Behaviorisme et Finance Comportementale

Politique Friction du Jeudi 15 Novembre 2012 : Non, Hollande n’a pas changé de cap! Par Bruno Bertez

Politique Friction du Jeudi 15 Novembre 2012 : Non, Hollande n’a pas changé de cap! Par Bruno Bertez

Les classes moyennes françaises sont en train de subir une défaite historique. Tout le monde s’en fiche.

L’un des thèmes des débats politiques actuels en France est de savoir si Hollande a oui ou non changé de cap. Oui ou non, a-t-il infléchi la ligne gouvernementale.

  Nous avons écrit de façon prémonitoire sur cette question à plusieurs reprises dont un papier initial qui allait très loin puisqu’alors que tout le monde baignait en Socialie, nous écrivions qu’Hollande allait se renier.

Il nous faut aller plus loin.

Un autre jalon dans notre réflexion a été l’article dans lequel nous avons défendu l’idée que le renoncement à l’objectif de 3% de déficit ne changeait rien et que les marchés n’allaient pas pénaliser la France.

Pourquoi cette position?

Parce que, dès la campagne électorale de Hollande, nous avons analysé et compris que la cohérence de son plan était ailleurs, ailleurs que dans ce qu’il disait. Elle était dans le rêve inatteignable des eurobonds compensé par la réalité non dite de la future austérité, de la compliance aux marchés, à l’Allemagne et au traité de rigueur imposé par Merkel. On avait, d’un côté une promesse tonitruante sinon tonitruande de faire plier les Allemands et, de l’autre, une certitude dissimulée de se soumettre à leur diktat.

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Le plus grand reproche que nous faisons à la classe politico médiatique est là: ils n’ont pas débusqué Hollande lors de la campagne.

La palme revient à Sarkozy, mais lui était, si on peut dire, excusable, car il était sur la même longueur d’onde que Hollande puisque soumis à Merkel dès le début.

La seconde palme va à Mélenchon qui, sciemment, a fourvoyé ses électeurs. Nous connaissons les analyses économiques et financières de gauche, et ces analyses incluaient le fait que le plan de Hollande n’était pas cohérent sauf à considérer qu’il était trompeur et résidait dans un ailleurs non formulé. C’est le vrai NPA qui avait raison et Mélenchon est allé à la soupe, non pas populaire, mais des élites, et il a ramassé une… gamelle. On pouvait se passer de lui, on a fait mieux, on s’en est débarrassé.

La communauté médiatique est une honte. Avant, pendant et après.

Avant, elle a fermé les yeux sur l’incohérence du programme de Hollande.

Pendant, elle continue de poser les fausses questions et de se prêter aux faux semblants, aux pirouettes verbales, en particulier encore dans l’entretien récent.

Après, au lieu de baliser le futur, de faire un peu de prospective et d’imaginer où tout cela peut mener, elle élucubre sur des scénarios politiques idiots qui ne sont destinés qu’à faire diversion.

Hollande ne prendra aucune initiative politique, parce qu’il n’en a pas la possibilité, il est dans la seringue, comme l’était Mitterrand dans la même situation. Il est dans la seringue comme l’était Mitterrand, prisonnier de la finance après ses erreurs. On ne peut mener une politique autonome et, en même temps, rester soumis aux contraintes de l’euro, des marchés, des banquiers. Hollande dira comme Mitterrand: ils ne sont pas contents? Oui et après! La démocratie c’est: « cause toujours ».

Depuis le début, la finance sait, comme nous, que Hollande est son allié.

Dès l’élection, nous avons signalé que l’OAT française était recherchée. On a « tarté » les vendeurs de contrat OAT qui croyaient que Hollande était ce qu’il prétendait être.

Le contrat OAT était à 126 avant l’élection, tenez-vous bien, il est à 136! Il en fait gagner de l’argent à la finance klepto, des tombereaux. Et aux Japonais qui sont venus rafler le papier… le tout sur le dos des gogos français réduits à la portion congrue dans la rémunération de leur épargne et dans la destruction de leur protection sociale.

Dès le premier jour, nous avons dénoncé et montré la logique profonde de la situation. Un habillage de gauche, au service d’une clientèle, essentiellement la fonction publique, et des alliés, les banquiers français et étrangers.

Le récent refinancement, ce jour, du Trésor français montre à quel point la finance sait reconnaitre les siens. La France peut continuer à pomper sur les marchés autant qu’elle veut à des taux nuls ou dérisoires.
C’est la récompense. Formulée ainsi: vous nous aidez à faire notre plein, vous nous aidez en imposant des politiques de régression généralisée et nous vous récompensons en vous permettant de continuer à dépenser, creuser les déficits, emprunter.

