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Wall Street Journal : Changement de cap pour Warren Buffett

La dernière lettre de Warren Buffett aux actionnaires semble marquer un véritable changement d’orientation pour son fonds d’investissement Berkshire Hathaway. 

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Cette lettre est aussi perçue, en partie, comme une mise au point pour les nouveaux arrivants, à savoir les actionnaires de Burlington Northern Santa Fe, qui ont reçu des actions Berkshire lorsque le fonds a acquis Burlington Northern en novembre. 

L’homme d’affaires y écrit qu’il n’éprouve plus la même aversion qu’auparavant pour les activités à forte intensité capitalistique. A l’instar d’autres sociétés matures connaissant une certaine réussite, Berkshire génère tellement de trésorerie qu’il est difficile de tout placer dans des investissements opportunistes à forte croissance, même pour quelqu’un comme Warren Buffett, que l’on surnomme « l’oracle d’Omaha ». Déjà, en 1999, lorsque Berkshire avait annoncé l’acquisition d’une participation majoritaire dans le groupe de services aux collectivités Mid American Energy, W.Buffett avait déclaré que la forte surperformance de son fonds sur le S&P 500 appartenait au passé. Berkshire évalue sa performance en comparant la performance de sa valeur comptable par action à celle de l’indice S&P 500. A partir des années 1960 jusqu’aux années 1980, l’écart annuel de performance entre les deux s’élevait en moyenne à un pourcentage à deux chiffres. Depuis, cette moyenne est tombée à un chiffre. Et si le fonds a enregistré, au cours de la dernière décennie, deux années figurant parmi le top 10 pour cette mesure depuis 1965, il a aussi enregistré quatre années figurant parmi les 10 plus mauvaises. 

Les activités d’envergure telles que les sociétés de services aux collectivités offrent ce que Warren Buffett qualifie de rendements « corrects », associés à une part de capital plus importante, par opposition à des investissements plus risqués et susceptibles de générer des rendements spectaculaires pour des investissements moins importants. 

Jeff Matthews, auteur de « Pilgrimage to Warren Buffett’s Omaha », estime que Berkshire devient davantage un placement sans risque, dont l’argumentaire d’investissement repose moins sur l’alchimie des achats sélectifs de Warren Buffett. Si cette perspective peut sembler moins enthousiasmante, elle peut néanmoins être nécessaire si Berkshire veut poursuivre ses activités lorsque le célèbre investisseur américain aura raccroché. 

Liam Denning, The Wall Street Journal fev10

 EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : La réflexion du Jour : WB / Quand il pleut de l’or, il faut prendre un seau, pas un dé à coudre… (cliquez sur le lien)

Investissement 101 par Warren Buffett

Le célèbre financier Warren Buffett publiait cette fin de semaine la plus récente édition de sa fameuse lettre aux actionnaires. Encore une fois, l’Oracle d’Omaha fait preuve d’autant d’intelligence que d’humour…
Il utilise sa missive de 2009 afin d’en dire un peu plus à ses actionnaires sur sa légendaire stratégie de placements. Selon Warren Buffett, une partie du secret est de ne jamais investir dans des entreprises ou des secteurs qui n’ont pas un futur clair.

« Nous évitons les entreprises dont nous ne pouvons pas évaluer les perspectives d’avenir, et ce, peu importe qu’elles semblent excitantes ou intéressantes, explique-t-il. Chez Berkshire, nous nous collerons à des entreprises dont on peut prédire les profits pour les décennies à venir. »

Il souligne également l’importance de ne jamais se placer en position de faiblesse, surtout en matière de liquidités. Il ne faut donc jamais être « dépendant de la bonne volonté de quelqu’un » en citant l’exemple de la crise financière de 2008, durant laquelle Berkshire était en position d’être un fournisseur de liquidités pour le marché en évitant de se retrouver à la merci d’une banque dont l’avenir était incertain.

« Nous payons un fort prix pour maintenir notre santé financière (…), mais nous dormons très bien! », lance-t-il à ses actionnaires.

Buffett explique également préférer souffrir de quelques erreurs de gestion provenant des gestionnaires de leurs filiales que d’essuyer les coups bureaucratiques d’une surveillance constante. Il rappelle ensuite l’importance de ne pas se fier uniquement aux rapports d’analystes de Wall Street pour prendre une décision d’investissement.

