus de 10,5% des actifs, ce qui est considérable. On est déjà dans la situation la pire prévue par les stress-tests bidons.

 

BRUNO BERTEZ Le Mardi 30 Octobre 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

Quitter la version mobile