Carnage sur le marché du pétrole : traders et hedge funds se retrouvent pris à revers
L’écart entre le prix du Brent de la mer du Nord et celui de Dubaï s’est effondré après la décision de l’AIE de libérer des stocks 60 millions de barils pour les mettre sur le marché
source Financial Times
La décision de l’Agence internationale de l’énergie de libérer des stocks stratégiques 60 millions de barils d’ici un mois pour calmer les cours du brut a occasionné des pertes financières brutales chez les opérateurs du marché du pétrole
Source Wall Street Journal
Beaucoup d’opérateurs de marché avaient misé sur le fait que le pétrole léger et de qualité de la mer du Nord, le Brent coté à Londres, resterait durablement beaucoup plus cher que le pétrole lourd et acide de la péninsule arabique, coté par le prix de Dubaï. Il y avait moins de pétrole léger de la qualité du Brent sur le marché depuis le retrait de la Libye, qui a une qualité de brut comparable, le Brent était donc devenu plus cher.
Parallèlement, l’Arabie saoudite avait annoncé qu’elle ouvrirait plus largement les vannes de son pétrole lourd sur le marché pour tenter de calmer les cours, malgré le véto des autres pays producteurs de l’OPEP. L’initiative saoudienne, en pesant sur le prix du brut de Dubaï, accroissait encore le différentiel entre les deux qualités, ce qui réjouissait les parieurs. Ce différentiel était parvenu à plus de 9 dollars le 15 juin, un record depuis plus de six ans.
Mais la décision brutale de l’Agence internationale de l’énergie a dû donner des sueurs froides aux traders… En annonçant qu’elle allait libérer 60 millions de barils en un mois sur le marché européen, elle a fait s’effondrer le différentiel Brent/Dubaï à 3 dollars en baisse de près de 65 pour cent par rapport il ya une quinzaine de jours en quelques heures !
De même, le pétrole livrable immédiatement s’est retrouvé décoté d’une dizaine de cents par rapport au prix des livraisons lointaines alors qu’il était jusqu’à présent 4 dollars et demi plus cher. Un coup de bambou pour les opérateurs et autres hedge funds, qui n’ont pas pu prendre les devants.
source Wall Street Journal
Pour les raffineurs européens, la décision de l’AIE est à double tranchant : elle les débarrasse de la prime sur les livraisons rapprochées qu’ils devaient payer pour sécuriser leurs approvisionnements. En revanche, les raffineries vont devoir absorber un flot énorme de brut supplémentaire en un mois, alors que, confrontées à une demande stagnante en Europe, elles sont déjà en surcapacité.
Claire Fages /rfi juin11
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