Dantec contre le « Nouvel Ordre Moral »
» Je suis un écrivain rock’n’roll. Je pense que l’homme a commencé à communiquer par le chant et que dieu a créé l’univers en branchant une Gibson sur un Marshall en mettant volume 11. » »MgD
Propos recueillis par Elisabeth Lévy Publié le | Le Point
LE POINT : Pourquoi éprouvez-vous le besoin de dialoguer avec le Bloc identitaire, dont, comme chrétien, vous ne pouvez pas partager la conception de l’homme, de la société et de la France. Vous vouliez du scandale ?
MAURICE G. DANTEC : Le seul vrai scandale, aujourd’hui, en France, comme le disait Bernanos, c’est le « scandale de la vérité ». Je ne partage pas la plupart des visions de l’homme, de la France, de la nation, des membres de Bloc identitaire. Et, au final, peu d’entre elles. Qu’importe ? C’est pour approfondir la question que je me suis abonné à leur newsletter , et non pas, comme on l’a prétendu de façon diffamatoire, parce que j’aurais adhéré à leur groupe politique ou à leurs idées. C’est parce que je savais nécessaires et suffisants les termes de mes désaccords que je croyais possible d’ouvrir un débat. J’avais oublié qu’en France le droit de discuter ne vaut que pour quelques-uns : ceux avec lesquels on est forcément d’accord, ceux qui font « consensus », ceux qui « pensent » comme Pierre Marcelle ( Libération ), Aude Lancelin ( Le Nouvel Observateur ), Arnaud Viviant ( Les Inrockuptibles ) ou Florent Pagny. Je rappelle au passage qu’aucun des journaux m’incriminant n’a daigné publier mes droits de réponse.
L. P. : Le dialogue ne suppose-t-il pas un socle commun ? Et si vous devez vraiment dialoguer avec vos adversaires, les gauchistes, qui ont au moins de bons sentiments – les bons sentiments sont exaspérants, mais ils valent mieux que la haine, non ? -, ne sont-ils pas des interlocuteurs plus pertinents ?
M. G. D. : Socle commun ? Bons sentiments ? Les gauchistes, des adversaires ? Mais ils se confondent, désormais, avec le Français moyen ! L’idéologie antisioniste que diffuse le Bloc identitaire est autant influencée par l’ultragauche héritière de Mai 68 que par des reliquats d’antisémitisme maurrassien. Et les néotrotskistes ne la professent pas moins, comme la majorité de la société française, de Le Pen à Mamère. Quand j’entends de belles âmes du MRAP, des Verts ou de la LCR aboyer « Mort aux juifs ! » dans une manif propalestinienne, qui se tient du côté de la haine ? Qui ne cesse, en fait, de hurler son mépris de la civilisation européenne ou atlantique, de l’homme « blanc » et de la culture judéo-chrétienne ? Or c’est là l’authentique « socle commun », honni par tout bon jacobin-léniniste qui se respecte, de tendance rose, rouge ou verte. Et ce socle est un tabou. Dès lors, en parler avec des « parias », prétendument plus « fachos » que les autres, et surtout plutôt qu’avec des bobos gaucho-centristes, représente une intolérable transgression. Les « identitaires » – et leur dénomination même le prouve – stigmatisent cette crise générale de l’identité et prétendent retrouver un sens politico-religieux commun à notre civilisation par une Europe pour l’essentiel mythique et qui n’a aucune viabilité dans le contexte actuel. Ils font fausse route et je le leur ai dit. Ils ne retrouveront ce sens et cette « identité » perdus qu’en se ressourçant au christianisme. Et donc en abandonnant leur antisionisme et leur antiaméricanisme . Quoique, of course , ce débat ne pourra se tenir, remerciez-en la presse bien-pensante et ses groupies.
L. P. : Ne croyez-vous pas que le débat est plus ouvert qu’il y a deux ans ? Votre éditeur vous soutient, vous n’êtes pas interdit de parole. Bref, votre sort est bien plus enviable que celui de Renaud Camus. N’êtes-vous pas tenté par une esthétique de la minorité persécutée ?
