James Bullard (FED)persiste et signe
L’homme qui a lancé à la fin juillet un avertissement (cliquez sur le lien)concernant une menace de «déflation à la japonaise» aux États-Unis a obtenu de nouveau l’attention de Wall Street jeudi.
US/FED/Bullard : à deux doigts d’une déflation à la japonaise ? (cliquez sur le lien)
PLUS DE BULLARD EN SUIVANT :
Le grand patron de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, a prononcé à Rogers, en Arkansas. Son discours a porté sur les perspectives économiques et la politique monétaire des Américains. Il a participé ensuite à un débat sur le mode des questions/réponses.
Morceaux choisis
Les perspectives économiques aux Etats-Unis se sont dégradées et l’inflation de base recule, mais l’un et l’autre restent gérables, a déclaré jeudi le président de la Réserve fédérale de St. Louis, James Bullard. Le banquier central a ainsi mis en garde la Fed contre toute décision précipitée en faveur de nouvelles mesures de relance.
J.Bullard, qui a exprimé la semaine dernière sa préférence pour les rachats d’actifs à la place d’une politique de taux comme moyen d’éviter un piège déflationniste à la japonaise, a notamment estimé que les modestes mesures prises par la Fed en ce sens la semaine dernière suffiraient pour l’instant. M. Bullard fait référence à la décision de la Fed le 10 août de réactiver un dispositif dont elle ne se servait plus, l’achat de ces titres aux banques pour éviter une contraction néfaste des liquidités injectées dans le système financier.
Il a souhaité aller plus loin que ne l’avait décidé le comité de politique monétaire, tout en expliquant que l’action de la Fed devait être “disciplinée et ciblée”.
“Il faut que la taille des achats soit proportionnelle à la dégradation des perspectives” de la croissance, a-t-il considéré.
“Les rachats brusques et importants sont rarement optimaux”, a-t-il déclaré, d’après un communiqué de presse résumant ses déclarations. “Les opérations chocs ne sont presque jamais la solution”. . “La tactique du choc et de l’effroi n’est pratiquement jamais une bonne manière de procéder”, a-t-il avancé.
La reprise ou non de mesures de soutien au crédit fait l’objet d’un débat conflictuel parmi les dirigeants de la Fed, certains estimant que tant que la croissance se poursuit ce n’est pas nécessaire, tandis que d’autres préféreraient lui redonner un coup de pouce.
M. Bullard a rejeté toute précipitation, semblant écarter une annonce surprise avant la prochaine réunion du comité de politique monétaire prévue le 21 septembre
EN COMPLEMENT : Le message de la Fed est brouillé
La banque centrale américaine peine à afficher un cap clair dans la gestion de sa politique monétaire, affichant au grand jour ses dissensions internes, alors que les inquiétudes montent sur les marchés sur une possible rechute de la première économie mondiale.
Entre ceux pour qui elle en fait trop, et d’autres pour lesquels elle n’en fait pas assez pour soutenir l’économie, la Réserve fédérale (Fed) est décriée dans la presse, chez les économistes, et dans les milieux financiers.
Mettant à mal sa mission, l’emploi se dégrade. Les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont atteint lors de la deuxième semaine d’août leur plus haut niveau depuis novembre, selon des chiffres publiés jeudi par le département du Travail.
Cette semaine-là, le 10 août, elle a décidé de réactiver un mécanisme exceptionnel de soutien au crédit qu’elle avait probablement espéré ne plus employer. Trois jours plus tard, elle essuyait l’une des plus vives critiques jamais entendue de la part de l’un des siens, concernant le maintien de son taux directeur proche de zéro.
Thomas « dissident » Hoenig/Fed : «I wish free money was really free money».
“Je pense que des taux zéro lors d’une période de croissance modérée sont un pari dangereux”, a estimé le président de la branche de la Fed à Kansas City (Missouri, centre). Thomas Hoenig est un dissident au sein de son institution. Champion des épargnants et ennemi acharné de Wall Street, il a voté contre toutes ses décisions de politique monétaire depuis le début de l’année.
L’initiative polémique, la relance des achats de titres de dette de l’Etat fédéral, a provoqué une nette baisse des marchés boursiers, au profit d’autres considérés comme des refuges, en particulier les obligations du Trésor américain. Mardi, un autre dirigeant de la Fed, le président de la branche de Minneapolis Narayana Kocherlakota, a avoué que cette décision “a eu de plus vastes conséquences sur les marchés financiers (qu’il) ne l’aurai(t) imaginé”.
“Je pense que l’opinion (selon laquelle) la Fed est encore une fois en retard dans ses perspectives économiques est de plus en plus répandue”, a commenté Bill McBride, l’auteur d’un des blogs financiers les plus lus aux Etats-Unis, Calculated Risk.