Du « mauvais journalisme » 

Dans sa dernière missive, Warren Buffett critique d’ailleurs les médias et la façon dont ils ont rapporté une partie de sa lettre de l’an dernier. On pouvait en effet y lire qu’il prédisait que l’économie mondiale allait être en ruine en 2009, et probablement rester dans cet état durant un bon moment. Des médias du monde entier ont repris cet extrait, en oubliant toutefois d’en mentionner la suite, soit que malgré cette certitude, il ne pouvait pas prédire si le marché allait monter ou baisser.

« C’est du très mauvais journalisme qui désinforme les lecteurs et qui laisse entendre que nous, chez Berkshire Hathaway, prédisions de terribles choses pour le marché boursier, s’est-il indigné. C’est pourquoi je préfère que mes communications avec mes actionnaires soient les plus directes possible. »

source F&I fev10

Pour lire la version intégrale de la lettre aux actionnaires, cliquez ici. (cliquez sur le lien)

Un train de retard pour le milliardaire Warren Buffett

LE MONDE | 02.03.10 | 

e très célèbre investisseur américain Warren Buffett – fondateur du fonds d’investissement Berkshire Hathaway – a adressé sa lettre annuelle à ses actionnaires le 27 février. Parmi les habituelles boutades, « l’oracle d’Omaha », du nom de sa ville du Nebraska, souligne qu’il a renfloué la banque d’affaires Goldman Sachs, le groupe diversifié General Electric et d’autres entreprises au plus fort de la crise financière. Les 21 milliards de dollars (environ 16 milliards d’euros) alors investis valent aujourd’hui 25 % de plus qu’à l’époque et apportent des rendements de 10 % par an. A court terme du moins, c’est bien plus que ce que M. Buffett va pouvoir gagner avec le rachat du groupe de fret ferroviaire américain Burlington Northern Santa Fe (BNSF). 

« L’oracle d’Omaha » a dépensé en cash sensiblement la même somme – quelque 22 milliards de dollars – en octobre 2009 pour racheter BNSF. M. Buffett a aussi dû émettre des actions : au demi-million d’actionnaires de Berkshire Hathaway s’en sont ajoutés 65 000 nouveaux. 

M. Buffett, lui-même, admet que la décision d’acheter BNSF a été « un match serré ». Au total, l’acquisition du groupe ferroviaire s’est faite au prix considérable de 34 milliards de dollars, une somme d’autant plus élevée aux yeux de M. Buffett qu’elle a été en partie financée par actions. Or, l’homme d’affaires apprécierait les émissions d’actions à peu près autant qu’une « coloscopie », pour reprendre ses mots. Il s’agit d’un investissement coûteux, à long terme, sur une industrie à forte intensité de capital. « Un pari tout entier sur l’avenir économique des Etats-Unis », selon l’investisseur. 

Hypocrisie 

Les 21 milliards de dollars investis ces dix-huit derniers mois dans Goldman Sachs, General Electric, le chimiste Dow Chemical, l’assureur Swiss Re et le géant agroalimentaire Mars-Wrigley ont porté plus vite satisfaction. Ces participations pèsent maintenant 26 milliards de dollars, et dégagent 2,1 milliards de dollars d’intérêts et de dividendes par an. 

Comme le note M. Buffett, les opportunités issues de la crise ne sont pas monnaie courante. Et le milliardaire a fait certaines de ces affaires en sachant que leur réussite dépendrait du renflouement du secteur financier par l’Etat – ce qui a été le cas. Alors quand M. Buffett avance que Berkshire Hathaway ne dépendrait pas de « la sympathie d’autrui », ses propos tendent vers l’hypocrisie, d’autant plus que son fonds possède aussi des grandes sociétés financières, comme Wells Fargo. 

En outre, M. Buffett fonde son argumentation sur le fait que le conservatisme de Berkshire – seulement partiellement compromis par l’opération BNSF – a fait de lui l’un des rares fournisseurs de liquidités pendant la crise. Il a su en tirer profit, même si l’un de ces investissements a un train de retard….

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