Art de la guerre monétaire et économique

L’industrie du pétrole nord-américaine confrontée à 30 milliards de dollars de pertes

L’industrie du pétrole nord-américaine confrontée à 30 milliards de dollars de pertes

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La production de l’huile de schiste obéit à des règles assez particulières. L’une des caractéristiques de cette production est la forme très particulière de la courbe de production. Le pic de production est atteint entre le premier et le deuxième mois de la mise en service du forage. Le volume de la production décroit après très rapidement. En fait, on n’obtient plus que 25% de la production du pic d’exploitation entre 19 mois (2010) et 15 mois (2013).

Et ce n’est qu’un début, Si, pour certains forages réalisés par Exxon le seuil de rentabilité est à 45 dollars le baril, il est bien plus élevé dans les petites compagnies (qui exploitent environ 85% des forages) , estimé entre 70 et 75 dollars.

Comme le rappelais Jacques Sapir, « Ces dernières réalisent leurs investissements avec un très fort effet de levier bancaire. Dès qu’elles obtiennent une concession, elles demandent un crédit à la banque, crédit qui peut couvrir entre 90% et 95% de l’investissement nécessaire. Le remboursement est assuré par la production dans la première année de vie active du forage, celle ou il est le plus productif. Mais, cela implique de garantir le prix. En fait, en incluant les intérêts, une compagnie gagnait de l’argent tant que le pétrole se vendait au-dessus de 80 dollars le baril. Les assurances prises par ces compagnies leur assuraient un prix garanti entre 80 et 90 dollars. Mais, ces assurances ne couvrent que 6 mois de production et elles n’ont pas été renouvelées à partir d’octobre 2014 devant la chute importante des prix du pétrole.” 

« Il faut ensuite envisager les conséquences financières des évolutions actuelles. De très nombreuses petites sociétés seront dans l’incapacité de servir leurs dettes, voire feront faillite. Les banques seront obligées de reclasser en « non-performing loans » ou d’effacer entre 250 et 400 milliards de dollars de dettes (en incluant celles des sous-traitant). Ce choc est gérable pour le système bancaire américain, mais il est important. Le Dollar devrait s’en ressentir, et baisser à nouveau à partir de juillet-septembre 2015. La réserve fédérale devrait reporter sa hausse des taux de 3 à 6 mois. Le taux de change Euro-Dollar devrait remonter vers 1 Euro pour 1,15 USD, sauf si la BCE accentue ses interventions. » (Jacques Sapir)

Avant que que le prix du pétrole ne baisse (en 2014) ,  « Les marches financiers étaient assez forts et ouverts pour les groupes pétroliers, ce qui a mené à un endettement colossal », a noté Terry Marshall, analyste chez Moody’s.

Cependant, désormais, après la baisse du cours du pétrole qui atteint désormais 45 dollars le baril, les groupes pétroliers ont du mal à être rentables.
Ainsi, s’ils ont vendu leurs émissions pour un montant de 10,8 milliards de dollars pour le premier trimestre 2015, cette somme est tombée à 3,7 milliards de dollars au deuxième trimestre. En juillet et en août, le volume d’émissions représentait moins d’1 milliard de dollars.

Par ailleurs, on peut remarquer cette même tendance sur les marchés obligataires.

En outre, les banques américaines vont bientôt commencer une révision du prêt de base des sociétés pétrolières et gazières. Ainsi, il sera beaucoup plus compliqué de trouver des fonds car la chute des prix du pétrole a mené à la baisse des valeurs de leurs principaux actifs. 

L’’effondrement des investissements est en train de se produire. Le nombre de forages diminue maintenant très rapidement. Cela signifie que des forages anciens (en fin de vie) sont retirés du marché tandis que de nouveaux forages ne viennent pas les remplacer. La chute a commencé à la mi-décembre 2014

Les producteurs de pétrole de schiste rapportent des pertes de plus de 30 milliards de dollars pour le premier semestre 2015, conséquence de l’effondrement des cours du pétrole. Ces déficits pourraient provoquer des faillites et des restructurations au sein de l’industrie, qui s’est rapidement développée ces sept dernières années mais dont les bénéfices n’ont jamais dépassé les investissements.

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Ces pertes représentent environ 32 milliards de dollars pour les mois de janvier à juin, un chiffre proche du déficit total enregistré pour l’ensemble de l’année 2014: 37,7 milliards de dollars.

La production de pétrole a chuté en juin car les contraintes économiques réduisent les possibilités de forage et d’exploitation de nouveaux gisements.
Les entreprises ont vendu des actions et emprunté de l’argent afin d’augmenter leur production. La dette globale des compagnies a plus que doublé depuis 2010, passant de 81 milliards de dollars  à 169 en juin. En dépit de la réduction de moitié des cours du brut, les marchés financiers ont continué de soutenir ces entreprises, leur permettant d’emprunter des sommes très élevées. Mais cet appui commence à faiblir, et le montant des ventes d’obligations et d’actions du secteur à la bourse américaine a cependant fortement baissé depuis le début de l’année.

Le prochain obstacle va être la réévaluation des réserves de gaz et de pétrole qu’elles détiennent effectuée par les banques, et sur lesquelles elles se baseront pour déterminer le montant des emprunts qu’elles accepteront de leur octroyer.

Selon Morse, de Citigroup, des bouleversements au sein des entreprises seront nécessaires pour apurer le marché et éliminer les canards boîteux.

Les producteurs ont rapporté une importante augmentation de productivité des puits et gisements depuis un an, avec un pic des forages en octobre. Ceux-ci ont cependant chuté de 59% depuis lors et affectent la production totale des Etats-Unis.

http://www.express.be/business/fr/economy/lindustrie-du-petrole-nord-americaine-confronte-a-30-milliards-de-dollars-de-pertes/215505.htm – resistanceauthentique

https://resistanceauthentique.wordpress.com/2015/09/09/lindustrie-du-petrole-nord-americaine-confrontee-a-30-milliards-de-dollars-de-pertes/

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