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Suisse/ Pascal Couchepin: «Notre force, c’est la liberté économique» (Avec Commentaire de Bruno Bertez)

Suisse/ Pascal Couchepin: «Notre force, c’est la liberté économique» (Avec Commentaire de Bruno Bertez)

AVANT PROPOS DE Bruno Bertez

 Le texte de Couchepin est remarquable de clairvoyance, ce qui est rare, et de simplicité. On n’est pas dans le pathos français qui cherche à faire prendre des vessies pour des lanternes par la pseudo complexité de la pensée. Dégustez-le, faites le lire à vos amis et ennemis. Ces derniers, sans espoir de les convaincre bien sûr, ils resteront ignorants… mais un peu moins!

Couchepin va à l’essentiel : atteignable par la pensée classique, mécanique !… atteignable par l’économie fondée sur le bon sens et l’évidence.

Hélas, je suis désolé de dire que c’est insuffisant. L’économie n’est pas un ensemble de juxtapositions dont la logique est accessible par l’analyse/synthèse, l’économie est un ensemble d’interrelations organiquement liées et de façon complexe, organiques, dialectiques à partir d’un élément central , le profit ou encore, le surproduit.. Et le surproduit suisse est menacé!

L’économie suisse marche bien, parce que c’est encore une économie de liberté! Mais la société suisse se modifie en profondeur, elle évolue comme il le dit vers plus de rigidité, moins de liberté. Ce qui signifie à terme moins d’incitation à produire des richesses, à prendre des initiatives. Une économie est le reflet productif d’une société, Je n’insiste pas…

Second point, en système capitaliste, le potentiel de développement dépend de la taille du profit, de la taille du surproduit et de la masse d’épargne que l’on peut mobiliser. Retenons le terme surproduit, c’est à dire ce qui excède les besoins courants, cela suffit à comprendre ce qui va se passer.

 La Suisse évolue vers le socialisme à l’intérieur et la banalisation à l’extérieur. Cela veut dire que deux grandes forces vont se conjuguer pour réduire le surproduit.

En perdant sa spécificité financière et bancaire la Suisse va perdre un surproduit qui va dépasser très largement la mesure faite par les parts dans le GDP ou autre mesure simples, car fonctionnellement le surproduit a dans une économie a un effet induit multiplicateur colossal, et le plus souvent non vu, non perçu. Le surproduit est ce pourquoi on se fatigue, c’est un moteur et un objectif!

On devine que les taux d’intérêt très bas, historiquement bas, toujours bas en Suisse ont rapport avec l’excès d’épargne et de surproduit. On devine que le pouvoir d’achat élevé a rapport avec la propagation des salaires élevés du secteur rentier privilégié que constituent la banque et la finance.

On devine que le faible chômage a rapport avec ces deux éléments ci-dessus, il suffit de lire la fable des abeilles de MANDEVILLE pour comprendre comment la richesse des uns se propage aux autres et irrigue tout un système.

Nous aurons l’occasion de revenir sur ces questions sérieuses.

Il est grand temps que les élites suisse se mettent au travail et :

-Cherchent à comprendre les origines du miracle, de la spécificité suisse, qu’ils abandonnent l’idée que le suisse est exceptionnelle, tout est produit dans un système, changez les conditions de production du système et tout, peu à peu change.

-Isolent dans le système suisse ce qui est organiquement, dialectiquement à l’origine de la production d’un système aussi performant, avec niveau de vie élevé, chômage faible, inflation nulle, éducation et apprentissage modèles etc…

 -S’interrogent sur les conséquences des mutations actuelles sur les principes de base constitutionnels, sur la possibilité de maintien de l’autosuffisance alimentaire, le statut de l’agriculture, la possibilité de garder une défense populaire etc.

Nous soutenons que la tension sur les ressources et revenus qui domine les autres pays d’Europe, le chômage, les tendances inflationnistes, tout cela va au fil des décennies apparaitre en Suisse.

La contraction du surproduit, l’euthanasie de la rente, la lutte pour maintenir le taux de profit va produire en Suisse les mêmes effets que ceux qu’elle produit dans le monde entier, elle va produire un système diffèrent, banalisé, dont le modèle hélas se trouve chez les voisins.

Déjà on voit des LIDL et   ALDI, déjà on sent le malaise dans la société, les lignes de fracture, déjà on voit la montée des formations politiques qui incarnent la préservation. Tout cela est déjà en route, peu à peu la boule de neige va prendre de la vitesse.

Les sociétés n’évoluent pas en linéaire, mais en géométrique, en tout ou rien, en effets de seuil.

Dans une perspective de long terme, une perspective générationnelle, il faut oser être audacieux, radical. C’est ce qui est caché enfoui qui gouverne le long terme, ce ne sont pas les paramètres de surface.

Nous avançons l’idée que ce qui produit la liberté Suisse c’est la prospérité, c’est l’existence d’un surproduit hors normes, d’un taux de profit du système exceptionnel. C’est quand il y a du surplus à partager, du grain à moudre, de la graisse, de l’huile dans les rouages que le système est fluide, qu’il peut se permettre le luxe de la liberté.

Nous avançons donc l’idée que la liberté suisse st non pas une cause mais une conséquence, un produit de sa situation spécifique. Supprimez la spécificité et les rouages gripperont, le système se rigidifiera, le dirigisme compensera le libre jeu des rouages, la tentation, tendance socialiste se développera, en un cercle vicieux.

Bien sur cette analyse est non conformiste, elle opère un renversement, mais l’histoire récente vient la valider, l’histoire proche à venir la fera apparaitre aux consciences, même les plus bornées

Dans une Europe en crise, la Suisse fait figure de paradis économique. Mais qu’est-ce qui fait le succès de ce pays? Cela peut-il durer? Réponses avec l’ancien ministre de l’Economie suisse.

Pull bleu, jeans, souriant, Pascal Couchepin a l’air en forme, dans son bureau qui donne sur la place centrale de Martigny. Le lendemain, il s’envole au Cameroun dans le cadre de l’Organisation internationale de la francophonie pour y suivre les élections législatives. Des piles de papiers et dossiers jonchent le sol et la table de son bureau, preuves que sa retraite est active. «Si on peut encore un peu travailler passé l’âge de la retraite, ça ne fait pas de mal», dit-il. Frappés par les dernières prévisions annonçant une croissance helvétique en hausse (1,8% en 2013, 2,3% pour 2014) dans une Europe pourtant en crise, ce n’est pas tant l’ancien président de la Confédération que nous sommes venus voir, mais l’ex-chef du Département fédéral de l’économie.

Monsieur Couchepin, comment expliquer ce miracle économique helvétique?

Cela n’a rien d’un miracle. La Suisse a une situation saine. La croissance est essentiellement induite par la consommation intérieure, et la consommation intérieure est portée par l’augmentation de la population. Nous avons une croissance démographique nette de 70 000 personnes par an, des gens souvent avec un bon niveau de revenu qui dépensent en Suisse; 70 000 personnes, c’est presque 1% de la population et essentiellement des personnes actives.

 Mais qu’est-ce qui explique la particularité de cette situation en Europe?

 La liberté économique. En Suisse, on n’a pas cherché à protéger des secteurs qui n’étaient plus concurrentiels au niveau international. Je me rappelle qu’à la fin de la guerre de 39-45, 200 000 personnes travaillaient dans l’industrie textile. Sauf erreur, il en reste aujourd’hui 5000. L’industrie horlogère comptait jusqu’à 90 000 employés dans les années 50. Même si le secteur est florissant, il en emploie un peu plus de 50 000 aujourd’hui et s’est repositionné sur l’horlogerie de luxe. On a laissé l’économie se développer naturellement. Certaines industries ont disparu, d’autres sont nées. Par ailleurs, on n’a pas tapé fiscalement sur la tête des entreprises qui réussissent, et depuis la libre circulation, on a trouvé le personnel nécessaire pour faire face aux besoins des industries. 