Les suggestions des économistes à la banque centrale sont aujourd’hui aussi fréquentes que celles des supporters d’équipes de football aux entraîneurs. Dans son numéro du 13 août, l’hebdomadaire “The Economist” en a recueilli sept, allant de cibler davantage la relance du crédit vers les PME à prendre encore davantage de risques dans le choix des actifs financiers rachetés aux banques.
Réinjecter des liquidités dans le système financier: cette éventualité séduit Wall Street, et l’idée fait aussi son chemin à Washington. Dans un compte-rendu d’une réunion lundi entre blogueurs financiers et le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, “il a été constaté que la Fed pourrait faire des choses ‘spectaculaires’, mais il y avait aussi le sentiment que la théorie en la matière était incertaine et non vérifiée”, rapportait Alex Tabarrok, du blog Marginal Revolution.
La Fed garde pourtant sa crédibilité. Parmi la cinquantaine d’économistes de marché interrogés par le Wall Street Journal tous les mois, aucun ne désignait en août, parmi les plus grands risques pour l’économie américaine, “une erreur de la Fed dans sa politique”.
source AFP aout10
EN RAPPEL : L’économie américaine irait au-devant de jours sombres
L’économie américaine va au-devant de jours sombres du fait du niveau élevé du chômage et de la faible production industrielle qui entravent la reprise, a estimé jeudi le chef de l’Office budgétaire du Congrès.
L’avertissement lancé par le “Congressional Budget Office”, organisme non-partisan, s’ajoute à la publication de statistiques négatives qui renforcent les inquiétudes relatives à un retour de la récession.
La crainte d’une reprise en “W”, qui verrait une nouvelle phase de récession succéder à la fragile reprise en cours, risque aussi de peser lourd sur l’issue des élections de mi-mandat de novembre prochain.
Les 435 sièges de la Chambre des représentants et un tiers des sièges du Sénat seront renouvelés et Barack Obama est sous la menace d’un Congrès qui basculerait dans le camp républicain.
D’après ses dernières projections, le CBO s’attend à ce que le déficit budgétaire atteigne 1.342 milliards de dollars cette année, un chiffre un peu moins élevé que les 1.368 milliards projetés en mars dernier.
Le CBO attribue pour l’essentiel cette différence à une réduction attendue du coût du programme TARP, le plan de sauvetage sur fonds publics des institutions financières lancé en 2009.
Mais les projections détaillées jeudi par le CBO tendent à montrer qu’à moins de changements significatifs dans les dépenses et recettes de l’Etat, l’administration Obama aura du mal à s’engager sur la voie d’une résorption du déficit budgétaire.
CHÔMAGE ÉLEVÉ JUSQU’EN 2014
Pour Douglas Elmendorf, directeur du Congressional Budget Office, la reprise de l’économie après la récession ne sera pas tâche aisée, même si l’organisme qu’il dirige s’attend à une croissance de 3% cette année.
“Le nombre considérable de logements vacants et les usines et bureaux qui tournent au ralenti resteront un frein continu sur la construction résidentielle et l’investissement des entreprises; de même, la faible progression des revenus ainsi que les richesses détruites freineront les dépenses des consommateurs”, a-t-il dit jeudi.
Selon le CBO, le taux de chômage ne repassera pas sous la barre des 5% avant 2014. Il devrait s’établir à 9,5% cette année, baisser à peine en 2011 pour revenir à 9% et se maintenir à un niveau moyen de 6,7% sur la période 2012-2014.
Il faut remonter à avril 2008 pour retrouver un taux de chômage inférieur à 5% de la population active aux Etats-Unis. C’était juste avant que l’économie américaine ne plonge en récession.
L’accumulation de ces statistiques fournit un angle d’attaque de premier ordre pour les républicains, qui espèrent priver Barack Obama de majorité au Congrès lors des élections du 2 novembre.
“Les prévisions livrées ce jour par le CBO ne font que souligner ce que nous savions déjà: le rythme actuel des dépenses publiques est intenable et, sans changement de direction, notre pays va vers une calamité budgétaire”, a réagi le républicain Judd Gregg, qui siège à la commission budgétaire du Sénat.
Pour leur défense, les démocrates affirment que le déficit budgétaire est un héritage de l’administration Bush et que l’attitude politicienne des républicains au Congrès bloque les efforts visant à lutter contre le chômage et aider les PME.
“Les républicains portent une grande part de responsabilité pour avoir dilapidé les excédents dont ils avaient hérité en 2001 (ndlr, l’année de l’investiture de George W. Bush) et créé ces déficits”, a dit Thomas Kahn, rattaché à la commission budgétaire de la Chambre des représentants.
“Et quelle solution prônent-ils aujourd’hui ? Quelque 4.000 milliards de dollars de nouvelles réductions d’impôts qui bénéficieront largement aux plus privilégiés. Cela ne ferait que creuser davantage le trou du déficit”, a-t-il ajouté.
source reuters aout10
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