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Les dix prédictions « outrageuses » pour 2014 de Steen Jakobsen (Saxo Bank)

Les dix prédictions « outrageuses » pour 2014 de Steen Jakobsen (Saxo Bank) 

Steen Jakobsen. Les prévisions du chef économiste de Saxo Bank sont très politiquement incorrectes. Une seule s’est réalisée en 2013.

Saxo Bank publie  sa traditionnelle série de «prédictions scandaleuses» pour 2014. Malgré la faible probabilité que la moindre de ces prédictions se réalise, ces dernières sont stratégiquement déduites par les analystes de la banque, en fonction d’une série d’événements politiques et de situation sur les marchés vraisemblables.

Steen Jakobsen, chef économiste chez Saxo Bank, commente ces prévisions: «Nous insistons sur le fait que les prédictions scandaleuses ne doivent pas être interprétées comme les prévisions officielles de Saxo Bank pour l’année 2014. Elles constituent plutôt un exercice visant à percevoir quels sont les principaux risques qui pèsent sur la préservation du capital et visent à encourager les investisseurs à se préparer au pire des scénarios avant de réaliser des opérations ou d’investir». En décembre 2012, la banque se pliait au même exercice. Nous avons comparé ses prédictions par rapport à la réalité de 2013 

Les prévisions chocs de cette année vont de l’annulation par la Banque du Japon de la totalitéde sa dette publique, en passant par une prévision de méchante gueule de bois pour les poids lourds du secteur technologique, à une chute des prix du pétrole de brut Brent. 

«A l’heure actuelle, la richesse mondiale et la répartition des revenus restent asymétriques, laissant entrevoir plus que jamais un changement significatif en raison de déséquilibres insoutenables, précise la banque dans son communiqué. 2014 pourrait et devrait être l’année qui verra un mandat pour le changement devenir non seulement nécessaire, mais aussi être mis en œuvre». Voici donc les 10 prédictions scandaleuses pour l’an prochain. 

1. L’impôt sur le patrimoine à l’échelle de l’Union Européenne laisse augurer le retour d’une économie de style soviétique 

Affolée par la déflation et l’absence de croissance, la Commission européenne décrète un impôt sur le patrimoine à tous les individus disposant d’une épargne supérieure à 100’000 euros ou dollars au nom de la réduction des inégalités et pour réunir suffisamment d’argent afin de constituer un bouclier «anti crise». Cela constitue le dernier pas vers un Etat européen totalitaire peu respectueux des libertés individuelles et du droit à la propriété. En de telles circonstances, il faut acheter des actifs réels et vendre les actifs intangibles surévalués. 

2. L’alliance souverainiste devient le principal groupe parlementaire à Strasbourg 

Après les élections au Parlement européen en mai, une alliance souverainiste paneuropéenne devient le principal groupe parlementaire à Strasbourg. Le nouveau Parlement européen désigne un président anti UE et les chefs d’Etat et de gouvernement européens ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la désignation d’un président de la Commission européenne, précipitant ainsi l’Europe dans une nouvelle crise politique et économique. 

3. Les cinq poids lourds du secteur technologique se réveillent en 2014 avec une sacrée gueule de bois 

Tandis que le secteur américain des technologies de l’information affiche une décote de 15% par rapport à la valorisation actuelle de l’indice S&P500, un petit groupe de valeurs technologiques affiche une prime colossale d’environ 700% par rapport à la valorisation du marché. Ces cinq poids lourds – Amazon, Netflix, Twitter, Pandora Media et Yelp – symbolisent une nouvelle bulle au sein d’une vieille bulle grâce aux investisseurs qui croient dur comme fer à des scénarios de croissance singuliers dans le sillage de la crise financière. 

4. La Banque du Japon supprime la dette du gouvernement après que le taux dollar/yen soit passé en dessous de 80 

En 2014, la reprise mondiale s’essouffle, avec à la clé une correction des actifs risqués qui oblige les investisseurs à se repositionner sur un yen qui passe sous le seuil des 80 pour un dollar américain. 

En désespoir de cause, la Banque du Japon passe tout simplement par pertes et profits l’ensemble des emprunts d’Etat en sa possession, un subterfuge comptable simple mais inédit dont le résultat engage le pays dans un voyage en terre inconnue éprouvant pour les nerfs et aux effets secondaires potentiellement dévastateurs. 

5. Déflation aux Etats-Unis: bientôt près de chez vous 

Malgré des indicateurs suggérant un regain de vigueur de l’économie américaine, le marché de l’immobilier demeure fragile et les augmentations de salaire un mirage. 

Alors que le Congrès s’apprête à jouer en janvier l’acte II de sa mascarade intitulée «Comment perturber l’économie américaine», l’investissement, l’emploi et le moral des ménages souffrent à nouveau. Cela pèse sur l’inflation l’an prochain et la déflation redevient une priorité aux yeux du FOMC. 

6. L’assouplissement quantitatif concentré sur les créances hypothécaires 

L’assouplissement quantitatif aux Etats-Unis a réduit la charge des intérêts et propulsé les actifs risqués vers des sommets, créant un sentiment artificiel d’embellie économique. De sérieuses difficultés perdurent, notamment pour le marché de l’immobilier qui, en réalité, vit sous perfusion. Par conséquent, le FOMC concentre ses efforts sur le crédit hypothécaire en 2014, transformant le QE3 en un programme exclusivement centré sur les achats d’actifs hypothécaires et – loin de réduire la voilure – porte l’enveloppe mensuelle du programme à plus de 100 milliards de dollars. 