Mais tous ces facteurs sont-ils si différents de ce qui se fait ailleurs?

 Déjà, nous n’avons pas de salaire minimum, même pour ceux qui auraient une capacité de gains faible, quitte à compléter leur salaire par un appui de l’Etat. Par conséquent, nous faisons le pari du plein-emploi. La France a fait un autre choix, estimant qu’en dessous d’un certain salaire, votre dignité commande de ne pas travailler. Corollaire: il y a plus de chômage. Nous n’avons pas défendu d’industries obsolètes; la France a défendu les charbonnages, et chaque fois qu’une entreprise craque, la région ou l’Etat central vole à son secours. 

Un taux de chômage de 3%, n’est-ce pas un miracle face aux 25% de l’Espagne ou aux 11% de l’Union européenne?

 En Suisse, le niveau de formation est bon, le système dual très efficace. L’assurance chômage incite les gens à retrouver rapidement un travail et les offres d’emploi sont là car l’économie est ouverte. Il n’y a pas de rigidités qui empêchent la création d’emplois, et l’innovation existe.

 Fait-on mieux que les autres?

Bien sûr! Mais les mois qui viennent sont dangereux car les socialistes, en particulier, nous proposent de faire comme les autres. C’est-à-dire introduire des rigidités qui conduiront inéluctablement à une perte de compétitivité et une augmentation du chômage: le salaire minimum, l’initiative 1:12. Et puis je pense aussi que s’il est juste de souhaiter le développement des énergies durables, nous sommes en train de gaspiller des sommes considérables dans leur subventionnement. Si on paie aux gens l’énergie à prix coûtant, ils n’ont aucun intérêt à chercher à être plus efficaces. Ce n’est pas sain du point de vue de l’innovation. L’Allemagne a mis 50 milliards sans adapter les réseaux et maintenant, ils doivent battre en retraite. 

Cette situation économique privilégiée peut-elle durer en Suisse?

 Comme on dépend beaucoup des exportations, cela dépendra de nos voisins, et notamment de l’Allemagne. Tant que l’Allemagne marche bien, les industries d’exportations suisses en bénéficieront car même si la Suisse s’est quelque peu diversifiée, elle reste notre client principal. C’est pour cela que je suis assez inquiet de la ré-élection de madame Merkel… 

Les attaques fiscales de la France ou des Etats-Unis contre la Suisse sont donc sans effet sur notre économie?

 Non, elles ont de l’effet sur l’industrie bancaire et la place financière. Quand j’étais encore au Conseil fédéral, l’industrie bancaire représentait 13 ou 14% du PIB. Aujourd’hui, ce n’est plus que 8 ou 9%. Regardez aussi le canton de Zurich: il se débat avec des problèmes financiers. Ces problèmes viennent essentiellement du fait que les banques à Zurich ne vont plus payer d’impôts car leur bénéfice est faible ou qu’il compense des pertes des années précédentes. Donc ces attaques ont un effet, c’est certain. 

Pour le moment, on ne le constate pas puisque le PIB a encore augmenté. Les pertes ont été compensées par d’autres secteurs. Au final, on pourrait dire que ce n’est pas si grave, non?

 Ce n’est pas si grave, mais cela a un effet. Il a fallu être innovateur ailleurs. Le trading s’est par exemple développé à Genève, l’assurance et la réassurance à Zurich, mais il y a tout de même moins d’emplois dans le secteur financier qu’auparavant. Et si le trading était menacé par des mesures étatiques, je ne sais pas ce que l’on ferait à la place. A Genève, c’est un secteur qui est devenu essentiel. 

L’entreprise Yahoo a quitté son siège à Rolle, Merck Serono est parti en Allemagne. Est-ce un avant-goût de ce qui nous attend dans les prochaines années?

