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Commentaire : Banques US 1ers résultats du 4ème trimestre et éléments de comparaison

Quoi qu’il en soit de l’évolution future du cadre réglementaire, les premiers résultats des banques américaines pour le dernier trimestre 2009 (JPMorgan, Citigroup, Bank of America, Wells Fargo) apportent des indications positives sur leurs activités de banque de détail (cartes de crédit, crédit hypothécaire, home-equity) et sur la situation de leurs clients.

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 La baisse des provisions couvrant ces activités montre une amélioration, encore fragile mais réelle. Bank of America a, par exemple, connu son trimestre le moins négatif depuis quatre ans sur ses activités de détail. Sur le reste des métiers de ces banques, les activités de marché ont apporté, au quatrième trimestre, une moindre contribution.

Autre point notable dans les chiffres trimestriels, les ratios de capitaux propres se sont nettement améliorés.

Pour l’ensemble de 2009, les chiffres sont contrastés (JPMorgan : 12 milliards de dollars de profits, Citigroup : 1,6 milliard de dollars de pertes) et ils comportent beaucoup d’éléments comptables exceptionnels (en particulier le coût que représente le remboursement du TARP). Les commentaires des dirigeants sont restés prudents sur les trimestres à venir, laissant entendre que des provisions importantes sont toujours à prévoir en 2010. La situation du secteur s’améliore graduellement même si des problèmes demeurent et l’important est que la baisse des provisionnements et des dépréciations soit engagée.

Wells Fargo face aux créances douteuses

Les résultats du quatrième trimestre publiés par Wells Fargo mercredi peuvent faire craindre une résurgence des créances douteuses de la banque, au moment où ses concurrents sont en passe de tirer un trait sur ces problèmes.

Les actifs non performants tels que les créances impayées du groupe ont augmenté de 18% au dernier trimestre par rapport au troisième. Ils ont en revanche diminué de 3,1% chez J.P. Morgan Chase, tandis que ceux de Citigroup sont restés plus ou moins stables et que ceux de Bank of America ont crû de 5,7%.

Les investisseurs surveillent de près ce baromètre du crédit. En effet, lorsque les prêts en souffrance commencent à baisser, les banques peuvent réduire leurs provisions pour créances douteuses, ce qui se traduit par un bond des bénéfices. Presque toutes les valeurs bancaires ont déjà progressé à l’annonce de telles hausses de bénéfices. Pourtant, une fois cette progression passée, le marché pourrait être déçu si les indicateurs de crédit ne s’améliorent pas conformément aux attentes.

C’est en cela que le cas de Wells est intéressant. Le titre se négocie selon un multiple de 1,4 fois sa valeur comptable, contre 1,08 fois pour J.P. Morgan. Si le groupe déçoit sur le rendement de ses actifs, cet écart pourrait se réduire.

Les défenseurs de Wells diront que la banque dispose de réserves adaptées aux prêts accordés. Mais les actifs non performants de Wells représentent désormais 3,12% de son portefeuille de prêts, contre 2,77% pour J.P. Morgan. Pourtant les réserves de J.P. Morgan sont supérieures de 74% au total de ses créances en souffrance, tandis que Wells dispose de réserves de même taille.

Il est vrai que la comparaison est quelque peu faussée par la forte exposition de J.P. Morgan à l’activité de cartes de crédit. Parce qu’ils sont rapidement passés en pertes, les prêts en souffrance dans cette activité n’apparaissent pas dans le total des créances douteuses, mais nécessitent néanmoins la constitution de réserves.

Wells a précisé qu’une grande partie de ses crédits en souffrance étaient assortis de garanties, ce qui signifie que toute perte finale sera compensée par la saisie d’un collatéral apporté en garantie. Le groupe a également indiqué que l’envolée de ses crédits non performants était due aux modifications de prêts et aux moratoires sur les saisies.

Quoi qu’il en soit, si Wells Fargo reste à la traîne de ses concurrents sur de tels indicateurs clés, une correction du cours du Bourse est à prévoir.

Citigroup: craintes sur la banque d’investissement

Citigroup possède l’une des plus grandes banques d’investissement au monde. Mais après les résultats médiocres publiés mardi au titre du quatrième trimestre, on peut de se demander si cette division ne pèse pas sur les perspectives de redressement de la banque. 

La division Securities and banking comptabilisait 800 milliards de dollars d’actifs à la fin de l’année, portant son bilan à un niveau similaire à ceux des activités banques d’investissement de Morgan Stanley et J.P. Morgan Chase.

En 2009, la division de Citigroup a engrangé un bénéfice 9,1 milliards de dollars, soit un rendement de 1,17% sur les actifs. En comparaison, le rendement affiché par la division banque d’investissement de J.P. Morgan n’était que de 0,99%.

Les investisseurs ont pourtant quelques raisons de s’inquiéter.

Tout d’abord, la performance de Citigroup est largement attribuable à un premier trimestre exceptionnel, qui a contribué à hauteur de plus de 6 milliards de dollars aux résultats de l’an dernier. A l’inverse, le quatrième trimestre n’a produit que 300 millions de dollars de bénéfices.

