Après la désindustrialisation, la déruralisation programmée
La crise agricole qui secoue l’Europe n’est ni conjoncturelle ni accidentelle. Elle n’est pas le simple produit de maladies animales, de fluctuations climatiques ou de tensions commerciales. Elle est structurelle, idéologique et civilisationnelle.
Ce qui se joue aujourd’hui dans les campagnes européennes dépasse largement la question du revenu agricole. C’est le devenir anthropologique de l’homme européen qui est en cause.

I. UNE CRISE QUI N’EST PAS NÉE HIER
Depuis trente ans, l’agriculture européenne est prise dans un étau :
- ouverture commerciale accrue,
- normes environnementales et sanitaires de plus en plus coûteuses,
- dépendance aux subventions,
- pression constante sur les prix,
- concentration foncière et industrielle.
Les chiffres sont connus mais rarement assumés politiquement :
des dizaines de milliers d’exploitations ont disparu, principalement les petites et moyennes fermes familiales, au profit d’ensembles plus vastes, plus mécanisés, plus endettés, et plus dépendants des marchés mondiaux.
Ce processus n’est pas un échec du système.
Il en est le produit logique.
II. MERCOSUR ET LA GUERRE DES MODÈLES AGRICOLES
L’accord UE–Mercosur agit comme un révélateur brutal.
Il met en concurrence deux agricultures qui ne jouent pas dans la même catégorie :
- d’un côté, une agriculture européenne normée, fragmentée, sous contraintes écologiques, sanitaires et sociales ;
- de l’autre, une agriculture sud-américaine intensive, extensive, à coûts moindres, intégrée dans des chaînes d’exportation mondialisées.
Le discours officiel parle de “complémentarité”.
Les agriculteurs parlent de condamnation.
Car le libre-échange agricole n’est jamais neutre : il favorise mécaniquement les structures les plus massives, les plus capitalisées, les moins enracinées territorialement.
III. CHAPITRE CENTRAL — APRÈS LA DÉSINDUSTRIALISATION, LA DÉRURALISATION
Après la désindustrialisation méthodique des années 1980–2010, l’Europe entre dans une phase plus radicale encore : la déruralisation explosive.
Il ne s’agit plus seulement de fermer des usines.
Il s’agit désormais de défaire l’homme de sa terre.
L’agriculteur indépendant, enraciné, propriétaire de ses outils, de son rythme et de son sol, est un problème pour un système qui ne tolère ni autonomie réelle, ni transmission longue, ni souveraineté concrète.
La terre fabrique des hommes libres.
Le hors-sol produit des individus administrables.
La crise agricole n’est donc pas un accident.
Elle est un moment stratégique.
- Accords de libre-échange asymétriques (Mercosur),
- normes environnementales hors-sol,
- éradication silencieuse des petites exploitations,
- gestion sanitaire brutale et verticale,
- criminalisation progressive de la contestation paysanne,
tout converge vers un même objectif non formulé :
vider les campagnes, concentrer la production, dissoudre les communautés rurales, et pousser les populations vers des métropoles abstraites, dépendantes, atomisées.
Après l’ouvrier sans usine,
voici le paysan sans terre.
Et après l’homme producteur,
l’homme consommateur, subventionné, surveillé, déconnecté de toute racine.
Ce projet n’est jamais présenté comme tel.
Il se déguise sous les mots de :
- modernisation,
- transition écologique,
- compétitivité,
- adaptation au monde.
Mais son résultat est limpide :
des villes sans âme, des campagnes muséifiées, et un homme européen déraciné, interchangeable, gouvernable, soluble dans les flux.
Ce n’est pas un progrès.
C’est une dépossession civilisationnelle.
Car un peuple sans industrie est dépendant.
Un peuple sans terre est fini.
IV. LA DERMATOSE NODULAIRE : QUAND LA GESTION SANITAIRE DEVIENT POLITIQUE
L’épisode de la dermatose nodulaire bovine a agi comme un accélérateur de colère.
Non pas tant à cause de la maladie elle-même, mais en raison de la réponse administrative :
- abattages massifs,
- décisions centralisées,
- usage de la force contre des éleveurs,
- sentiment d’un État plus prompt à éliminer qu’à protéger.
Pour beaucoup d’agriculteurs, cet épisode a cristallisé une évidence :
ils ne sont plus considérés comme des acteurs, mais comme des variables à gérer.
V. RÉPRESSION DES MOUVEMENTS AGRICOLES : RUPTURE SYMBOLIQUE
La réponse sécuritaire aux mobilisations agricoles marque une rupture symbolique majeure.
Quand un État en vient à traiter ses paysans comme des fauteurs de troubles, il révèle une chose simple :
il a cessé de les considérer comme un pilier stratégique de la nation.
La répression n’est pas seulement policière.
Elle est aussi narrative : marginalisation médiatique, disqualification morale, invisibilisation des revendications de fond.
VI. UNE CRISE AGRICOLE QUI EST UNE CRISE DE SOUVERAINETÉ
Ce qui s’effondre aujourd’hui, ce n’est pas seulement un secteur économique.
C’est une architecture de souveraineté :
- souveraineté alimentaire,
- souveraineté territoriale,
- souveraineté sociale,
- souveraineté anthropologique.
Une Europe incapable de protéger ses paysans est une Europe incapable de se projeter dans l’Histoire.
🕯️ CONCLUSION : LE RETOUR DU RÉEL RURAL
La crise agricole européenne n’est pas une parenthèse.
Elle est un signal faible devenu cri.
On peut continuer à :
- empiler des normes,
- signer des accords commerciaux hors-sol,
- subventionner la disparition lente des campagnes.
Ou reconnaître enfin cette vérité brutale :
👉 Un continent qui déracine ses paysans prépare son propre effacement.
La terre n’est pas un secteur.
C’est une mémoire, une limite, une structure de liberté.
Et aucun projet européen ne survivra longtemps
à un continent vidé de ses campagnes et de ses hommes enracinés.