 Certaines entreprises viennent en Suisse, d’autres la quittent. Cela montre que nos concurrents ne sont pas restés inactifs, notamment l’Irlande et la Grande-Bretagne. Ils ont amélioré leurs conditions-cadres au moment même où nous sommes tentés de les rendre moins bonnes à travers un certain nombre d’initiatives. Ces sociétés ont horreur des interventions étatiques. Il y a déjà eu l’initiative Minder, maintenant l’initiative 1:12 et bientôt celle sur le salaire minimum. Si elles passent, je peux vous assurer que le départ de Yahoo serait alors un signe des temps durable. Mais même sans l’acceptation de ces initiatives dangereuses, nos concurrents mettent le paquet. 

Quels dangers nous guettent-ils?

 La dégradation des conditions-cadres, que l’on affecte mal l’argent disponible pour les pouvoirs publics. La question qui se pose ensuite est de savoir si la conjoncture favorable, dépendant comme je l’ai dit de l’immigration, peut continuer ainsi. On n’a pas besoin d’être xénophobe pour se demander s’il est raisonnable de voir arriver l’équivalent de deux villes comme La Chaux-de-Fonds chaque année. Je n’ai pas de réponse concrète, mais il faudra chercher une solution consensuelle, qui ne soit pas considérée comme agressive par nos partenaires étrangers. 

Et quels sont nos atouts?

 La bonne santé financière de l’Etat. Des institutions sociales qui ne sont pas endettées. Une capacité d’innovation certaine. Mais il ne faudrait pas que par petites touches, on détruise ce qui fait notre force, soit la liberté économique. Cette liberté économique, je le reconnais, est très exigeante pour le citoyen. Cela signifie beaucoup de responsabilités pour l’individu, la nécessité d’être souple, être prêt à se reconvertir, mais cela offre aussi des chances. Si l’on s’adosse à l’Etat, on peut avoir l’illusion de la sécurité un certain temps mais après, on le voit bien, cela ne fonctionne pas. Schröder était socialiste, mais il a fait des réformes libérales en Allemagne. Hollande hésite en France, mais il sera bien obligé de s’y résoudre d’ici à un ou deux ans. 

Face aux attaques étrangères, défend-on mal notre économie?

 On s’adapte à l’évolution des temps. Un modèle bancaire fondé sur l’évasion fiscale, un jour ou l’autre, cela devait se terminer. Je me souviens qu’un directeur général du Credit Suisse m’avait dit, dans les années 90, que lorsqu’il avait été nommé à ce poste, le président du conseil d’administration lui avait demandé d’imaginer l’avenir de la banque sans secret bancaire. 

Et il ne l’a pas fait?

 C’était tellement confortable! Encore que cette banque n’a pas eu besoin de recourir au secours de l’Etat, contrairement à d’autres. 

Le Conseil fédéral a été beaucoup attaqué sur son attitude, vous le défendez?

 Oui, je le défends. Battre en retraite, comme cela a été le cas, est l’opération la plus difficile à mener, comme la désescalade en montagne. Il faut reculer sans paniquer et sans désordre. C’est très difficile en politique aussi. 

La Suisse va bien mais il y a aussi des problèmes, une insécurité grandissante. Comment réagissez-vous à l’assassinat d’Adeline à Genève ou de Marie dans le canton de Vaud?

 Ce sont des drames épouvantables qui appellent une réflexion critique sur le système pénitentiaire. Mais malheureusement, on n’aura jamais un système parfait. Jamais, je dirai, parce ces morts sont inadmissibles, qu’elles étaient inévitables, mais une sécurité totale n’existe pas. Cela n’enlève rien au caractère odieux de ces assassinats. 

Mais que faire contre ces criminels, faut-il tous les enfermer?