Certes, le dernier trimestre a été plombé par 1,9 milliard de dollars de pertes liées à des ajustements comptables sur la valeur de la dette et le risque de contrepartie. Mais le revenu d’une activité clé comme les opérations pour compte propre sur les marchés boursiers a également chuté de 45% par rapport au troisième trimestre, hors ajustements sur la dette.

En outre, ces ajustements sur la valeur de la dette sont liés en grande partie à des erreurs de calcul au cours des périodes précédentes, ce qui signifie que les résultats précédents étant surévalués. Voila de quoi miner un peu plus la confiance des investisseurs.

Par ailleurs, contrairement à d’autres, Citigroup ne présente pas le détail des fonds propres de sa banque d’investissement, compliquant le calcul de mesures telles que le taux d’endettement ou le rendement des capitaux employés.

Citigroup a fait des efforts louables pour accroître la transparence de son activité de crédit à la consommation. Le groupe devrait maintenant appliquer la même politique à son activité de banque d’investissement.

JPMorgan: la crise du crédit va continuer de peser

-Les investisseurs qui misent sur une hausse du secteur bancaire à Wall Street répètent inlassablement que les bénéfices de J.P. Morgan pourraient monter en flèche prochainement grâce à la forte baisse des coûts liés aux créances douteuses. La direction a même affirmé vendredi, malgré des résultats trimestriels peu enthousiasmants, que le groupe pourrait commencer à sentir cette accélération cette année.

Mais vu l’ampleur de ses activités de banque d’investissement et l’importance de son exposition aux prêts hypothécaires, J.P. Morgan va devoir vivre avec les conséquences de la crise du crédit plus longtemps que certains ne l’imaginent, comme l’attestent ses résultats du quatrième trimestre.

J.P. Morgan a en effet fait état, dans son rapport d’activité, d’une hausse des défauts de remboursement sur ses crédits de première catégorie ; ses bénéfices sont désormais touchés par les prêts hypothécaires qu’il a pris en charge lors de l’acquisition en urgence de Washington Mutual ; et le coût de la reprise de crédits immobiliers déficients a étonnamment pesé sur ses résultats.

Mais la plus grave menace qui plane sur J.P. Morgan est peut-être la réorganisation du système financier qui est en train d’être concoctée par les dirigeants politiques et les autorités de régulation, dans la mesure où, avec un pôle de banque d’investissement très exposé aux produits dérivés et aux opérations de trading, le groupe se retrouve directement visé par ces réformes.

Ainsi, l’établissement faisant énormément appel au marché pour se financer, il y a fort à parier qu’il sera sévèrement touché par l’impôt proposé par l’administration Obama sur le passif des banques. Le président-directeur général de J.P. Morgan, Jamie Dimon, a même inféré vendredi qu’avec cette taxe, il pourrait s’avérer moins intéressant pour la banque de se procurer des capitaux via le marché “repo” des mises/prises en pension. Au total, ce type de financement s’est élevé à 294 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre, soit 16% du passif de J.P. Morgan.

Par ailleurs, le projet de réforme des règles bancaires internationales, connues sous le nom d’accords de Bâle, pourrait entraîner des changements comptables susceptibles de gonfler considérablement les positions de J.P. Morgan sur les marchés dérivés. J.Dimon a minimisé l’importance de ces modifications, en ajoutant que la réforme des accords de Bâle pourrait prendre “des années” et que, d’ici là, les banques auraient les fonds nécessaires pour y faire face. Mais l’attitude en apparence détendue de J.Dimon ne se justifie peut-être pas, car les politiques semblent durcir leurs positions envers les banques et n’ont pas l’intention de faire preuve d’une plus grande souplesse.

Et si ces changements réglementaires conduisent à un relèvement des exigences de fonds propres, la banque d’investissement de J.P. Morgan pourrait y être sensible plus que d’autres établissements. Le ratio de levier financier de la division, soit le rapport entre les actifs totaux et les fonds propres, est de 20, contre 15 pour Goldman Sachs. Pour descendre au niveau de Goldman, il faudrait à J.P. Morgan 10 milliards de dollars de capitaux supplémentaires.

La baisse du revenu des opérations sur les marchés obligaires est également de mauvais augure pour J.P. Morgan. Il est vrai que ce mouvement est probablement saisonnier, mais si les marchés obligataires s’effondrent après l’arrêt des programmes d’aide de la Réserve fédérale, le niveau atteint par le groupe au quatrième trimestre pourrait être plus proche de la norme que de l’exception.

Les spéculateurs à la hausse misent pour J.P. Morgan sur un bénéfice par action de 4,85 dollars en 2011, soit une hausse de 116% par rapport à 2009. Le ratio cours sur bénéfices médian de la banque depuis 2000 est de 13. Si l’on applique ce multiple aux résultats prévus pour 2011, la valorisation du titre augmente de 40% par rapport à ses niveaux actuels, à 63 dollars. Mais compte tenu des problèmes auxquels J.P. Morgan fait face, un multiple de 10 pourrait être plus adapté, ce qui situerait le titre pas beaucoup plus haut que ces niveaux actuels.

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