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Accès brutal de faiblesse pour l’or

Accès brutal de faiblesse pour l’or

L’impact de l’appréciation du dollar sur l’or,besoin de cash et geste des banques centrales expliquent en partie le recul du métal jaune.Le cours de l’once a fléchi à 1533 dollars hier. Une chute de 20% en deux semaines. Des investisseurs cèdent leurs réserves pour compenser leurs pertes sur les autres marchés.

L’or poursuivait une hausse pratiquement ininterrompue depuis onze années, soit sa plus forte appréciation depuis au moins les années 1920 à Londres, rappelle Bloomberg. Le 6 septembre, alors que la Banque nationale suisse fixait un taux plancher entre le franc et l’euro, l’once d’or atteignait 1923,70 dollars, soit plus de 60 000 dollars le kilo.

Quatre cents dollars en deux semaines. Les cours de l’or ont dégringolé ce lundi à 1.533 dollars l’once. Le 9 septembre, ils avaient touché un record de 1920 dollars. Il faut remonter à novembre 2008, juste après la faillite de Lehman Brothers, pour retrouver un tel accès de faiblesse pour le métal jaune.

(Au 25 Septembre)

À l’époque, les prix de celui-ci ont chuté de 200 dollars juste après le déclenchement des mesures extraordinaires des banques centrales. Le 17 septembre, cinq banques centrales dont la Réserve Fedérale américaine et la BCE, ont élargi l’approvisionnement des banques en dollars. Cette mesure est destinée à rassurer sur la capacité des établissements bancaires à répondre à leurs engagements.

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Ventes massives

Mécaniquement, les banques centrales ont donc conduit à un repli des cours de l’or. Le métal jaune est souvent survendu lorsque celles-ci cherchent à lever des dollars lorsque les conditions de financement des banques se détériorent. Ces dernières semaines, ce fut le cas en raison des craintes grandissantes sur une faillite de la Grèce et de ses répercussions sur les pertes des institutions bancaires.

Parallèlement au geste des banques centrales, les marchés ont assisté ces derniers jours à des ventes massives du côté des investisseurs.

  • Les hedge funds et autres gros investisseurs à court terme ont réduit leur exposition au métal jaune de 11 % durant la semaine dernière, à 150.529 contrats selon les données de la Commodity Futures Trading Commission.
  • L’or détenu par les ETF a lui aussi connu une diminution à 2.235,628 tonnes métriques contre 2.298,383 tonnes le 8 août dernier. “Il est possible que certains investisseurs vendent de l’or pour couvrir leurs pertes sur les autres marchés” commente Alexandra Knight, une économiste à la National Australia Bank.

Ces ventes massives ne s’appliquent pas uniquement au métal jaune. Les investisseurs désertent les autres matières premières, afin de sécuriser du cash.

Les hedge funds ont réduit leur exposition à l’or de 11 %.

“Ceci montre qu’en temps de stress extrême, il n’y a pas d’autres substituts que le cash. Même si l’or est liquide d’un point de vue standard comparé aux autres métaux, on assiste à ce genre de retour au cash lorsque le cash, en l’occurence le dollar, devient plus que nécessaire” constate Tom Kendall, analyste chez Credit Suisse. “Les marchés vont continuer à réagir de cette manière cette semaine en raison de la situation politique en Europe, car une solution rapide à la crise de la dette souveraine ne va pas survenir” ajoute-t-il.

Faiblesse passagère

Le manque de consensus politique pour une solution durable à la crise de la dette souveraine en Europe a toutefois joué un rôle dans la progression de l’or vers les 1.900 dollars l’once cette année. 

“La tendance haussière de l’or a jusqu’à récemment reflété les perceptions de risque pour l’économie mondiale et un mouvement dans les classes d’actifs réputées défensives comme le métal jaune et les obligations d’Etat américaine, mais ce sentiment semble changer” commente Peter Archbold, responsable des métaux précieux chez Fitch Ratings.

Mais chez UBS, Edel Tully rappelle que les cours de l’or restent encore en territoire positif de puis le début de l’année. “L’or est une des seules classes d’actifs qui reste en territoire positif cette année. Dans un sens, elle est la seule à rester debout. Et c’est pour cette raison que les investisseurs le vendent pour revenir en cash. En gros, l’or est victime de son succès”, nuance l’analyste, ils vendent ce qui a rapporté»,. Alors que le recul de l’or n’était pas vraiment inattendu, l’ampleur du plongeon a surpris, écrit la banque.