Certains doivent sûrement être enfermés à vie, mais avec un réexamen périodique. Avec le risque, à chaque examen périodique, de se tromper. Il faut minimiser les risques, ne pas être naïf, mais vous n’aurez jamais une société sans risque. On ne peut pas enfermer les prisonniers à vie sans possibilité de retour. C’est dire d’un homme qu’il est tellement pervers qu’il doit disparaître de la société, une sorte de peine de mort civile. Mais qui peut dire ce que sera un être humain dans trente ans?

Par Frédéric Vassaux–  02.10.2013 l’llustré

http://www.illustre.ch/illustre/article/pascal-couchepin-%C2%ABnotre-force-c%E2%80%99est-la-libert%C3%A9-%C3%A9conomique%C2%BB

5 réponses »

  1. Le texte de Couchepin est remarquable de clairvoyance, ce qui est rare, et de simplicité. On n’est pas dans le pathos français qui cherche à faire prendre des vessies pour des lanternes par la pseudo complexité de la pensée.

    Dégustez-le, faites le lire à vos amis et ennemis. Ces derniers, sans espoir de les convaincre bien sûr, ils resteront ignorants… mais un peu moins!

    Couchepin va à l’essentiel : atteignable par la pensée classique, mécanique !… atteignable par l’économie fondée sur le bon sens et l’évidence.

    Hélas, je suis désolé de dire que c’est insuffisant. L’économie n’est pas un ensemble de juxtapositions dont la logique est accessible par l’analyse/synthèse, l’économie est un ensemble d’interrelations organiquement liées et de façon complexe, organiques, dialectiques à partir d’un élément central , le profit ou encore, le surproduit.. Et le surproduit suisse est menacé!

    L’économie suisse marche bien, parce que c’est encore une économie de liberté! Mais la société suisse se modifie en profondeur, elle évolue comme il le dit vers plus de rigidité, moins de liberté. Ce qui signifie à terme moins d’incitation à produire des richesses, à prendre des initiatives. Une économie est le reflet productif d’une société, Je n’insiste pas…

    Second point, en système capitaliste, le potentiel de développement dépend de la taille du profit, de la taille du surproduit et de la masse d’épargne que l’on peut mobiliser. Retenons le terme surproduit, c’est à dire ce qui excède les besoins courants, cela suffit à comprendre ce qui va se passer.

    La Suisse évolue vers le socialisme à l’intérieur et la banalisation à l’extérieur. Cela veut dire que deux grandes forces vont se conjuguer pour réduire le surproduit.

    En perdant sa spécificité financière et bancaire la Suisse va perdre un surproduit qui va dépasser très largement la mesure faite par les parts dans le GDP ou autre mesure simples, car fonctionnellement le surproduit a dans une économie a un effet induit multiplicateur colossal, et le plus souvent non vu, non perçu. Le surproduit est ce pourquoi on se fatigue, c’est un moteur et un objectif!

    On devine que les taux d’intérêt très bas, historiquement bas, toujours bas en Suisse ont rapport avec l’excès d’épargne et de surproduit. On devine que le pouvoir d’achat élevé a rapport avec la propagation des salaires élevés du secteur rentier privilégié que constituent la banque et la finance.

    On devine que le faible chômage a rapport avec ces deux éléments ci-dessus, il suffit de lire la fable des abeilles de MANDEVILLE pour comprendre comment la richesse des uns se propage aux autres et irrigue tout un système.
    Nous aurons l’occasion de revenir sur ces questions sérieuses.

    Il est grand temps que les élites suisse se mettent au travail et :

    -Cherchent à comprendre les origines du miracle, de la spécificité suisse, qu’ils abandonnent l’idée que le suisse est exceptionnelle, tout est produit dans un système, changez les conditions de production du système et tout, peu à peu change.

