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Assouplissement prolongé par Roy Damary

Assouplissement prolongé par Roy Damary

«L’homme blanc a la langue fourchue».  Combien d’entre nous se souviennent de cette phrase tirée de vieux westerns, quand le chef indien avait perdu confiance dans les promesses des colons?

PLUS/MOINS DE MENSONGES EN SUIVANT :

Les banques centrales sont censées non seulement maintenir l’inflation sous la barre des 2%, mais également anticiper son évolution quand, par exemple, les salaires ou le coût des matières premières flambent. En revanche, les gouvernements, lestés d’énormes dettes, ont tout intérêt à la voir se dilater (quand bien même ce sont eux qui ont fixé les objectifs), car il n’y a pas meilleur moyen pour gommer l’ampleur relative de leur dette.

 Pour des raisons politiques, ils ne peuvent pas le déclarer publiquement, mais on peut se demander combien de discussions et conjectures ont eu lieu en catimini entre banquiers centraux, représentants des Trésors, ministres des Finances et dirigeants.

De telles discussions revêtent une certaine légitimité aux Etats-Unis où les attributions de la Fed doivent tenir compte du marché de l’emploi. C’est une des raisons pour lesquelles nous pensons que l’assouplissement quantitatif (AQ), et ce en dépit de certains commentaires qui n’en comprennent pas la logique, sera prolongé en juin. Étonnamment, l’inflation aux Etats-Unis est moins présente qu’en Europe, ce qui défie la raison étant donné la faiblesse du dollar!   Nous persistons à croire que lorsque l’inflation se matérialisera, les autorités n’en seront pas fâchées.

Voici encore une autre raison qui nous incite à estimer qu’un prolongement de l’AQ est probable: le gouvernement fédéral ne peut pas se permettre de payer des intérêts inévitablement plus élevés s’il doit passer par le marché.  En effet, la reprise aux États-Unis repose sur l’argent bon marché et un flux massif de liquidités. «Fermez le robinet des liquidités et vous tuez la reprise!», tel est le point de vue soutenu publiquement par Bernanke, bien qu’il choisisse des termes moins concis.

Alors où va ce flux monétaire? 

 Vers des actifs plus risqués travestis en rendements supérieurs, que tempère occasionnellement un repli sur des valeurs sûres, comme ce fut le cas au début de la crise libyenne. On ne peut pas non plus échapper à cette autre réplique qui récemment pointait vers le marché des actions ou celui des obligations à haut rendement.

Maintenant, avec un sentiment très net de «déjà vu@, les liquidités s’orientent à nouveau vers les obligations adossées à des hypothèques ou d’autres titrisations. Pour ce qui est des obligations hypothécaires, gageons que le risque des subprimes a été écarté, mais des doutes subsistent encore sur la qualité et la transparence des actifs sous-jacents.

Les marchés obligataires américains: les données sur les ventes d’obligations d’entreprises reflètent un fort rebond de nouvelles émissions depuis fin février. Les 20 banques concessionnaires primaires des Bons du Trésor ont augmenté l’exposition aux obligations d’entreprises de 23% au cours des six derniers mois. Les investissements dans les fonds négociés publiquement adossés à des actifs hypothécaires sont en augmentation notable.

Ces considérations nous mènent à une réflexion qui semblait appartenir au futur, à savoir, que le marché immobilier aux Etats-Unis pourrait être au creux de la vague et par conséquent, offrir des niveaux d’entrée attractifs à la fois en termes de rendement locatif mais aussi de rebond.  Si ce segment se redressait, on franchirait alors l’un des principaux obstacles à une reprise plus durable. Toutefois, Chers Lecteurs, ne nous laissons pas emporter par un optimisme exagéré, il reste encore bien des épreuves avant d’atteindre cet objectif, notamment celle de réduire une dette publique hypertrophiée.

En Europe, nous pensions que la BoE précéderait la BCE dans la hausse des taux. C’est encore possible, mais nous soupçonnons que la tentation de laisser l’inflation grignoter une partie de la dette, selon le principe décrit plus haut, est forte au Royaume-Uni. Dans la zone euro, les problèmes de la Grèce et de l’Irlande reviennent à la mémoire des investisseurs,  un instant accaparée par les événements d’Afrique du Nord. Le marché attend une restructuration, suspendue en grande partie au bon vouloir de l’Allemagne dont l’excellente performance économique permettrait aisément de renflouer les états-membres en difficulté, mais qui bute sur des controverses internes.

Roy Damary  Bridport Investor Services/mars11

http://www.brridport.ch

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