7. Le pétrole Brent chute sous la barre des 80 dollars le baril alors que les producteurs tardent à fermer les vannes 

Le marché mondial croule sous l’or noir grâce à l’augmentation de la production issue de méthodes non conventionnelles et de celle de l’Arabie Saoudite. Pour la première fois depuis des années, les hedge funds adoptent massivement un positionnement court, précipitant la baisse du cours du pétrole brut Brent à 80 dollars le baril. Une fois que les producteurs se mettent enfin d’accord pour réduire la production, le cours de l’or noir enregistre un vif rebond mais le secteur en tire la conclusion que les cours élevés ne sont pas une donnée acquise. 

8. L’Allemagne en récession 

La surperformance constante de l’Allemagne s’achève en 2014, n’en déplaise au consensus. 

Les années de frugalité excessive en Allemagne ont vu même les Etats Unis s’en prendre à la principale économique de la zone euro et l’on ne peut exclure un plan coordonné avec d’autres grandes économies visant à réduire l’excédent commercial excessif. Ajoutons-y la baisse des prix de l’énergie aux Etats-Unis, qui pousse les entreprises allemandes à délocaliser leur production en Occident; l’érosion de la compétitivité allemande liée à l’augmentation des salaires réels, les revendications potentielles du SPD (le nouveau partenaire de coalition) visant à améliorer le sort de la classe moyenne et des Allemands les plus modestes et, enfin, le recentrage de l’économie chinoise sur la consommation intérieure après la récente troisième session du comité central du Parti communiste. 

9. Le CAC 40 dévisse de 40% sur fond de malaise français 

Les actions dégringolent une fois que les participants au marché réalisent que le marché est mû uniquement par la spéculation. Entre temps, le malaise en France ne fait que s’aggraver en raison des faux pas du gouvernement. Les prix de l’immobilier, qui n’ont jamais vraiment subi de correction après la crise, piquent du nez, entraînant dans leur chute la consommation et le moral des ménages et des entreprises. Vers la fin de l’année, l’indice CAC 40 affiche un repli de plus de 40% par rapport à ses sommets de 2013 alors que les investisseurs désertent la France. 

10. Les «cinq colosses aux pieds d’argile» perdent 25% face au dollar 

La réduction attendue de l’assouplissement quantitatif aux Etats-Unis fait augmenter le coût marginal du capital du fait de la hausse des taux d’intérêt. Les pays qui accusent un déficit croissant de leur balance courante sont confrontés à un regain d’aversion au risque de la part des investisseurs mondiaux, avec en dernier ressort une dépréciation de leur monnaie, notamment face au dollar américain. Nous avons rangé cinq pays dans cette catégorie: le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Indonésie et la Turquie.n

Saxo Bank a vu juste sur l’or

Les prédictions scandaleuses de Saxo Bank pour 2013 ne se sont pas confirmées à une exception notable: celle sur le cours de l’or. En décembre 2012, la banque anticipait un cours de l’once à 1200 dollars pour fin 2013 (ce qui est rigoureusement juste, à quelques dollars près). Elle expliquait alors cette chute de l’or essentiellement en réaction à la reprise de l’économie américaine. Bien que ces prédictions n’aient pas pour but d’être des recommandations mais plutôt de lancer des alertes, il nous a paru utile de rappeler celles de 2012. Ne serait-ce que pour relever les aspects positifs derrière la non réalisation des événements prédits pour cette année. Déjà l’an dernier, la banque anticipait une chute du prix du baril de pétrole à 50 dollars (pour l’an prochain elle prévoit une baisse à 80 dollars). Ceci n’a pas eu lieu (le prix du baril est autour de 100 dollars). L’indice Allemand du DAX n’a pas plongé de 33% à 5000 points (il est autour de 9000). En Suisse, le taux plancher aurait été abandonné cette année et le taux euro – franc suisse serait tombé à 0,95. Toujours côté monnaies, le cours dollar-yen n’est pas descendu à 60 (il est à 102) et le Japon n’a pas décidé de nationaliser certaines entreprises en difficultés (Sharp, Panasonic, Sony). En 2013 aussi, la Chine aurait pu reprendre le contrôle du dollar de Hong Kong, mais elle n’en a rien fait pour l’instant. La hausse de 50% du soja de s’est pas produite cette année, le cours est d’ailleurs très stable d’une année sur l’autre (13 dollars contre 14 dollars en décembre 2012). Enfin, les taux d’intérêt espagnol à 10 ans n’ont pas grimpé à 10% (autour de 3%) pas plus que les taux à trente ans américains n’ont doublé sur la période. Ils sont passés de 3,15% à 3.8% environ. (MT)

Source Agefi Suisse Mercredi, 18.12.2013

http://agefi.com/marches-produits/detail/artikel/steen-jakobsen-les-previsions-du-chef-economiste-de-saxo-bank-sont-tres-politiquement-incorrectes-une-seule-sest-realisee-en-2013.html?catUID=19&issueUID=481&pageUID=14384&cHash=01a2d5f7dbf6396bc3846f97c2f9a91d

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