Europe

Trappe à Dettes : Un péril grec peut en cacher un autre

Pour le gouvernement grec, une moins bonne évaluation de sa capacité à rembourser ses dettes par les agences de notation ne rime pas uniquement avec des taux d’intérêt élevés. Elle pourrait également le priver d’une source de financement fournie par les banques grecques et européennes…..

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Actuellement, ces établissements ont la possibilité de souscrire aux emprunts publics grecs grâce à de l’argent qu’ils vont eux-mêmes emprunter à la Banque centrale européenne. Cette dernière leur demande simplement de déposer leurs emprunts grecs en caution. A une condition: que le risque des titres ainsi gagés ne dépasse pas un certain seuil aux yeux d’au moins une des quatre agences de notation: Standard & Poor’s, Fitch, Moody’s et DBRS. Or la première évoque depuis hier une révision de son évaluation du risque des dettes d’Athènes vers ce seuil.

Certes, ses trois homologues n’ont pas encore pris de décision similaire. Sauf que… la banque centrale réfléchit de son côté à rendre plus restrictif ce système de financement, assoupli fin 2008 non point pour la Grèce mais afin de lutter contre la crise financière. A la fin de l’année, elle pourrait ainsi relever le seuil de risque maximal que doivent respecter les titres apportés en gage par les banques. Et soudain les emprunts grecs ne seraient plus éligibles. Faisant s’évanouir une source cruciale de financement bancaire pour Athènes.

EN COMPLEMENT : Des pays de l’UE achèteraient des obligations grecques

 L’Allemagne, la France et les Pays-Bas prévoient d’acheter des obligations grecques pour aider Athènes à faire face à son déficit budgétaire, a déclaré un député allemand du Parlement européen. 

Ces déclarations de l’eurodéputé Jorgo Chatzimarkakis à la télévision grecque recoupent en partie des informations publiées samedi par un journal grec au sujet d’un plan d’assistance de cette nature. Ces informations ont toutefois été démenties par un haut responsable allemand qui les a qualifiés d'”absurdes”. 

“Le plan prévoit que l’Allemagne, la France et les Pays-Bas achètent des obligations grecques”, a dit Chatzimarkakis, Allemand d’origine grecque, lors d’une interview diffusée samedi soir par la chaîne Mega TV. 

“L’Allemagne compte acheter immédiatement pour 5-7 milliards d’euros (d’obligations)”, a-t-il dit, ajoutant que la banque publique allemande KfW et la Caisse des Dépôts française étaient aussi parties prenantes à l’accord et acquerraient des obligations grecques. 

Chatzimarkakis n’a pas indiqué clairement comment il avait connaissance du projet. 

Selon le journal grec Ta Nea, qui cite des sources bancaires et des responsables non identifiés, l’Allemagne et la France – il ne mentionne pas les Pays-Bas – comptent aider la Grèce en achetant des obligations grecques ou en fournissant des garanties pour que d’autres banques en achètent. 

Ta Nea ajoute que le président Nicolas Sarkozy en a discuté par téléphone avec le Premier ministre grec Georges Papandreou. Contacté à Paris, l’Elysée n’a pas fait de commentaires. 

En échange, le gouvernement grec aurait accepté de prendre des mesures d’austérité supplémentaires représentant quatre milliards d’euros afin d’atteindre son objectif de réduire son déficit budgétaire de quatre points cette année, ajoute le journal. 

Les ministères grec et français des Finances et la Commission européenne n’ont pas commenté ces informations. 

DÉMENTI ALLEMAND 

Mais le haut responsable allemand, qui a requis l’anonymat, a démenti l’existence d’un tel accord. “Non, ces informations sont absurdes”, a-t-il dit. 

Une source parlementaire allemande a néanmoins dit à Reuters que le gouvernement préparait des dispositions budgétaires d’urgence en vue d’une aide possible à la Grèce. Le ministère des Finances l’a démenti. 

Face à une opinion publique allemande très hostile à une aide à la Grèce, le gouvernement de la chancelière Angela Merkel s’est borné à une vague promesse de prendre “si nécessaire” des mesures pour assurer la stabilité financière. 

Mais en privé, des responsables allemands des finances reconnaissent que des plans d’urgence sont prêts au cas où Berlin aurait besoin d’intervenir dans la crise de la dette grecque, qui a ébranlé les marchés européens et la confiance dans l’euro. 

Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires est attendu lundi en Grèce, deux semaines avant la date-butoir fixée à Athènes pour annoncer des résultats dans la réduction de son déficit. 

Il s’entretiendra avec le vice-premier ministre Theodoros Pangalos, le ministre des Finances Georges Papaconstantinou, le ministre du Travail Andreas Loverdos et le gouverneur de la Banque de Grèce Georges Provopoulos, dit un communiqué de la Commission européenne publié samedi. 

Papandréou, qui s’est entretenu vendredi avec le P-DG de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, a annoncé vendredi qu’il se rendrait le 5 mars à Berlin pour s’entretenir avec Merkel. 

Des médias ont rapporté en Allemagne et en France que les gouvernements des 16 pays de la zone euro pourraient offrir à la Grèce une aide d’une valeur de 20 à 25 milliards d’euros. Les autorités se sont refusées à tout commentaire sur l’ampleur d’un éventuel plan d’aide. 

La Grèce est à la recherche d’argent frais pour refinancer ses quelque 20 milliards d’euros de dettes qui arrivent à échéance en avril-mai. les marchés redoutent qu’elle ne soit pas en mesure d’emprunter à des taux abordables.

SOURCE reuters 27fev10

EN RAPPEL

Les banques allemandes ne veulent plus acheter d’obligations grecques

Les principaux établissements bancaires du pays, qui détiennent plus de 43 milliards de dollars de créances sur Athènes, s’inquiètent de la situation financière du pays.

Plusieurs grandes banques allemandes ont décidé de ne plus souscrire dans les prochains temps de nouvelles obligations de l’Etat grec, inquiètes de la situation financière du pays.

“Nous avons décidé de ne plus souscrire d’obligations grecques pour le moment”, a déclaré, vendredi 26 février à l’AFP, une porte-parole de Eurohypo, filiale de Commerzbank qui a une exposition de 3,1 milliards d’euros à la dette d’Athènes.

Hypo Real Estate, qui détient “près de 10 milliards d’euros” d’obligations grecques selon un porte-parole de la banque nationalisée, se réoriente elle vers les marchés obligataires allemand, français, italien et espagnol.

Quant à la la première banque du pays, Deutsche Bank, elle ne possède pas directement d’obligations grecques, mais contribue à leur placement et leur échange en tant que banque d’investissement. Son exposition à la Grèce est ainsi “très limitée”, avait déclaré son patron Josef Ackermann lors des résultats annuels du groupe début février. Le P-DG se trouvait d’ailleurs en Grèce vendredi pour un “voyage d’affaires normal” au cours duquel il devait aussi s’entretenir avec des responsables du gouvernement hellénique.

Postbank, exposée pour sa part à la dette grecque à hauteur de 1,3 milliard d’euros, ne souhaite pas exercer ses options pour en acheter davantage “dans les prochains temps”, a déclaré un porte-parole de l’établissement. Du côté des grandes banques régionales BayernLB et LBBW, de nouveaux investissements dans les obligations grecques sont “peu envisageables”, selon des informations du Financial Times Deutschland de vendredi.

SOURCE AFP 26/2/2010

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