AGRICULTURE EUROPÉENNE : GOUVERNER PAR LA CONTRAINTE, DÉTRUIRE PAR LA NORME
Comment l’Europe a transformé un pilier stratégique en variable d’ajustement
La crise agricole européenne n’est pas seulement une crise de revenus.
C’est une crise de gouvernement.
Quand un continent traite son agriculture comme un secteur résiduel — à protéger par des aides, à discipliner par des normes, à ouvrir par des accords — il renonce à l’essentiel : penser la terre comme une puissance.

I. LA NORME COMME SUBSTITUT À LA STRATÉGIE
L’Europe ne gouverne plus par des objectifs politiques clairs.
Elle gouverne par empilement normatif.
- normes environnementales hétérogènes,
- exigences sanitaires fluctuantes,
- conditionnalités administratives complexes,
- contrôles asymétriques selon la taille des exploitations.
Résultat mécanique :
- les petites structures croulent,
- les grandes absorbent,
- la production se concentre,
- la diversité disparaît.
👉 La norme remplace la stratégie, mais ne la remplace jamais efficacement.
II. PAC : AIDER À DISPARAÎTRE
La Politique agricole commune est présentée comme un bouclier.
Elle est devenue un amortisseur de disparition.
- aides proportionnelles aux surfaces,
- complexité administrative dissuasive,
- dépendance chronique aux subventions,
- absence de prix planchers durables.
👉 On subventionne la survie, pas la souveraineté.
La PAC n’empêche pas la disparition des fermes ; elle en ralentit la vitesse tout en la rendant socialement acceptable.
III. MERCOSUR : LE COMMERCE CONTRE LA TERRE
L’accord UE–Mercosur n’est pas une simple négociation commerciale.
C’est un choix de civilisation agricole.
- importations à bas coûts,
- normes sociales et environnementales non comparables,
- volumes incompatibles avec l’agriculture européenne de proximité.
On parle d’“ouverture des marchés”.
Les paysans parlent de mise en concurrence létale.
👉 Le libre-échange agricole sans clauses de réciprocité est une arme.
IV. SANITAIRE : QUAND LA GESTION DEVIENT COERCITION
Les crises sanitaires récentes (dermatose nodulaire, épizooties) ont révélé une dérive préoccupante :
- décisions centralisées,
- abattages préventifs massifs,
- faible concertation locale,
- usage de la force contre des éleveurs.
Le sanitaire est devenu un outil de gouvernement par l’urgence.
👉 Protéger la santé animale ne justifie pas d’anéantir la confiance humaine.
V. FINANCE, ASSURANCE, FONCIER : LA TERRE CAPTURÉE
La transformation agricole est aussi financière :
- montée en puissance des investisseurs,
- hausse du prix du foncier,
- endettement structurel des exploitations,
- dépendance aux intrants et aux assurances.
La terre cesse d’être une matrice de vie pour devenir un actif.
👉 Quand la terre devient un produit financier, le paysan devient un opérateur précaire.
VI. LA COERCITION COMME AVEU D’ÉCHEC
La réponse aux mobilisations agricoles a souvent été :
- sécuritaire,
- disqualifiante,
- technocratique.
On parle d’“ordre public”.
Les campagnes entendent déni de légitimité.
👉 Quand l’État en vient à contraindre ceux qui nourrissent, il avoue qu’il n’a plus de projet.
VII. CE QUI SE JOUE VRAIMENT : LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
Derrière les débats techniques, une question simple :
qui nourrit qui, comment, et sous quelle autorité ?
- dépendre des importations, c’est dépendre des crises ;
- perdre les fermes, c’est perdre la résilience ;
- dissoudre les campagnes, c’est fragiliser la nation.
👉 L’agriculture n’est pas un secteur. C’est une assurance-vie.
⚖️ FORMULE DE SYNTHÈSE
On ne gouverne pas la terre par la norme,
on la protège par la souveraineté.
🕯️ CONCLUSION : RÉHABILITER LA TERRE COMME PUISSANCE
La crise agricole européenne révèle une vérité brutale :
l’Europe a remplacé la vision par la procédure.
Tant qu’elle refusera :
- des prix planchers justes,
- une réciprocité commerciale stricte,
- une gestion sanitaire concertée,
- une protection du foncier productif,
- une reconnaissance politique des paysans,
elle continuera à gérer la disparition au lieu de construire l’avenir.
👉 Sans paysans souverains, il n’y a ni sécurité alimentaire, ni continuité historique.