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La France a levé 8,817 milliards d’euros sur le marché le 15 Novembre 2012, lors d’un emprunt à moyen terme et long terme, dont des titres indexés sur l’inflation, qui s’est soldé par des taux au plus bas historique pour les obligations de référence à 2 et 5 ans. La France a une nouvelle fois bénéficié de conditions d’emprunt très favorables, comme en témoigne la faiblesse des taux consentis, mais également une demande des investisseurs deux à trois fois supérieure à l’offre du Trésor. 

L’Agence France Trésor (AFT), chargée de placer la dette française sur les marchés, a d’abord emprunté 7,487 milliards d’euros à moyen terme, pour un objectif entre 6,5 et 7,5 milliards d’euros. 

Dans le détail, le pays a emprunté 2,537 milliards d’euros à échéance septembre 2014 au taux de 0,10%. Le taux est au plus bas historique pour une obligation de référence à 2 ans, effaçant le record du 18 octobre (0,19%). 

Il a emprunté également 2,815 milliards d’euros à échéance juillet 2017, au taux 0,76%, contre 0,92% le 18 octobre. Il s’agit là encore d’un plus bas historique pour le taux, pour un précédent record le 19 juillet (0,86%). Et il a encore emprunté 2,135 milliards d’euros à échéance avril 2015, au taux de 0,16%, en chute par rapport au 0,95% enregistré le 16 mai, soit avant le grand mouvement de détente des rendements français.

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Les alibis auxquels, évidemment, tout le monde se laisse prendre, à droite comme à gauche et au milieu, sont :

– La soi-disant réduction des inégalités
– La soi-disant lutte contre la fraude fiscale
– La soi-disant reconquête de la compétitivité

….En attendant la tarte à la crème de la réforme des retraites et de la Sécurité Sociale qui permettra de s’attaquer aux salaires indirects.

BRUNO BERTEZ Le Jeudi 15 Novembre 2012

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7 réponses »

  1. @Bruno berthez. Je ne partage pas votre analyse sur l’évolution de l’OAT. Les marchés font crédit à Hollande de sa volonté de contenir le déficit non nonobstant le fait qu’il le fasse davantage par l’augmentation des recettes que la réduction des dépenses. Mais ceci peut très vite changer. Biensur que le consensus haussier sur le taux français a été cassé mais ça ce n’est pas une surprise pour qui connait le fonctionnement des marchés financiers. Surtout le marché à compris que l’euro était peut-être irréversible mais que ce qu’il était encore plus c’était le couple franco-allemand. Il y a un pays qui peut entraîner l’Allemagne dans sa chute et c’est la France donc il était anormal que le spread Bund-OAT s’écarte trop. Les allemands valident cette thèse aujourd’hui puisqu’ils en sont presque à faire des recommandations à la France.

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    • @seb

      Ce que vous precisez ne change rien au raisonnement. Comme vous dites »les marchés font crédit à Hollande ». Ils ne feraient pas crédit à Mélenchon ou à moi sachant que je suis pour la restructuration forcée et le moratoire .

      Deux éléments sont venus apaiser les craintes sur la politique de Hollande:

      -la campagne londonnienne de Hollande avant le scrutin

      -la vigoureuse action de conférences privées tenues par des grandes banques pour rassurer les mileux fianciers, conferences,road show, absolument cyniques qui m’ont confirmé dans mes propres analyses et,des cette époque font, fait assimiler Hollande à Mitterrand.

      Par ailleurs les déclarations sur l’irréversiblité de l’euro, lesquelles ne valent rien d’autre que déclarations d’intention, ces déclarations sont postérieures à la forte hausse du contrat OAT. Les achats asiatiques sont, eux aussi bien antérieurs aux declarations sur l’irréversibilité.

      Je precise, afin que cela ne soit pas obscurci par l’incidente sur l’OAT, que le sens de l’analyse est contenu dans le titre du papier :

      non Francois Hollande n’a pas changé de cap… la suite est sous entendue …il n’a fait que révéler au fil des semaines, ce qu’il avait dissimulé, à savoir que sous des habillages de changement- le changement c’est maintenant- il avait peur de la rupture et était rallié dés le départ à une politique de « compliance ». Et c’est cela l’essentiel aussi bien pour les gens de la première gauche dure qui lui retirent son soutien que pour les classes moyennes qui sont victimes de ce choix.

      merci de votre fidélité

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  2. Je vois mal où cette politique peut nous mener. On annonce un record du chômage de tous les temps à l’horizon. En admettant que le démantèlement du système social et la casse des contrats de travail arriveront ne serait-ce qu’à équilibrer le budget, et ce malgré l’insolvabilité de la Grèce, peut-être l’effet domino qui s’en suivra, une possible récession durable, on parle alors du remboursement de la dette sur combien de temps ? 25, 30, 40 ans minimum ? Avec comme promesse pour le peuple de vivre au niveau d’un pays en voie de développement ?

