Une dette publique peut en cacher une autre par Henri Schwamm
Quand on évoque la dette publique des Etats périphériques européens (Grèce, Espagne, