Les biocarburants émettent moins de gaz à effet de serre que les carburants fossiles, indique jeudi une étude publiée par l’Ademe, mais ce bilan peut être beaucoup plus contrasté, voire s’inverser si on prend en compte les forêts ou prairies détruites pour les cultiver.
“On veut vraiment éclaircir cette question qui est tout à fait fondamentale, on peut complètement inverser le résultat des bilans de ces biocarburants en fonction des différents scénarios. Aujourd’hui, personne n’est à même de dire quel est le bon scénario“
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“Des travaux spécifiques doivent être conduits pour approfondir cette zone d’ombre (…). Il est nécessaire de lever cette incertitude”, estime le rapport réalisé par le bureau Bio Intelligence Service pour le compte de l’Agence pour le développement et la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Le rapport, qui évalue le bilan écologique des biocarburants produits et importés en France (dits de première génération), met en avant une réduction allant de 24 à 91% des niveaux d’émission de gaz à effet de serre (GES) par rapport aux carburants fossiles.
Une directive européenne prévoit une économie de GES d’au moins 35% en 2010, puis 50% en 2017.
Les gains nets en émission de GES sont d’environ 50 à 70% pour les bioéthanols (fabriqués à partir de biomasse), le meilleur élève étant l’éthanol de canne à sucre (72%). Une réduction encore meilleure pour les biodiesels (obtenus à partir d’huile végétale ou animale), de 60% à 90% de réduction.
Le bilan est en revanche médiocre pour la filière ETBE issue des éthanols de blé ou de maïs: entre 24 et 31% d’émissions en moins.
Ces études ont été réalisées sans prendre en compte de changement d’affectation des sols. Or, par exemple, en transformant une forêt, capable de stocker du CO2 dans leur sol et qui en émet quand on la détruit, en un champ de cultures, on peut renverser le bilan environnemental des biocarburants.
Le rapport propose plusieurs scénarios qui prennent en compte à divers dégrés l’impact du changement d’affectation des sols sur le bilan total des biocarburants.
Aussi, le biodiesel de soja, qui offre une réduction de 77% d’émission de GES sans prise en compte ce changement de sol, ne présente plus le même profil dans le scénario maximaliste (un ha de forêt tropicale transformé en un ha de culture de biocarburants): il émet alors 4 à 5 fois plus de GES que le gasoil…
Un comité d’orientation chargé d’étudier cette question va être mis en place le mois prochain, a expliqué, lors de la présentation du rapport, Jean-Louis Bal, directeur des Energies renouvelables à l’Ademe.
“On veut vraiment éclaircir cette question qui est tout à fait fondamentale, on peut complètement inverser le résultat des bilans de ces biocarburants en fonction des différents scénarios. Aujourd’hui, personne n’est à même de dire quel est le bon scénario”, a-t-il déclaré.
France Nature Environnement (FNE, 3.000 associations) a salué la prise en compte, “du bout des lèvres”, de cette question par l’Ademe. “Plus de la moitié des agrocarburants consommés en Europe sont importés et cette proportion va nécessairement augmenter. Cela induit déjà et cela va induire de plus en plus de destruction des forêts tropicales”, a déclaré à l’AFP Lionel Vilain, responsable agriculture à FNE.
Les principaux producteurs d’éthanol sont le Brésil (canne à sucre) et les Etats-Unis (maïs), l’Europe produisant, elle, plutôt des biodiesels (Allemagne). La France produit 75% de biodiesel (colza, tournesol…) et 25% d’éthanol (betterave, maïs, blé).
source afp avril10
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