Art de la guerre monétaire et économique

Super Guerriers/ Les robots se multiplient sur les champs de bataille/ Une intrusion au fort impact stratégique

Super Guerriers 

 PAR ETIENNE DUBUIS/ Le temps 6/2/2015

L’apparition d’automates toujours plus sophistiqués sur le champ de bataille est porteuse de nombreux changements. Encouragera-t-elle la guerre?

 

Des Super Guerriers sont en train d’investir le champ de bataille. Ils se déplacent plus vite, frappent plus fort et résistent mieux aux coups que les combattants ordinaires. Surtout, ils ne connaissent pas la peur, ce qui leur permet de garder leur sang-froid en toutes circonstances et de mener à terme leurs missions là où d’autres auraient abandonné. Ces nouveaux acteurs sont les robots et autres drones plus ou moins autonomes que l’industrie militaire a inventés ces dernières années. 

D’aucuns perçoivent cet avènement comme un bouleversement radical de la guerre. Un événement comparable seulement à l’invention de la bombe atomique. D’autres, plus prudents, attendent de voir. Ils observent que ces armes donnent leur pleine mesure dans les environnements «permissifs», lors des guerres de basse intensité. Et qu’en situation d’hostilités ouvertes, lorsque l’ennemi mobilise tous ses moyens défensifs, leurs avantages comparatifs disparaissent rapidement. 

La portée exacte du changement reste à confirmer mais pas le changement lui-même, qui a commencé à produire toutes sortes d’effets. En termes militaires, l’intervention des drones, en attendant d’autres engins plus autonomes, modifie les chaînes de commandement et la disposition des troupes sur le terrain. A un niveau géopolitique, elle accentue le déséquilibre existant entre les pays technologiquement avancés, à la tête desquels figurent les Etats-Unis, et les autres. 

L’enjeu majeur, cependant, est l’impact de ces nouvelles armes sur l’existence même des conflits. Les robots représenteront-ils une arme de dissuasion massive dans un certain nombre de situations, au point de refroidir des va-t-en-guerre? Ou constitueront-ils au contraire un encouragement à s’engager dans des hostilités, dans la mesure où ils remplacent des combattants de chair et d’os dans des missions à hauts risques et promettent de réduire quelque peu le coût humain des interventions militaires? Il existe un mot pour désigner ce danger: la «dépolitisation». Quand, d’un côté au moins, mener une guerre ne comporte plus le même coût politique.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f357ae26-acac-11e4-8a14-18075d406251/Super_Guerriers

Les robots se multiplient sur les champs de bataille

PAR ETIENNE DUBUIS

Les armes dotées d’autonomie se multiplient sur le champ de bataille. Certaines seront bientôt capables de prendre des décisions toutes seules

La guerre est de plus en plus une affaire de robots. Soit d’armes jouissant d’une grande autonomie, qu’elles soient télécommandées à des distances considérables, à des milliers de kilomètres dans le cas des drones américains à l’œuvre au Pakistan ou au Yémen, ou qu’elles soient dotées d’un haut degré d’automatisation, grâce aux programmes informatiques sophistiqués qui leur sont associés. Une évolution marquante, et lourde d’enjeux, à laquelle la Webster University, près de Genève, consacrera ce vendredi son Forum annuel sur la sécurité.

Les armes télécommandées ont déjà une longue histoire. Les Etats-Unis ont déployé leurs premiers drones au cours de la guerre de 14-18, dans le but d’épier les champs de bataille fréquentés par leurs troupes et les voies maritimes empruntées par leurs navires. Ils ont ensuite amélioré la méthode pour élargir leur champ d’observation et réduire le temps passé entre la collecte du renseignement et son exploitation. Dans les années 1980, la miniaturisation de l’électronique et la possibilité de regarder des images en temps réel ont ouvert aux militaires de nouvelles perspectives que l’armée israélienne a exploitées durant son opération d’invasion du Liban «Paix en Galilée». Puis, au tournant du siècle, la puissance croissante de ces appareils a permis de les armer et donc de réunir en leur sein les capacités de reconnaissance et de combat.

Les «avions sans pilote» sont les plus connus de ces appareils. Mais d’autres véhicules télécommandés les rejoignent sur le champ de bataille. Des microdrones, d’abord, soit des drones aériens miniatures au potentiel extraordinaire dans le domaine de l’espionnage mais à la grande vulnérabilité face aux caprices de la météo et… aux prédateurs. Des drones terrestres, ensuite, de petits engins montés sur roues ou sur chenilles, voire sur pattes, experts dans l’exploration des sites les plus dangereux. Des drones sous-marins, enfin, que les Etats-Unis développent pour défendre leurs ports et leurs navires de guerre contre les mines ou les plongeurs mal intentionnés.

Certaines armées font d’ores et déjà un usage intensif de ces appareils. «Les contingents allemands et britanniques de l’ancienne Force internationale d’assistance et de sécurité en Afghanistan comptaient respectivement 5000 et 3500 militaires, relève Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse et organisateur du Forum de la Webster University. Or, l’un et l’autre disposaient de 1000 à 1500 drones.»

Et ce n’est qu’un début. Le potentiel de développement de ces armes paraît immense. L’une des questions les plus fascinantes à ce sujet est le degré d’indépendance que ces engins pourraient gagner. En d’autres termes, ont-ils pour vocation de rester sous le contrôle constant d’êtres humains? Ou certains d’entre eux finiront-ils par agir tout seuls?

