La reprise économique mondiale est parvenue à un tournant crucial : les entreprises vont-elles prendre la relève des Etats en matière d’investissement ?
Elles disposent pour cela de la trésorerie nécessaire mais leurs dirigeants sont-ils assez confiants ?
Ils ont jusque-là restreint les investissements, en raison des doutes entourant la demande finale, la vigueur de la reprise et la montée des risques souverains. Les ménages et les Etats occidentaux ont cependant fortement besoin de se désendetter, et seul un redémarrage des dépenses des entreprises pourra préserver la reprise, alors que les plans de relance touchent à leur fin.
PLUS DE DEPENSES DINVESTISSEMENT EN SUIVANT :
Pendant la récession, les dépenses des entreprises se sont effondrées, ce qui a contraint les Etats à prendre le relais. L’investissement hors logement a chuté de 17,8% aux Etats-Unis en 2009.
Les entreprises génèrent pourtant de la trésorerie, et leurs bilans sont solides; les révisions en hausse des notations de crédit commencent à être plus nombreuses que les déclassements.
Le flux de trésorerie disponible des sociétés non financières a atteint 2,8% du PIB aux Etats-Unis, son plus haut niveau en près de 40 ans, selon Credit Suisse.
Par ailleurs, le financement par la dette est bon marché et disponible : les rendements à long terme des obligations d’entreprises américaines sont en moyenne à leur plus bas niveau en près de 40 ans, d’après les données de Moody’s.
Les spreads de crédit européens et americains devraient encore se resserrer, malgré la hausse déjà enregistrée l’an dernier, selon Citigroup.
Et surtout, les actionnaires vont peut-être maintenant donner aux dirigeants d’entreprises le feu vert pour engager des dépenses: pour la première fois depuis décembre 2007, les gérants de fonds placent les dépenses d’investissement et les dividendes avant la réduction de l’effet de levier dans l’ordre des priorités, selon une enquête publiée cette semaine par Bank of America-Merrill Lynch.
Indicateur de Marché : Sondage Merrill Lynch Avril 10 (cliquez sur le lien)
Les entreprises sont dans le même état d’esprit : selon une enquête réalisée par Credit Suisse auprès de plus de 50 grandes entreprises européennes, 63% d’entre elles entendent maintenir ou accroître leurs dépenses dans les 12 prochains mois, alors qu’elles n’étaient que 27% au cours des 6 derniers mois.
La réalisation de ces intentions de dépenses dépendra de la confiance. Certains signes sont encourageants. L’activité manufacturière et les échanges commerciaux se redressent, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Les exportations de la zone euro ont atteint en février leur plus haut niveau en 15 mois et les échanges commerciaux au sein de l’Union monétaire ont augmenté de 8% par rapport à l’an dernier.
Mais les obstacles demeurent importants. La demande finale repose en grande partie sur les consommateurs d’Asie et des marchés émergents. Les moyens des entreprises risquent d’être amputés par une hausse des impôts. Et si le recours à l’emprunt augmente, les entreprises pourraient se retrouver en concurrence avec les Etats pour lever des fonds.
L’avenir de la reprise est maintenant entre les mains des entreprises. Les craintes d’une récession à double creux qui les dissuadent de réaliser des dépenses d’investissement risquent de se transformer en prophéties autoréalisatrices.
–Richard Barley, Wall Street Journal avril10
EN COMPLEMENTS : WSJ : L’investissement repart dans les entreprises (cliquez sur le lien)
WSJ : La trésorerie sera l’élement clé des résultats des Entreprises US (cliquez sur le lien)
Commentaire : Nouvelle ère pour l’économie américaine (cliquez sur le lien)
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