L’Islande annule (encore une fois) une partie des emprunts immobiliers des ménages

Le gouvernement a prévu de financer cette mesure, qui devrait lui coûter l’équivalent de 4,3% du PIB du pays, par une augmentation des taxes sur les actifs des banques mises en liquidation en 2008.
En février 2012, le gouvernement islandais avait déjà annulé l’équivalent de 13% du PIB en prêts hypothécaires. Plus d’un quart des ménages islandais avainent été concernés par cette mesure. A l’époque, il avait signé un accord avec les banques partiellement nationalisées, pour annuler la part de l’endettement des ménages qui dépassait 110% de la valeur de leur propriété. De plus, en Juin 2010, un jugement rendu par la Cour Suprême islandaise avait statué que les prêts indexés sur des devises étrangères étaient illégaux et que les familles n’étaient plus tenues de rembourser la part qui correspondait aux pertes de change de la couronne islandaise.
En 2013, il avait également incité les citoyens à accélérer le remboursement de leur prêt immobilier en réduisant la taxation des cotisations versées à leur fonds de pension, lorsque celles-ci étaient utilisées pour anticiper le remboursement de leur emprunt.
Ainsi, l’endettement des Islandais devrait se réduire, pour ne plus représenter que 94% du PIB, contre 105% aujourd’hui. Le gouvernement compte également sur cette mesure pour stimuler la consommation et la croissance.
Par ailleurs, on a également appris hier qu’un tribunal islandais avait décidé de condamner l’ancien CEO de la banque Landsbanki à 12 mois de prison, dont 9 avec sursis, pour manipulation de marché. Il rejoint ainsi Larus Welding ex-CEO de la banque Glitnir, ainsi qu’Hreidar Mar Sigurdsson, l’ancien CEO de la banque Kaupthing, et Sigurdur Einarsson, l’ex-président de son conseil, qui ont aussi été condamnés à des peines de prison.
Landsbanki, Glitnir, et Kaupthing étaient les 3 plus grosses banques de l’Islande. Elles s’étaient lancées dans une frénésie d’acquisitions, orchestrées par des hommes d’affaires islandais basés à l’étranger. En automne 2008, elles avaient accumulé l’équivalent du décuple du PIB du pays, lorsqu’elles se sont effondrées, ruinant le pays.
Ces condamnations illustrent l’approche différente adoptée par l’Islande par rapport au reste de la zone euro pour faire face à la crise financière. Contrairement à celle-ci, le pays n’a pas porté secours à ses banques en difficulté, mais il les a laissées faire faillite. Ce sont donc les créanciers de ces banques, et non les contribuables, qui ont subi les pertes correspondantes.
L’Islande est quasiment le seul pays du monde occidental à avoir lancé des poursuites au pénal contre les dirigeants de banques pour leur rôle dans la crise financière.
L’Islande efface une partie de la dette des ménages
La facture des Islandais touchés par la crise de 2008 s’allégera en moyenne de 8750 euros . Le coût total de cette mesure décriée avoisinera les 4,3% du PIB de l’île scandinave
Certains imaginaient que cette promesse de campagne finirait dans un tiroir. Pourtant, ça y est: c’est cette semaine que le plan d’allégement des dettes des ménages concocté par le premier ministre islandais, Sigmundur David Gunnlaugsson, élu en avril 2013, entre en vigueur.
«Ces mesures contribueront à atténuer les effets de la crise de 2008», a déclaré le centriste, lundi 10 novembre, lors d’une conférence de presse à l’Harpa, l’avant-gardiste salle de concerts posée sur le port de Reykjavik, la capitale du pays.
Dans le détail, les ménages qui, avant la crise, avaient contracté des emprunts immobiliers indexés sur l’inflation – la plupart – verront une partie de leur dette effacée, dans la limite de 4 millions de couronnes islandaises (25 800 euros).
