Art de la guerre monétaire et économique

Jean Pierre Petit : Le déclin économique de l’UE (II)

Jean Pierre PetitLe déclin économique de l’UE (II)

Jean-Pierre Petit  La balance commerciale de la zone euro reste excédentaire. Mais son poids dans le commerce international diminue.

La marginalisation européenne est à la fois économique, commerciale et financière.

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Ainsi la zone euro pèse pour plus de 15% du produit intérieur brut mondial (en parité de pouvoir d’achat) mais a perdu près de 20% de poids dans les dix dernières années. La croissance moyenne annuelle sur la décennie 2000 n’a été que d’à peine 1%, soit la pire décennie d’aprèsguerre, pour une croissance mondiale de 3,6%.

Durant la décennie 90, les chiffres correspondants étaient de 2,2% (zone euro) et de 3,1% (monde).

La croissance potentielle des pays de la zone euro a connu selon l’OCDE une chute très marquée par rapport au début de la décennie. Seule, la Slovaquie (pays en rattrapage a une croissance potentielle supérieure à celle d’il y a dix ans selon l’OCDE. Même remarque pour le Royaume-Uni. La croissance potentielle est passée, de 2,6% dans les années 90, avant de diminuer à 1,2% en 2010.

La balance commerciale de la Zone Euro reste excédentaire, principalement grâce à l’Allemagne, mais son poids dans le commerce international diminue.

De plus, l’Allemagne ne connaît des excédents de balance commerciale importants que grâce à sa compétitivité face aux autres pays de la Zone Euro et à sa proximité avec l’Europe centrale, fortement déficitaire. En revanche, l’Allemagne est déficitaire vis-à-vis des pays asiatiques et d’Amérique Latine.

Au fond, cela illustre que le mercantilisme allemand s’est fait essentiellement au détriment des autres pays de la zone euro.

Si l’on regarde les deux principaux moteurs des économies émergentes, la Chine et l’Inde, on s’aperçoit que ce sont, certes, des partenaires de plus en plus importants pour l’Union Européenne, leur poids ayant doublé dans les exportations en 30 ans. Mais si l’on regarde le poids de l’Union Européenne de leur point de vue, notamment le poids européen dans leurs importations, l’Union ne représentant plus que 13% de ces dernières, contre 22% en 1990.

En termes d’investissements directs, la marginalisation européenne vis-à-vis de la Chine et de l’Inde est moindre. L’Union Européenne représente près de 10% des flux reçus par la Chine et l’Inde en moyenne sur les 10 dernières années. Mais ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle dans la mesure où ces investissements reflètent des délocalisations, des projets peu rentables en Europe ou des changements stratégiques majeurs de la part de nombreux acteurs européens afin d’épouser les tendances de la demande locale dans ces pays.

Au fond, le déclin de l’Occident par rapport à l’Asie peut paraître logique à plus d’un égard. Il y a tout de même une spécificité européenne.

L’Amérique conserve sa dynamique démographique (immigration), son dynamisme entrepreneurial, sa culture du risque, la vigueur de ses clusters, la mobilité de ses salariés et la qualité de la gouvernance politique (renouvellement, ouverture des élites politiques, cohérence des décisions, absence de règles contraignantes, pragmatisme, …).

 Et le problème est que la dynamique du déclin s’auto-entretient dans un cercle vicieux. Tous les vecteurs de l’accentuation du déclin européen sont présents:

paralysie institutionnelle,  éparpillement des forces politiques, fragmentation économique et sociale, absence de projet fort, frilosité des peuples, narcissisme des élites politiques, courttermisme généralisé et ajustement sur les jeunes générations.

Et le pire est sans doute que la crise actuelle n’est aujourd’hui probablement pas suffisamment profonde pour être salvatrice._

JEAN-PIERRE PETIT économiste et stratégiste de marchés mai10

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