M. G. D. : Mon sort serait meilleur que celui de Renaud Camus ? Parce que je n’ai pas été embastillé sur- le-champ par la police culturelle ? Quel progrès des droits de l’homme ! Parce que je n’ai pas été fusillé au poteau, faute de munitions en face, je devrais m’agenouiller en demandant grâce ? Confesser que tout cela n’était que « pose médiatique » ? Remercier les petits vigiles du Nouvel Ordre Moral ? Je sais fort bien que la plupart des positions publiques extirpées à la maison Gallimard l’ont été dans un contexte littéralement inquisitorial. Et, tout en m’assurant de son soutien, mon éditeur, sous la pression de la Tcheka sociétale, a dû reporter au mois de septembre la parution initialement prévue en avril de mon « Théâtre des opérations 3 ». Afin, m’a-t-il précisé, de pouvoir – comme on dit dans Le Monde – le « scruter à la loupe » . Mais le fait est que des gens, des lecteurs pour la plupart, se sont dressés en ma faveur. Le débat en est-il pour autant plus ouvert ? S’il l’est, c’est que certains d’entre nous y sont allés au forceps et, comme vous le savez, à leurs risques et périls.
L. P. : Vous pensez qu’une guerre de civilisation entre l’islam et le judéo-christianisme est inévitable. N’êtes-vous pas trop pessimiste sur la capacité de l’Occident – y compris dans son versant nihiliste – à séculariser l’islam ? Ne partagez-vous pas avec les extrémistes islamistes un refus de considérer l’islam comme une production historique susceptible d’évolution ?
M. G. D. : Ce n’est pas ma vision des choses. L’islam est une religion dans laquelle la liberté de parole, la confrontation critique sont interdites, et l’apostasie frappée de mort. Quelle résistance le laïcisme franchouillard pourra-t-il opposer à ce nihilisme gnostique qu’est l’islam politique ? En Amérique, la donne paraît différente, mais la ligne de fracture y opère également.
L. P. : En vous en prenant à l’islam, vous évitez une question douloureuse : que fait-on des musulmans, qui sont des êtres humains et donc, dans votre propre vision du monde, des créatures divines ? Croyez-vous à notre commune humanité ?
M. G. D. : Evidemment. Mais notre commune humanité, c’est ce qui nous unit dans l’Amour divin. L’ Humanité , c’est l’homme sans Dieu, ce concept abstrait inventé par les « philosophes » des prétendues Lumières, source de toutes les formes de pensée révolutionnaire, socialiste, athée, et qui aura conduit directement aux abattoirs du XXe siècle. Reste, cependant, la menace planétaire de l’islamisme. Qui niera la réalité de la guerre qui se déroule sous nos yeux ? Refusant la tentation du vertige comme du manichéisme, mais voulant regarder la vérité en face, sans le moindre compromis, j’ai essayé d’entrevoir une solution à cette question dans le prochain volume du « TdO ». Le christianisme constantinien, dès 313, a su y répondre en jetant les fondations du « droit international ». Si l’on n’est ni communiste, ni hitlérien, ni islamiste, la « guerre juste » se définit, défensivement ou préemptivement , sur un souci d’universalité des règles de droit humain, lesquelles ne sont pas appliquées par l’onucratie, mais bien par l’armée américaine .
L. P. : A Guantanamo, par exemple ? Mais passons. Qui sont les « bêtes sauvages » auxquelles vous avez voulu échapper en quittant la France ?
M. G. D. : Les délateurs zélés de la presse aux ordres ont tout fait pour décontextualiser deux ou trois expressions qui, isolées, pouvaient prêter à confusion. Dans leur manoeuvre d’intimidation rédactionnelle, ils ont laissé entendre que ce vocable recouvrait les populations arabes ou musulmanes vivant en France ! Mais quiconque lira les missives en question comprendra aussitôt que je m’en prenais exclusivement aux féodalités criminalisées dont les exactions, commises chaque jour dans les « cités » de la « République », relèveraient, si elles n’étaient pas commises sur notre sol, d’un TPI. Qui en doute n’a qu’à consulter le site des femmes des « quartiers », www.macite.net. Lorsque les Serbes de Bosnie violaient en masse des femmes musulmanes, la presse bobo-centriste poussait ses cris d’orfraie – non sans refuser d’un air dégoûté toute intervention militaire alliée -, mais quand des gangsters, islamisés ou pas, violent, torturent, assassinent des femmes, musulmanes ou pas, dans des proportions qui évoquent l’existence d’une guerre civile souterraine , alors ces vulgaires « faits divers » sont indignes de l’attention d’un « écrivain ».
