Politique Friction Bis du Jeudi 26 Septembre 2013: Le suivi du feuilleton allemand Par Bruno Bertez
L’actualité est extrêmement riche. Nous rentrons à nouveau dans une phase critique du blocage budgétaire et du plafond de la dette aux Etats-Unis. Cependant, il nous semble que c’est l’Allemagne qui constitue l’actualité la plus intéressante. Attention, la situation des pays émergents, ceux qui sont déficitaires en balance des paiements, connaît une accalmie, mais, selon nous, cette accalmie sera de courte durée, il faudra y revenir.
En Allemagne donc, les grandes manœuvres ont commencé pour la constitution d’un gouvernement. La Chancelière, à ce stade, n’apparaît pas directement et elle semble avoir délégué Wolfgang Schauble pour tenir le devant de la scène. Cela permet le cas échéant de le désavouer et de se ménager des possibilités de retraite.
Du côté du SPD, on voit émerger les conditions à une participation à un gouvernement de Grande Coalition. Précisons que le SPD organise demain une grande convention du parti et que, forcément, nous sommes à la fois dans la démagogie et dans la mystification.
La véritable divergence entre le SPD et la coalition CDU-CSU de Merkel se situe au niveau de la politique européenne.
Le SPD, conforme à la position de l’Internationale Socialiste, souhaite que l’Allemagne évolue vers plus de solidarité. En gros, et pour résumer, disons que le SPD accepte que ce soit les Allemands qui paient pour les pestiférés à condition que ceci n’apparaisse pas et soit dissimulé par des mesures techniques, telles que des pseudo-eurobonds ou autres subterfuges d’union bancaire. Les leaders du SPD savent qu’il y a peu de chances pour que Merkel cède sur la ligne pragmatique qu’elle a, jusqu’à présent, suivie. La ligne pragmatique de Merkel consiste d’abord à dire non à tout, puis ensuite à lâcher un peu de lest pour éviter que la corde soit trop tendue et que la crise réapparaisse en Europe. Elle fait donc implicitement quelques concessions au SPD, mais elle n’accepte que les concessions que son sens politique lui dicte et celles, bien évidemment, que son aile droite, la CSU, accepte.
Le SPD sait qu’il ne peut attaquer frontalement Merkel dans sa politique européenne. Donc, il abandonne plus ou moins ce thème et se retourne vers la démagogie intérieure. Là, il a des chances d’être entendu. Il s’oriente, semble-t-il, vers une exigence de ressources plus importantes pour les Etats et les niveaux locaux. C’est normal, puisqu’il pratique le socialisme municipal. Il fait pression pour obtenir l’instauration d’un salaire minimum qui n’existe pas en Allemagne. C’est normal puisqu’il a une base syndicale importante. Enfin, il réclame une accélération du processus de transition vers les énergies renouvelables. C’est normal, compte tenu de sa base écolo.
En gros, nous pensons que le SPD ne demanderait pas mieux que de se faire violer par Merkel à condition qu’on lui donne la possibilité de sauver la face et qu’on lui lance quelques os démagogiques à ronger.
La marge de manœuvre de Merkel est grande, mais elle est quand même limitée sur sa droite. En effet, d’un côté, elle a la pression du patronat allemand, lequel a en grande partie laissé tomber le FDP, mais a reporté ses investissements sur Merkel. Et puis, il y a comme nous l’avons fait remarquer récemment, le poids de la CSU, très conservatrice. Le ministre bavarois des Finances, Markus Soeder, a marqué une limite: « avec la CSU, il n’y aura aucune hausse des impôts ». Les limites de la CSU sont traditionnellement assez verbales et élastiques. Eux aussi aiment se faire violer à condition de sauver la face. Nous ne serions pas étonnés que l’on ait une hausse d’impôts sur les revenus les plus élevés.
BRUNO BERTEZ Le Jeudi 26 Septembre 2013
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