Plusieurs analystes et observateurs estiment que le métal jaune ne connaît qu’une faiblesse passagère. “L’or apparaît comme survendu en ce moment. Je pourrais considérer en acheter d’ici un ou deux jours”, a souligné Marc Faber,

“Nous pourrions voir les cours de l’or rebondir car il reste une classe d’actif favorisée” relève Alexandra Knight. Toutefois, rappelons aussi que certains économistes, dont Nouriel Roubini, estiment que l’or est dans une bulle.

L’argent est aussi concerné par ce mouvement. L’once est tombée à 26,15 dollars, son plus bas niveau depuis novembre dernier.

Julian Jessop, Capital Economics: «La prise de profits pour diminuer les pertes dans d’autres catégories d’actifs et les modifications aux exigences sur les marges peuvent avoir joué un rôle. Mais ces facteurs n’expliquent pas tout. Deux des piliers qui supportaient l’or ont récemment été torpillés: les craintes de voir une poussée d’inflation et de voir un effondrement du dollar américain. D’autres piliers qui supportent l’or restent cependant solides. On peut penser aux politiques monétaires et à la possibilité d’assister à une détérioration de la crise dans la zone euro. Les taux d’intérêt vont demeurer très bas dans les grandes économies pour un avenir prévisible, ce qui minimise le coût d’opportunité de détenir un actif comme l’or qui ne verse aucun revenu. Bien que la Fed vient de reculer devant QE3 pour l’instant, d’autres banques centrales (Angleterre et Japon) devraient assouplir davantage leurs politiques. De plus, les fondamentaux de l’or qui supportent son statut de refuge n’ont pas changé. L’or ne dépend pas de la cote de crédit d’un gouvernement ou d’une institution financière et cela pourrait être très significatif prochainement. Je prévois que l’or atteindra 2500$ l’once d’ici 2013 dans la foulée du questionnement sur la survie de l’euro.»

Kathleen Brooks, Gain Capital: «L’or n’a pas été un refuge dans les dernières semaines. Le recul s’est accéléré vendredi avec les autres actifs risqués. Le relèvement des marges exigées par le CME annoncé vendredi a contribué à amplifier la situation. Les exigences sur les marges peuvent augmenter dans un marché qui chute afin d’améliorer la liquidité. La décision du CME pourrait avoir été prise afin de faciliter la liquidation de grosses positions dans l’or.»

Or : Police d’assurance et corrélation inverse au Dollar

David Rosenberg, Gluskin Sheff: «Les fondamentaux de l’or comme une protection contre le manque grandissant d’intégrité du système monétaire mondial n’a pas changé malgré le repli sévère des dernières semaines. Gardez en tête que l’or est encore en hausse de 16% pour l’année. Gardez la tête froide et des munitions.

 «L’or peut être vu en partie comme une police d’assurance contre les jours difficiles. Eh bien, ces jours mauvais sont arrivés, et des investisseurs ont recours à leur assurance: c’est à dire qu’ils vendent une partie de leur or pour obtenir des liquidités et compenser leurs pertes sur les autres marchés», a expliqué à l’AFP Stephen Briggs, analyste chez BNP Paribas. Alors que les investisseurs fuient massivement les actifs jugés à risque (euro, Bourses, matières premières), le dollar, considéré comme une devise refuge, s’envole: il est monté hier à son plus haut niveau depuis huit mois face à l’euro. Un mouvement qui a contribué à accélérer la disgrâce de l’or, selon Ross Norman, directeur du courtier spécialisé Sharps Pixley.

Les achats de métaux précieux étant libellés dans la monnaie américaine, le raffermissement du billet vert les rend donc moins attractifs pour les investisseurs détenant d’autres devises – à un moment où les prix historiquement élevés de l’or faisaient craindre une correction. «En somme, face à l’appréciation du dollar, l’or est devenu un problème pour ses détenteurs en quête d’une réserve de valeur stable – même si ce ne doit être que temporaire», a commenté M. Norman.

source Echo/Press affaire/Le Temps/Agefi sep11

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