Ce n’est pas là un scénario de science-fiction. Un certain nombre de missions sont plus compatibles que d’autres avec un haut degré d’automatisation. Tel est le cas, par exemple, des activités de déminage. Un robot spécialisé est susceptible d’assumer de manière satisfaisante cette tâche sans être téléguidé en continu par un opérateur. Il en est de même de certaines activités de contrôle. Le long mur en construction entre l’Arabie saoudite et l’Irak pourrait être équipé de postes de contrôle automatiques, capables de vérifier les identités et, le cas échéant, de faire feu sans intervention humaine directe.

Certains environnements naturels imposent par ailleurs de laisser aux machines une grande indépendance. Il est beaucoup plus difficile de communiquer à travers l’eau qu’à travers l’air. Surtout à des grandes distances et à de grandes profondeurs. Pour fonctionner, les drones sous-marins devront donc jouir d’une large «liberté de manœuvre». Tant qu’ils auront à neutraliser des mines, cela ne posera pas de problème moral particulier. Mais comment faudra-t-il les programmer en prévision de rencontre avec des plongeurs ennemis?

Il est techniquement possible, aujourd’hui, de fabriquer des armes capables de décider de la vie et de la mort d’êtres vivants. Mais leur existence supposerait une énorme prise de risque. «Les engins de ce genre gardent le comportement attendu tant qu’ils rencontrent sur le terrain des conditions similaires à celles qu’ils ont connues en phase de test, remarque Alexandre Vautravers. Mais tout événement inédit, une radiation, une déclivité exceptionnelle du terrain, peut les rendre imprévisibles. A l’heure où les militaires sont soumis à des règles d’engagement toujours plus strictes, on voit mal des Etats développés lâcher des robots dans la nature en sachant que leurs créatures sont susceptibles de faire n’importe quoi.»

«Security Forum 2015: from drones to killer robots?», vendredi 6 février de 9h à 17h, à la Webster University, 15, route de Collex, Bellevue (GE). Ouvert au public.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/7d1abd04-ac96-11e4-8a14-18075d406251/Les_robots_se_multiplient_sur_les_champs_de_bataille

Une intrusion au fort impact stratégique

PAR E. D.

Les drones ont commencé à modifier l’«art de la guerre»

Le développement des armes autonomes a de nombreux effets sur la conduite de la guerre. Il s’accompagne ainsi de ce que certains experts appellent une «dépolitisation» des conflits. En remplaçant des hommes par des robots, notamment lors de certaines missions à très hauts risques, il concourt à réduire le bilan humain, et donc le coût politique, des interventions armées.

Sur un plan purement militaire, les drones participent à une évolution en cours dans les conflits: la déconnexion toujours plus grande entre l’observation, le combat et le commandement. Les avions sans pilote permettent de réduire encore l’engagement des troupes dans les tâches de reconnaissance.

Décision recentralisée

Parallèlement, les drones réduisent considérablement la distance entre le champ de bataille et le haut commandement, puisqu’ils permettent à ce dernier d’être fréquemment mieux informé que les officiers de terrain. La prise de décisions qui était devenue très décentralisée après la Seconde Guerre mondiale a repris le chemin du sommet de la hiérarchie. L’intervention américaine contre Oussama ben Laden, à laquelle le président Barack Obama a assisté en direct, est emblématique de cette évolution.

Sur le plan géopolitique, un acteur possède l’essentiel de ce nouvel arsenal, ne serait-ce que parce qu’il est le seul à disposer de la constellation de satellites nécessaire: les Etats-Unis. Un avantage qu’il devrait garder encore longtemps. Mais plusieurs autres pays ont commencé à utiliser ces armes. Il se murmure ainsi que les Russes s’en servent actuellement au-dessus de l’Ukraine pour mener leur guerre électronique contre l’armée de Kiev.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/85949b86-aca4-11e4-8a14-18075d406251/Une_intrusion_au_fort_impact_strat%C3%A9gique

Intelligence artificielle: l’US Navy veut entraîner ses Marines avec des robots

L’Office of Naval Research (ONR) est en train de mener une expérience qui, en cas de succès, pourrait faire en sorte que des robots soient utilisés à des fins militaires. L’étude a commencé la semaine dernière à l’Université de Floride centrale. Un « substitut humain » – un robot – a été installé dans le hall de l’institution pour servir à la formation des Marines. Le robot sera chargé de s’adresser aux étudiants et aux visiteurs et sera en outre contrôlé par un opérateur humain pendant plusieurs semaines.

4 réponses »

  1. Typiquement américain ! qui n’ont pas pu venir à bout de quelques dizaine de milliers de moudjahidin en Afghanistan sous équipés mais qui ont su s’adapter et maitriser le terrain …

    Tout comme dans le Donbass où quelques milliers d’hommes n’ayant plus rien à perdre sinon leurs vies ont tenu tête à une véritable armée certes équipée mais non motivée l’été dernier sans aucune stratégie sinon de bombarder des populations civiles pour les faire partir de leurs terres…

    Tout ce qui est électronique est très vulnérable par une explosion électromagnétique bombe IEM les Russes ont développé des capacités redoutables sur ce sujet…

    C’est l’éternelle question quid du bouclier où de l’épée mais au final il reste toujours la volonté de l’homme et son instinct primitif mais dans nos société aseptisée où nous sommes devenus de simple animaux domestiques bien dressés par les marchands il sera dure de retrouver cet instinct et oui difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre….

  2. Effrayant de penser que bientôt Terminator sera en mode “réalité”.
    Comment tenter de convaincre un ennemi qui n’a pas de morale ni de sens déontologique ?

  3. Décidément Obama est une catastrophe mondiale !!! Et dire qu’à peine élu, on lui a offert le prix Nobel de la paix…
    Après l’explosion des drones aériens, et la perte des repères moraux, même dans la guerre, le reste pour rejoindre la bestialité de ceux de l’EI ou assimilé…
    On ne peut pas gagner une guerre si on n’a pas de victoire morale.

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