    -Isolent dans le système suisse ce qui est organiquement, dialectiquement à l’origine de la production d’un système aussi performant, avec niveau de vie élevé, chômage faible, inflation nulle, éducation et apprentissage modèles etc…

    -S’interrogent sur les conséquences des mutations actuelles sur les principes de base constitutionnels, sur la possibilité de maintien de l’autosuffisance alimentaire, le statut de l’agriculture, la possibilité de garder une défense populaire etc.

    Nous soutenons que la tension sur les ressources et revenus qui domine les autres pays d’Europe, le chômage, les tendances inflationnistes, tout cela va au fil des décennies apparaitre en Suisse.
    La contraction du surproduit, l’euthanasie de la rente, la lutte pour maintenir le taux de profit va produire en Suisse les mêmes effets que ceux qu’elle produit dans le monde entier, elle va produire un système diffèrent, banalisé, dont le modèle hélas se trouve chez les voisins.

    Déjà on voit des LIDL et ALDI, déjà on sent le malaise dans la société, les lignes de fracture, déjà on voit la montée des formations politiques qui incarnent la préservation. Tout cela est déjà en route, peu à peu la boule de neige va prendre de la vitesse.

    Les sociétés n’évoluent pas en linéaire, mais en géométrique, en tout ou rien, en effets de seuil.

    Dans une perspective de long terme, une perspective générationnelle, il faut oser être audacieux, radical. C’est ce qui est caché enfoui qui gouverne le long terme, ce ne sont pas les paramètres de surface.

    Nous avançons l’idée que ce qui produit la liberté Suisse c’est la prospérité, c’est l’existence d’un surproduit hors normes, d’un taux de profit du système exceptionnel. C’est quand il y a du surplus à partager, du grain à moudre, de la graisse, de l’huile dans les rouages que le système est fluide, qu’il peut se permettre le luxe de la liberté.

    Nous avançons donc l’idée que la liberté suisse st non pas une cause mais une conséquence, un produit de sa situation spécifique. Supprimez la spécificité et les rouages gripperont, le système se rigidifiera, le dirigisme compensera le libre jeu des rouages, la tentation, tendance socialiste se développera, en un cercle vicieux.

    Bien sur cette analyse est non conformiste, elle opère un renversement, mais l’histoire récente vient la valider, l’histoire proche à venir la fera apparaitre aux consciences, même les plus bornées.

  2. « En perdant sa spécificité financière et bancaire la Suisse va perdre un surproduit qui va dépasser très largement la mesure faite par les parts dans le GDP ». On pourrait dire la même chose du Luxembourg, le pays le plus riche au monde par habitant. L’un est dans la zône euro, l’autre pas et pourtant ces 2 pays ont à peu de chose près les mêmes forces et les mêmes faiblesses… Je crois que les suisses n’ont pas l’humilité de reconnaître que leur réussite est fondée sur un particularisme, à savoir le secret bancaire. C’est ce particularisme qui a permis la réussite de l’industrie bancaire suisse et a irrigué le reste de l’économie par capillarité. Les suisses n’ont fait que profiter intelligemment des turpitudes des états voisins et devraient avoir l’humilité de le reconnaître pour penser lucidement à l’après…

    • Seriez vous en train de poser comme principe SEB que l’état français « prédateur et confiscateur » qui organise ses propres paradis fiscaux et les niches qui vont avec, serait plus « moral » et davantage dans son bon droit que la Suisse et son secret bancaire ?

  3. Seb, la particularité de la Suisse, c’ est le fait que le peuple vote et a toujours le dernier mot. Tout le reste ne fait qu’ en découler.
    Et il y a une réponse que je fais toujours aux Français qui tiennent votre discours : la manne financière qui a afflué vers la Suisse n’ est que peu de chose en comparaison des fruits du pillage des colonies qui a eu lieu pendant des siècles, au profit de la France (entre autres). Cela aussi, aurait très bien pu « irriguer le reste de l’ économie par capillarité » dans les pays ex-colonialistes. Pourquoi cela n’ est-il pas arrivé ?
    Sur ce coup, je vous trouve réducteur.

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