L. P. : Vous détournez ironiquement l’expression de Bernard Stasi en parlant de « nos amis les Chances-pour-la-France ». Cela signifie-t-il que l’immigration est, en elle-même, néfaste ?
M. G. D. : Novlangue merdique ! L’immigration, ni bonne ni mauvaise en soi , dépend des conditions dans lesquelles elle se déroule. Qu’on le veuille ou non, favoriser, en quarante ans, l’impaction de 7 à 8 millions de musulmans sur le sol de France, alors que le panarabisme socialiste et l’islamisme se trouvaient en pleine résurgence, ne me semble pas avoir été une bonne idée. D’autant plus que c’est le produit d’un deal criminel entre la France gaulliste et les bouchers du FLN. Et tout cela sert, il est vrai, de baromètre à mon désespoir, désormais absolu.
L. P. : Mais le génie français n’a-t-il pas consisté, des siècles durant, à fabriquer des Français avec à peu près n’importe quel « matériau humain » ?
M. G. D. : Faux. « N’importe quel matériau humain » , dites-vous ? D’abord, je réfute le terme, qui évoque pour moi des précédents « biopolitiques » fâcheux. La France s’est fondée sur un GÉNIE singulier DE LA SÉLECTION CULTURELLE. Dont le secret s’est malheureusement perdu.
L. P. : Notre problème aujourd’hui n’est-il pas plutôt que, dans cette culture du métissage dont votre Amérique chérie s’est faite la grande propagandiste, on ne sait plus ce qu’est la France ?
M. G. D. : Ne confondez pas tout. La « culture du métissage » est une invention tardive de la gauche américaine, sur des bases philosophiques françaises : Sartre, le marxisme, le structuralisme, le postmodernisme. Elle a été promptement récupérée, et avec quel bonheur ! par l’idéologie mitterrando-chiraquienne. Comparez plutôt. D’une part, une nation de 300 millions d’habitants, sur 9 millions de kilomètres carrés, avec DEUX frontières terrestres, et UN ministère fédéral de l’Immigration et de la Citoyenneté, accueille un million d’immigrés par an sur son sol tout en conservant un solde nataliste « intérieur » positif, et en restant, de loin, la première puissance du monde. D’autre part, une petite région de l’Empire qui se veut plus grosse que l’Univers et conduit une politique migratoire aveugle aux convulsions du monde musulman qui se déroulent à ses portes, tout en refusant à l’Europe, précisément, la moindre mention de son héritage chrétien.
L. P. : Assumez-vous le qualificatif de réactionnaire ?
M. G. D. : Mon ami Jean Renaud dit de moi que je suis un « catholique futuriste ». Je suis réactionnaire, au sens de Bernanos. Conservateur, au sens de Leo Strauss. Contre-révolutionnaire, au sens de Nietzsche. Libéral, au sens de Burke. Antilibéral, au sens de Berdiaev. Futuriste, oui, cela doit être mon aspect révolutionnaire. Chrétien, donc, en tant que simple humain doté de parole, et désormais baptisé au Nom du Verbe. Et bon à enfermer, comme au temps de la glorieuse URSS, puisque croyant aux Saintes Ecritures et, par conséquence, en l’Armageddon.
L. P. : Ne faites-vous pas une confusion entre votre oeuvre littéraire – dans laquelle tout est permis – et une prise de position idéologique dans laquelle on peut attendre, même de vous, un peu de discernement ?
M. G. D. : Mon absence de discernement est de ne pas avoir saisi quel était le vrai fondement – c’est le cas de le dire – de notre République des Zarzélettres. Pour l’avenir, mon discernement s’appellera « SILENCE ». Gag Order 1. Comme celui qu’on a voulu m’imposer. Les faits jugeront de qui était cinglé et de qui ne l’était pas.
EN BANDE SON :
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Une bonne salve de MgD remonte le moral !!!
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Bel éclairage
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” Je suis un écrivain rock’n’roll. Je pense que l’homme a commencé à communiquer par le chant et que dieu a créé l’univers en branchant une Gibson sur un Marshall en mettant volume 11.””MgD