Art de la guerre monétaire et économique

Michel Onfray, Le Dictionnaire : morceaux choisis

Michel OnfrayLe Dictionnaire : morceaux choisis

Capitalisme

“Il n’est pire excès que celui du milieu. Tous les projets sont insipides, toutes les existences semblables, l’unidimensionnel est la rançon de la gloire médiocre. Le capitalisme a contribué à cet effacement de tout souci de noblesse. Son objectif est la rentabilité, l’efficacité est son dessein. Et, en la matière, il n’y a aucune place pour des vertus, telles la grandeur ou l’excellence.”

Érotisme

“L’érotisme est à la sexualité ce que la gastronomie est à la nourriture : un supplément d’âme.”

Gloire microscopique

“L’intellectuel contemporain sert moins une cause qu’il ne l’utilise pour assurer et asseoir sa domination symbolique dans la presse, l’édition et les médias. Dans ces lieux de pouvoir parisiens, le vocabulaire de la guerre fonctionne pour caractériser de ridicules luttes intestines : enlever une page de quotidien à la manière d’une forteresse, mener une contre-offensive à l’endroit d’un adversaire trop avancé dans des positions menaçantes, mobiliser des forces et manœuvrer des troupes pour créer un événement éditorial dans les magazines, opter pour une stratégie, défendre une tactique, puis emporter le combat, planter son drapeau personnel sur la position acquise – et ainsi acquérir la gloire microscopique.”

Paganisme

“Avant les livres et l’écriture, bien avant les livres dits saints ou sacrés, les hommes entretenaient des rapports directs avec le monde, autrement dit : aux éternelles successions du jour et de la nuit, aux cycles des saisons, à l’alternance des lumières et des ténèbres, aux étoiles dans le ciel et aux mystères des grottes sous terre, aux mouvements des astres, aux trajets de la lune et du soleil dans le cosmos, à la régularité de métronome des apparitions des solstices et des équinoxes, aux dialectiques du printemps et de l’hiver, au perpétuel contrepoint des cadavres enterrés et des enfants qui jaillissent du ventre de leur mère. La vraie religion est celle qui nous ramène aux éléments, la véritable prière, celle qui nous restitue notre liaison à la nature, la véritable expérience mystique, celle qui, païenne, nous remet à notre place authentique : non pas le centre, mais le fragment, non pas l’axe du monde, mais la partie infime, non pas l’ego, mais le cosmos. Cette toile fonctionne comme un manifeste pour cette religion païenne qui fait de la nature non pas une création de Dieu, mais la divinité elle-même, une divinité immanente, matérielle, concrète.”

Technologie

“La technologie efface l’espace et le temps terrestres au profit d’un espace et d’un temps virtuels, ceux de la pure présence et de l’immédiateté. Déjà, l’univers de la connexion donne aux monades errantes l’illusion d’exister dans une communauté qui n’est en fait que l’illusion du grégaire conférée par l’énervement du mouvement brownien. Connectés au monde entier, nous sommes devenus incapables d’une authentique présence au monde : en étant virtuellement partout, nous ne sommes plus réellement nulle part. Assis à la même table d’un restaurant, deux amoureux soucieux de leur téléphone portable ne sont déjà plus ensemble, ils sont avec le tiers – tiers autrui, tiers temps, tiers espace, tiers ailleurs.”

https://linactuelle.fr/index.php/2019/12/02/onfray-dictionnaire-henri-de-monvallier/

« […] le sacrifice de l’Homme à l’Humanité, de l’Humanité au Progrès, pour aboutir […] à la dictature de l’Économique, tel fut le crime auquel restera toujours attaché le mot de la Démocratie, forme bourgeoise de la Révolution. » — Georges Bernanos

EN BANDE SON :

1 réponse »

  1. Affirmer qu’il suffit de sortir de l’Europe de Maastricht pour régler tous les problèmes, à confort égal ou supérieur pour tout le monde, est une promesse qui repose sur une analyse sommaire style Philippot. Les GJ ont surtout des problèmes de prélèvements mensuels (Iphones de la famille, Netflix, Canal+, logement, etc…). Je reconnais cependant que Michel Onfray est un professeur de philosophie érudit et travailleur.

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