Europe

Trappes à Dettes : La Grèce est loin d’être tirée d’affaire

Je suis satisfait.” Le ministre grec des finances était soulagé, lundi 29 mars, après la souscription du nouvel emprunt de l’Etat grec. Contrairement à ce que donne à penser le concert d’autocongratulation qui a suivi l’adoption du énième plan de soutien – secret et verbal – à la Grèce, au sommet de Bruxelles du 25 mars, l’Allemagne a scellé le sort de l’économie hellène : la Grèce semble condamnée à faire défaut sur sa dette. A terme.

 Commentaire : Grèce, Europe et effet domino / Jeu et compromis sans solution (cliquez sur le lien)

PLUS DE CAVALERIE EN SUIVANT :

Certes, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de prolonger sine die la prise en pension de ses titres moins fiables. ”

Cela assure la liquidité de la dette grecque et rassure les banques européennes qui l’achètent”, commente Jésus Castillo, économiste chez Natixis. Certes, “les premiers chiffres publiés par Athènes sur les résultats de son plan d’austérité montrent que le déficit public a reculé en février de 70 % par rapport au mois correspondant de l’année 2009”, souligne-t-il. “Mais diminuer de dix points (de – 12,7 % à – 3 %) en trois ans le pourcentage des déficits par rapport au produit intérieur brut (PIB) représente un effort énorme !” 

Et c’est bien là que le bât blesse. La Grèce réalisera vraisemblablement ses engagements pour 2010, c’est-à-dire une baisse de quatre points du taux de ses déficits publics sous l’effet de la hausse de la TVA, de l’essence, du tabac et du gel des salaires des fonctionnaires et des pensions notamment. 

Au-delà, la réduction des déficits est peu vraisemblable avec un PIB annoncé cette année en baisse de 2 % par la Banque centrale hellène. A l’évidence, ce plan d’austérité est trop exigeant, à la demande de Berlin. 

Les marchés le savent et c’est pour cela qu’ils ont infligé à l’emprunt grec du 29 mars des taux prohibitifs d’environ 6 % quand l’Allemagne emprunte à 3 % et que le Fonds monétaire international (FMI) prête à moins de 3 %. Le surcoût qui en résultera va encore aggraver le déficit budgétaire grec, donc faire un peu plus peur aux investisseurs qui augmenteront la prime de risque exigée de la Grèce, etc. Dès lundi, le prix des obligations grecques à 7 ans chutaient, nouveau signe de défiance. 

Pour briser ce cercle vicieux, la seule solution aurait été de mettre au plus vite l’argent sur la table pour rassurer les marchés et alléger le fardeau. L’Allemagne a jugé que cela était immoral en raison des trucages et du laxisme pratiqués naguère par les gouvernements grecs. Angela Merkel n’a pas voulu aller, à deux mois d’élections régionales, contre son opinion publique qui refuse mordicus toute aide à la Grèce. Conséquence : l’aide européenne (pour les deux tiers) et l’apport du FMI (pour un tiers) ne seront apportés qu’en dernier ressort, quand la Grèce se trouvera en chute libre. 

“Cela coûtera beaucoup plus cher que les 25 milliards de dollars dont tout le monde fait état !, analyse l’un des membres éminents de l’aréopage du G20. Je ne comprends pas pourquoi, vous, l’Union européenne (UE), qui avez contribué en 2009 pour quelque 170 milliards de dollars au triplement des réserves du FMI, vous n’avez pas dit, dès le mois de septembre 2009, que vous souhaitiez récupérer une partie de votre argent et profiter en retour de prêts du fonds pour la Grèce. D’autant que les prêts du FMI sont moins chers et de création monétaire, c’est-à-dire en provenance des banques centrales, donc indolores, alors que les aides promises par l’UE seront des aides d’origine budgétaire donc prélevées sur d’autres dépenses publiques, ce qui fera hurler les contribuables en ces temps de restrictions.” 

Aujourd’hui, ni l’UE ni le FMI ne sont en position d’épauler le gouvernement grec qui se trouve terriblement seul face à des échéances redoutables puisqu’il lui faut lever 53 milliards de dollars en 2010, affronter le mécontentement populaire et faire repartir la croissance. “Il a fallu quatre mois à l’Europe pour accoucher d’une souris, se désole Bruno Cavalier, économiste en chef chez Oddo Securities. Les dirigeants européens font comme si la Grèce n’avait pas un besoin urgent de taux plus bas. Si elle ne trouve à emprunter qu’à plus de 6 %, je crois qu’elle ne pourra pas faire face à ses échéances et fera défaut. Pour l’instant, elle a gagné un mois. Cela s’appelle de la cavalerie.” 

Alain Faujas LE MONDE | 31.03.10

EN COMPLEMENTS ON LIRA AVEC INTERET LE DERNIER BILLE DE JP CHEVALLIER CONSACRE A CETTE QUESTION :

http://www.jpchevallier.com/article-grece-euro-us-drachme-et-banques-47817547.html (cliquez sur le lien)

AINSI QUE L’ETUDE D’ARTUS SUR LA QUESTION SULFUREUSE DU QUI DETIENT DE LA DETTE GRECQUE

Qui détient les dettes greques (cliquez sur le lien)

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