Devise de façade
Investir dans un placement libellé dans une devise étrangère renferme normalement un risque. Le montant récupéré en euro au moment de la vente dépendra toujours de l’évolution qu’a connue la devise du placement par rapport à l’euro. C’est ce qu’on appelle le risque de change. Mais il ne faut pas en déduire qu’investir dans une sicav libellée en euro est dénué de risque de change. Ainsi, par exemple, le tracker Lyxor MSCI USA est libellée en euro mais investit exclusivement en actions américaines. Il expose donc de manière directe au risque de change par rapport au dollar. L’inverse est aussi possible. Ainsi, par exemple le fonds Pioneer Fds Euroland Equity B USD, est libellé en dollar.
Si on prend comme hypothèse que, sur une période de 12 mois, les Bourses de la zone euro et le dollar américain grimpent de chacun 10% :
– dans le cas d’une cotation en euro, le bénéfice à l’issue des 12 mois est forcément de 10% (le dollar ne joue aucun rôle);
– dans le cas d’une cotation en dollar, le bénéfice en dollar est nul, puisque la hausse de 10% des Bourses de la zone euro est anéantie par la hausse identique du dollar. Si néanmoins le fonds est vendu à ce moment, les dollars récupérés permettent de récupérer plus d’euros, de sorte que le bénéfice réel est aussi de 10% (si on ne tient pas compte des frais).
L’exception qui confirme la règle
Certains fonds de placement cependant, cotés dans une certaine devise, couvrent leur portefeuille contre les risques de change (hedging). La stratégie est souvent utilisée par des gestionnaires anglo-saxons qui, distribuant des fonds dans de nombreux pays différents, les proposent dans différentes devises (EUR, GBP, USD). Dans certains cas, le contenu du portefeuille est ainsi couvert contre tout risque de change par rapport à la devise dans laquelle la cotation est exprimée. Ce qui n’est pas sans conséquence pour l’investisseur.
Si l’on prend l’exemple de l’excellente sicav d’actions américaines Janus US Strategic Value A USD (ISIN: IE0001256803). Le même produit existe cependant aussi sur notre marché, dans une version «couverte», en euro : Janus US Strategic Value A EUR (IE0001257090). Le portefeuille sous-jacent de ces deux produits est absolument identique, mais compte tenu de la couverture contre le risque de change, la version en euro ne subit aucun impact de l’évolution du dollar. Elle a enregistré l’an passé une perte de 14,1%, alors que la version en dollar ne perdait que 9,5% et que le dollar grimpait de 3,5%. Sur 5 ans, la version euro a gagné 8,1%, la version dollar a perdu 20,1%, pendant que le dollar reculait de 14,1%.
C’est à l’investisseur, qu’il revient de choisir. Une version couverte contre les risques de change vous permet d’accéder à certains marchés sans y courir le risque lié à sa devise. Revers de la médaille : peut-être passerez-vous à côté de l’éventuel potentiel de hausse de cette devise ! Pour revenir a l’exemple du fond Janus , si l’on croit comme moi au potentiel du dollar à long terme, mieux vaut préférer la version qui n’est pas couverte et donc libellée en dollar.
Comparer des pommes avec des pommes
Toujours obtenir les rendements en euro des fonds choisis .Il est en effet fort dommage que les performances réalisées par différentes sicavs ou opcvm soient si peu souvent converties en euro, car cette conversion permet de comparer clairement les différentes sicav entre elles. Elle permet aussi, en cas de vente de sicav, de considérer en un clin d’œil quel est le rendement réellement obtenu (hors frais).
Les Sicavs obligataires en première ligne
Sur le marché des changes, la vigueur actuelle de l’euro est remarquable. Peu de devises lui résistent
La conséquence en est que les rendements des placements à revenu fixe, comme les sicav d’obligations, ont surtout été influencées sur une période récente par le marché des changes.
Le dollar US a perdu 0,9% le mois dernier, ce qui, avec la petite hausse des taux américains, a fait perdre 1% aux sicav d’obligations émises dans cette devise
Autre exemple avec l’influence du yen japonais qui a fait pire encore: -2% en octobre. Ajoutez-y une nette progression des taux obligataires japonais et vous savez pourquoi les placements à revenu fixe en yens ont donné de si mauvais résultats en octobre. Avec une perte moyenne de 2,5%, les sicav obligataires japonaises font office de lanterne rouge.
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