Les fonds de pension dans les pays développés ont regagné 1.500 milliards de dollars au premier semestre 2009 sur les 5.400 milliards perdus sur les marchés financiers en 2008 en raison de la crise, affirme l’OCDE dans un rapport publié lundi.
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Plombés par la chute des Bourses, ces fonds de pension avaient vu la valeur de leurs actifs fondre, passant de 27.800 milliards de dollars en décembre 2007 à 22.400 milliards un an plus tard, note l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le volume d’actifs gérés par les fonds de pension des pays développés au 30 juin dernier reste toutefois inférieur de 14% au niveau atteint fin 2007, est-il indiqué.
“Il faudra attendre encore longtemps avant que les pertes de 2008 soient totalement effacées”, souligne le rapport.
En dehors de l’OCDE, qui regroupe les 30 Etats les plus industrialisés, certains fonds de pension de pays émergents ont su profiter du dynamisme de leurs marchés boursiers pour effacer entièrement les pertes essuyées en 2008, note le rapport, citant les cas de fonds israéliens ou chiliens.
Le rapport pointe également l’impact de la crise financière sur les fonds publics de réserve des retraites, relevant de grandes disparités selon les pays. “L’impact a été très fort pour les fonds où les actions représentent une large part des actifs”, souligne le document, citant notamment le cas du Fonds de réserve des retraites (FRR) français.
Au total, en dépit d’un ralentissement, le volume d’actifs gérés par les fonds publics a progressé à la fin 2008, atteignant 4.300 milliards de dollars contre 4.100 milliards un an auparavant
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE L’INTERVIEW DE L’EMERITE JP CHEVALLIER POUR LE JOURNAL DU NET :
Le déficit actuel du régime de retraite se résume-t-il au choc démographique ?
Jean-Pierre Chevallier : Oui et non. Le problème de financement ne peut pas être résolu par un système de répartition. Il ne faut pas compter sur la démographie, comme on l’a fait après la seconde guerre mondiale. A l’époque, il y avait peu de retraités et beaucoup de travailleurs. C’était une solution déterminée par les circonstances de cette époque. Mais c’est une faute de raisonnement, quelles que soient les conditions démographiques. C’est un problème de logique, ce sont les économies réalisées pendant la vie active qui doivent payer les retraites ultérieures.
Comment réformer le système des retraites ?
La meilleure façon de payer les retraites est de mettre de l’argent de côté pendant sa carrière et de le placer sous forme d’actions. Il faut faire évoluer notre système vers des fonds de pensions, comme en Allemagne. C’est un système imaginé aux Etats-Unis dans les années 1940. Contrairement à une capitalisation purement individuelle, les fonds de pensions mutualisent les risques. Si tout le monde cotise, seuls les “survivants” en bénéficient. Cette mutualisation est indispensable : sans elle, 90% de la population n’auraient pas suffisamment d’argent pour financer leur propre retraite. En France, à chaque fois que quelqu’un évoque le système par capitalisation, tout le monde fait une erreur en pensant à un système d’épargne individuelle.
La crise financière ne condamne-t-elle pas le système des fonds de pensions ?
Globalement, cet effondrement financier ne remet pas en cause le système des fonds de pension. Il y a déjà eu des baisses de la bourse dans le passé. On sait que les actions ne sont pas stables. Mais cela reste le meilleur placement à long terme, même s’il y a des variations à court terme. Depuis 60 ans, les bénéfices des sociétés américaines augmentent de 7,5% par an, plus rapidement que le PIB.
Le système américain, que vous défendez, n’a-t-il pas des failles ?
Les fonds de pensions constituent selon moi le meilleur système pour la population. Cependant, dans le système américain actuel, rien n’oblige les employeurs à souscrire à un fonds de pensions. Certains travailleurs, surtout dans les petites entreprises, ne bénéficient pas de ces fonds de pensions et ne peuvent donc pas bénéficier de retraite. Je pense qu’il faudrait les rendre obligatoires. Il faudrait aussi que le salarié puisse lui-même choisir le fonds qui financera sa retraite.
Quel bilan tirez-vous des réformes précédentes ?
Elles n’ont servi à rien. On reste dans un système par répartition. Même la création des Perp et des Perco ne constitue qu’un perfectionnement du système antérieur, de façon à pouvoir survivre quelques années de plus. Nous avons aujourd’hui un problème de comptabilité. Les salariés accumulent des droits à la retraite, mais il n’y a aucune créance correspondante dans les comptes de la Sécurité sociale.
De plus, les salariés du secteur privé qui ont des petits salaires se retrouvent aujourd’hui dans une situation catastrophique. Ceux qui ont une situation modeste bénéficient d’une retraite insuffisante, alors qu’elle serait supérieure dans un système de fonds de pension.
Fabien Renou, Journal du Net oct 2009
ET TOUJOURS D’ACTUALITE : Ces Madoffs qui nous gouvernent : Retraite par répartition ou quand les mauvais comptes font les mauvais amis…. (cliquez sur le lien)
Catégories :Retraite, Démographie et Vieillissement
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