Depuis juillet, 69 000 foyers (sur 320 000 habitants) ont demandé à bénéficier de ce «jubilé», également appelé «Leidréttingin», la correction. En moyenne, chacun d’entre eux profitera d’un allégement de 1,35 million de couronnes, si bien que les remboursements mensuels fondront de 13% à 14%, soit de 95 à 130 euros.
Pour l’Etat, la facture s’élève à 80 milliards de couronnes, soit 4,3% du produit intérieur brut (PIB), en théorie financée par une hausse des taxes sur les actifs des banques mises en liquidation en 2008 – une opération toujours en cours.
Cette mesure s’ajoute à celle, annoncée en 2013, qui permet aux Islandais d’utiliser une partie des cotisations qu’ils versent à leur fonds de retraite pour rembourser leurs emprunts plus vite. Pour les y encourager, le gouvernement a réduit les taxes perçues sur ces versements – ce qui lui coûtera 20 milliards de couronnes supplémentaires.
Au total, ces deux mesures réduiront l’endettement des ménages de 150 milliards de couronnes. Sa part dans le PIB passera ainsi de 105% à 94%. «Cela soutiendra aussi la consommation et la croissance», assure le gouvernement.
La question des dettes est politiquement explosive depuis la crise de 2008. A l’époque, l’île a vu son économie et son système bancaire hypertrophié (plus de 800% du PIB) exploser en quelques jours. La couronne a perdu plus de 20% de sa valeur, tandis que les prix se sont envolés de plus de 35% en deux ans. Résultat: les ménages qui avaient contracté des prêts indexés sur l’inflation ont vu leurs traites s’envoler.
Depuis 2009, les gouvernements successifs ont pris plusieurs mesures pour en alléger le poids. Le nouveau plan de Sigmundur David Gunnlaugsson n’en a pas moins été contesté par l’opposition et une partie des économistes. Certains jugent que son calibrage n’est pas assez ciblé.
L’allégement profitera d’abord aux ménages relativement aisés, et assez peu aux plus pauvres. «Mais, surtout, le plan n’est pas revenu sur l’indexation des prêts sur l’inflation, pourtant à l’origine de l’envolée des dettes», regrette Olafur Margeirsson, doctorant en économie, auteur du blog Icelandic Economics.
«Le mode de financement du plan est également critiqué», ajoute Michel Sallé, docteur en sciences politiques, spécialiste du pays. Selon les experts, taxer uniquement les banques existant avant 2009, et non l’ensemble du secteur, pourrait être jugé inconstitutionnel. «Ces sommes auraient surtout dû servir à réduire la dette publique ou être investies dans la santé ou l’éducation», deux secteurs où les coupes ont été sévères ces dernières années, a pour sa part regretté Katrin Jakobsdottir, leader du Mouvement des verts et de gauche.
Enfin, en dopant la consommation, le plan risque de générer des tensions inflationnistes, redoute la banque centrale du pays. Et donc, d’alourdir les prêts des ménages, toujours indexés sur l’évolution des prix…
PAR MARIE CHARREL/ Le Monde 20/11/2014
L’opinion de civilwarineurope
La politique de l’Islande est exactement l’inverse de celle préconisée par l’Union européenne. Dans l’UE on ne sauve par les familles mais les banques. Dans l’UE on ne taxe pas les banques à l’origine de la crise mais les familles. Dans l’UE on ne condamne pas les banquiers mais les employés (affaire Kerviel). Dans l’UE on ne prend pas l’argent aux banquiers mais on s’apprête, avec le silence complice des grands médias, à piquer l’épargne des familles. On comprend mieux pourquoi Helsinki a décidé de mettre fin aux négociations d’adhésion avec Bruxelles. Et on comprend mieux pourquoi les grands médias se gardent bien de parler de l’exemple islandais. Il ne faudrait surtout pas que cela donne des idées à d’autres…
Quel beau pays, quels hommes politiques COURAGEUX,
Quelles larmes me viennent lorsque je les compare a nos limaces rampantes,
ceci me conforte dans ma recherche de changement de nationalité, je ne veux plus être européen.