Art de la guerre monétaire et économique

L’Iran a de plus en plus de mal à importer des céréales

L’Iran a de plus en plus de mal à importer des céréales

Les sanctions internationales contre l’Iran bouleversent le commerce du pétrole, mais aussi celui des céréales avec ce pays. En cause : le blocage des circuits financiers.

 

L’Iran, d’habitude gros importateur de céréales pour l’alimentation humaine et animale, 15 à 20% de ses besoins, a, en janvier, diminué de moitié ses achats de maïs auprès de l’Ukraine, qui a pourtant un surplus record cette année. Aucune banque européenne ne veut désormais couvrir les transactions puisqu’elles sont censées ne plus avoir de relation avec la Banque centrale iranienne.

Dix bateaux transportant au total un demi-million de tonnes de céréales se sont même retrouvés à errer au large d’un des plus grands terminaux portuaires de l’Iran, Bandar Imam Khomeini, avant que la moitié des navires ne soient déroutés vers le Qatar, les Emirats arabes unis ou Singapour. Non pas qu’ils n’avaient pas le droit d’accoster en Iran, mais ils n’avaient toujours pas reçu paiement ! Les exportateurs de riz indiens se sont de leur côté retrouvés avec une ardoise de 144 millions de dollars, une cargaison de 200 000 tonnes de riz impayée – elle avait été vendue à crédit.

Armateurs et affréteurs sont de plus en plus frileux à envoyer des bateaux en Iran, parce que les primes de risque des assurances grimpent, et qu’ils ont peur de voir leurs navires coincés dans le détroit d’Ormuz. Les conditions pourraient se durcir encore si le Sénat américain adoptait une mesure demandée par la Chambre des représentants : qu’aucun navire ayant accosté en Iran dans les six mois qui précèdent ne puisse être accueilli aux Etats-Unis.

En attendant les pays qui veulent continuer à commercer avec l’Iran imaginent des solutions. C’est le cas de l’Inde, qui paie désormais 45% de ses achats pétroliers en roupie. Mais la monnaie indienne n’est pas une affaire pour la Banque centrale iranienne, elle n’est pas convertible et ne permet donc pas d’acheter d’autres denrées sur le marché international. Alors une délégation indienne devrait à la fin du mois se rendre en Iran pour proposer de compenser une partie des achats de pétrole par des livraisons de céréales, blé et riz, dont l’Inde regorge cette année. Le retour du bon vieux troc.

Par Claire Fages/rfi fev12

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