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  3. Vendredi 16 Novembre 2012 La France pour cible.

    Nous avons, il y a peu produit un papier dans lequel nous constations et commentions le regain d’attaques sur la France, attaques convergentes mais non concertées.

    The Economist vient de confirmer le bien fondé de notre remarque en publiant un article de grand retentissement: « France is Europe’s time bomb ».

    The Economist n’a jamais été tendre avec la France et ce pour beaucoup de raisons aussi bien historiques qu’idéologiques. Ici s’ajoute le choc frontal entre la Grande Bretagne et la France sur la question du budget européen.

    L e journal remarque comme nous l’avons fait et comme nous le refaisons régulièrement que la campagne présidentielle française a escamoté les vrais enjeux et débats et que non seulement Hollande a pu s’installer dans le déni, mais aussi dissimuler la réalité de sa future politique: Voir notre article, « non Hollande n’a pas changé de cap ».

    Nous ne reprendrons pas les arguments de The Economist. Certains recouvrent nos propres analyses, d’autres non

    Dans une certaine mesure, cependant nous sommes d’accord sur les conclusions, la France est une bombe à retardement .Mais nous répétons inlassablement que le pouvoir de retarder l’inéluctable dans le monde actuel de propagande et de fausse monnaie, ce pouvoir est formidable. Le prix à payer pour retarder les échéances étant bien sur, l’aggravation en profondeur de la situation du pays et la destruction des principes et valeurs sur lesquels il fonctionne.

    Nous insistons régulièrement pour dire que la détérioration est générationnelle et que les illusions des constructivistes qui prétendent détenir les remèdes ne font qu’aggraver le mal ou les maux.

    Aucun gouvernement ne se fixe de véritable priorité de long terme acceptable et compréhensible pour tous. Ce ne sont que recherches médiocres de petits optimum de court terme, gagnés sur le dos d’une partie de la population au détriment d’une autre, ou gagnés dans le présent au détriment du futur. Pas de vision du « tout », pas de vision du tout : chien crevé au fil de l’eau.

    Promouvoir la prospérité, la paix dans le respect des libertés individuelles devrait pourtant être un projet acceptable et mobilisateur; Eh bien non, personne ne s’en réclame. Les politiques ne se définissent qu’en réaction, en négation, inspirées qu’elles sont par le « ôte toi de là que je m’y mette » . En conséquence les votes et élections se font par défaut et, on le voit après six mois, aucun gouvernement ne réussit à conserver la moindre légitimité, donc aucun mandat pour agir et emporter l’adhésion.

    Faute d’adhésion, on tombe de façon constante dans le clientélisme, on accumule les dépenses, les déficits , les endettements et surtout, les promesses non financées comme les retraites et les protections sociales.

    Le vieillissement des populations, la chute dramatique du ratio de population active au travail sur population inactive garantit la catastrophe, mais qu’importe on continue de promettre, de favoriser la consommation addictive, de décourager l’épargne et bien sur, l’investissement. Au lieu de préparer l’avenir, les gouvernements se bornent à acheter le présent. Les grands débats sont des diversions dérisoires sur le vote des immigrés et le mariage homosexuel.

    Il y a une résistance forcenée a admettre rien que la réalité de la situation, encore plus à proposer un vrai diagnostic. Les diagnostics découlent des remèdes, des faux remèdes, que l’on veut, à priori imposer. On marche sur la tète, les maladies sont en quelque sorte déterminées non par le travail et l’intelligence mais par le remède que l’on a choisi de proposer pour satisfaire l’opinion que l’on entend conquérir. Ainsi des stupidités sur la desincitation au travail et à l’épargne qui sont les deux mamelles de la prospérité.

    La France est fondamentalement « broke » , elle dysfonctionne, beaucoup plus que les Etats Unis dont elle se gausse. La dette française réelle est colossale sous tous les aspects, quels que soient les modes de calcul, pourvu que l’on veuille bien faire les calculs honnêtement. Les dépenses futures non couvertes sont parmi les plus importantes du monde industrialisé. Et surtout la marge de prélèvement fiscal et parafiscal est beaucoup plus restreinte en raison de pourcentages de prélèvement étatiques et paraétatiques parmi les plus élevés du monde. Le potentiel pour prélever beaucoup plus sans révolte ou sans grippage de l’activité est faible, On le voit déjà maintenant, pour tenir , pour masquer et reporter les échéances, il faut déjà en arriver à l’autoritarisme, au contrôle, à l’antagonisation des groupes sociaux les uns contre les autres. Il faut en arriver à la dénonciation des amis et alliés allemands, détruire les relations.