Bande-son : Killing Joke – Requiem.
Quand une civilisation est enterrée sans prière ni héritiers.
🎵 Killing Joke – Requiem
Requiem sans sacré consolateur : ici, pas de transcendance, pas de rédemption.
- Funéraire politique, pas spirituel.
- Une marche lente vers la fin, froide, mécanique, inéluctable.
- Ce monde ne meurt pas, il est administré jusqu’à extinction.
👉 Requiem n’enterre pas une personne.
👉 Il enterre un ordre ancien vidé de sa substance.
- la terre n’est plus sacrée,
- le paysan n’est plus central,
- la norme remplace le rite,
- la gestion remplace la transmission.
Requiem accompagne une mort sans cérémonie,
celle que personne ne reconnaît officiellement.

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Catégories :Douce France, Europe, Mondialisation, Mondialisme













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🌾 CRISE AGRICOLE EUROPÉENNE : LE GRAND DÉRACINEMENTAprès la désindustrialisation, la déruralisation programmée
Ce diptyque ne traite pas d’une crise sectorielle.Il parle d’un choix de civilisation.
D’un côté, une Europe qui ouvre ses marchés agricoles sans réciprocité, empile les normes hors-sol, gère les crises sanitaires par la contrainte et traite ses paysans comme des variables d’ajustement.De l’autre, un monde rural qui s’effondre, des exploitations familiales qui disparaissent, et une colère paysanne qui n’est plus seulement économique, mais existentielle.
👉 Après l’ouvrier sans usine, voici le paysan sans terre.👉 Après la désindustrialisation, la déruralisation.
Ces deux textes montrent :
comment Mercosur et le libre-échange agricole accélèrent la concentration et la disparition des fermes,
pourquoi la PAC amortit la disparition au lieu de garantir la souveraineté,
comment le sanitaire et la norme deviennent des instruments de coercition,
et pourquoi vider les campagnes, c’est préparer des villes sans âme et un homme européen déraciné.
📎 À lire sur Le Blog à Lupus– Crise agricole européenne : le grand déracinement– Agriculture européenne : gouverner par la contrainte, détruire par la norme
#Agriculture#SouverainetéAlimentaire#Mercosur#Europe#MondeRural#TS2F#BlogALupus
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Je cite : « sentiment d’un État plus prompt à éliminer qu’à protéger »
il faut comprendre La réalité Factuelle :
–> – Un État plus prompt à éliminer qu’à protéger !!! –
Tout est dit !!!
Demain après L’EuthaNaZie des Cheptels, ce sera ensuite L’EuthaNaZie des Seniors, des Malades chroniques, de TOUS ceux qui ne rapportent plus assez, ainsi que des « bouches inutiles à nourrir » (voir à ce sujet les fondements cardinaux du 3ème Reich, Dixit je cite : « Le Reich ne peut pas se permettre de nourrir des bouches inutiles… »)
Je cite pour Rappel : « Vous ne posséderez plus RIEN, et Vous serez heureux…. »(comprendre Factuellement en Fait : « et Vous serez « drogués »…) …
Tonton Schwab et son égérie alias Yuval Noah Harari, nous ont pourtant bien annoncé la couleur à L’avance, et un certain J.Attali aussi …
–>Si les citoyens continuent de dormir comme actuellement, alors ils se réveilleront en Enfer !!!
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