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Le petit miracle de l’économie suisse

Le petit miracle de l’économie suisse

La vigueur de la reprise au sein de la Confédération helvétique surprend tout le monde. Les indicateurs battent des records absolus, les économistes revoient leurs prévisions à la hausse. La croissance suisse devrait être plus faible en 2011 qu’en 2010

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«En Suisse, l’évolution de la conjoncture en 2010 est jusqu’ici réjouissante.» Au secrétariat d’Etat à l’économie, à Berne, les experts n’en reviennent toujours pas de la bonne tenue de la reprise. Et leur surprise se lit jusque dans leur très sérieux rapport de juin sur les «Tendances conjoncturelles».

L’économie suisse bat tous les pronostics. Cette semaine encore, un indicateur avancé de l’état de santé de l’industrie helvète a atteint un niveau jamais vu. L’indice PMI des directeurs d’achat, c’est son nom, culmine à 66,9 points en juillet. De quoi laisser sur place la zone euro, qui plafonne à 56,7 points, déjà en soi un joli score.

L’industrie suisse, tournée vers l’export, porte sur ses épaules une grande partie de la reprise. «La chimie et la pharmacie, qui comptent pour 40% des exportations, ont peu souffert de la crise et profitent aujourd’hui de la reprise en Asie et en Amérique du Sud, comme par ailleurs l’horlogerie», décrypte Bruno Parnisari, chef du secteur conjoncture au secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). La Suisse est également très liée à l’industrie allemande, qui mène la reprise en Europe.

L’immigration stimule la demande

La très dynamique industrie ne saurait toutefois expliquer à elle seule le petit miracle économique du pays. La véritable spécificité de la Confédération, c’est l’immigration. En 2008, avec une population totale de 7 millions de personnes, la Suisse a accueilli 100.000 nouveaux arrivants, puis 60.000 en 2009. L’équivalent d’un tiers de la population de Zürich, la plus grande ville du pays.

«Ces nouveaux habitants, pour la plupart très qualifiés et percevant de hauts revenus, ont contribué à hauteur de 50% à la croissance des ventes de détail depuis 5 ans», selon Claude Maurer, économiste senior chez Credit Suisse. Ces immigrés de luxe ont également contribué à l’explosion du marché immobilier que connaît la Suisse depuis quelques années et que la crise n’a pas pu entamer.

Encore des surprises?

Consommation solide, boom immobilier et industrie dynamique: ce cocktail détonnant devrait déboucher sur une croissance de 1,8% en 2010, selon les économistes de Crédit Suisse et du Seco. Ils ont tous revu leurs prévisions à la hausse en juin et n’excluent pas d’être encore agréablement surpris d’ici à la fin de l’année.

Pour autant, des risques planent toujours sur le pays alpin. Le franc suisse, d’abord. Devise refuge, il grimpe depuis trois mois face à l’euro (+5,8%), menaçant les exportations. Et, après une très bonne année 2010, 2011 s’annonce plus difficile. La fin des mesures de relance, la remontée des taux d’intérêt et la mise en place des plans de rigueur devraient ralentir la croissance. A moins que la Suisse, encore, ne surprenne.

Guichard, Guillaume | JDF | 05.08.2010

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