    C’est en ce sens que la France constitue une bombe à retardement. Elle a déjà fait beaucoup de chemin, elle a de l’avance dans la délitation.

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  4. Vendredi 16 novembre 2012 :

    La Grèce va rembourser vendredi sans difficultés 5 milliards d’euros de créances.

    La Grèce va pouvoir rembourser vendredi 5 milliards d’euros de titres à court terme grâce à la levée de fonds menée en début de semaine pour compenser le retard de ses bailleurs de fonds UE et FMI à reprendre leur perfusion financière, a indiqué l’Agence de gestion de la dette publique (PDMA).

    C’est la deuxième fois depuis août que le pays doit lever des montants exceptionnels à court terme pour tenir ses échéances. Mardi, il a levé 4,062 milliards d’euros en titres à un et trois mois, ensuite portés à 5 milliards par les offres non-compétitives, à des taux respectifs de 3,95% et de 4,2%.

    Le ministre des Finances, Yannos Stournaras, a toutefois prévenu mardi que ces acrobaties financières avaient leurs limites, mettant en garde contre un risque très élevé de faillite du pays si UE et FMI continuaient à tergiverser pour débloquer le versement de prêts gelés depuis juin.

    http://www.romandie.com/news/n/_La_Grece_va_rembourser_vendredi_sans_difficultes_5_mds_EUR_de_creances_43161120121014.asp

    « Acrobaties financières » : c’est un euphémisme.

    Lundi 12 novembre : la Grèce déclare qu’elle n’a plus un seul euro dans ses caisses : la Grèce annonce qu’elle sera incapable de rembourser un prêt de 5 milliards qui arrive à échéance le 16 novembre.

    Mardi 13 novembre : la Grèce lance un emprunt exceptionnel de 5 milliards d’euros.

    Trois jours après, vendredi 16 novembre : grâce à cet emprunt exceptionnel de dernière minute, la Grèce peut rembourser les 5 milliards d’euros.

    En Grèce, le gouvernement navigue à vue : il n’a aucune visibilité au-delà de trois jours.

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  5. Vous avez bien raison de taper sur les journalistes, mais simplement, si l’on est pas déjà moue du bulbe, on cherche l’information chez les gens qui ont encore des choses à nous dire ( ici par exemple ). Et si on ne veux pas le devenir (moue du bulbe) on écoute les mass médias simplement pour analyser les messages qu’ils cherchent à transmettre (ce qui se fait ici aussi ^^)

    Mais! Il existe encore des journalistes politiques qui font le boulot! Ce cher Eric Zemmour a bien décrit ces incohérences du programme de Hollande, et le fait que sa campagne étant basé sur le rejet de Sarkozy, on s’en foutait du programme. Il a prévu également la soumission à Merkel et le plat de lentille du mot croissance façon Jospin, la hausse de CSG et de TVA au nom de l’Europe. Hollande héritier de Delors toussa toussa. A la télé. A la radio. Avec un minimum d’effort, on était prévenu.

    Ce même Zemmour se paye le luxe, ce matin même, d’une petite analyse de la conférence de presse de Hollande, selon votre grille de lecture :
    – A qui s’adressait-il? Aux journalistes
    – D’où parlait-il? Du point de vue europeïste qui sied si bien à ces mêmes journalistes, eux même larbins des kleptos, comme vous les nommez.
    http://www.rtl.fr/emission/la-chronique-d-eric-zemmour/ecouter/la-chronique-d-eric-zemmour-hollande-a-mene-le-bal-a-l-elysee-pour-les-journalistes-7754742008

    Et ça marche! Alors que tous les éditorialistes commençaient à lui tapé dessus, ils ont l’air maintenant très satisfait.

    Tout ça pour en venir au fait que j’ai l’impression que vous donnez trop d’importance à nos politiciens systèmes, que rien ne différencie sur le fond. Vous leur prêtez des intentions de conquêtes de pouvoir, façon « ôte toi de la que je m’y mette » alors qu’il ne cherche que l’apparence du pouvoir, qu’ils ont soldé tous les leurs, et perdu tous les attribues de souveraineté du pays.
    Bref qu’ils ne sont plus désormais que de simple agents de relation public, aux services des vrais kleptos qui tiennent les cordons de la bourse.
    Certains aurait pu avoir un rôle klepto-moteur, type strauss kahn ou un goldman sachs boys, mais la plupart se contentent de suivre de jouir des apparences. Leur politique est le néant, l’absence de politique, la « gouvernance » type système, la réaction à l’émotion, médiatique.

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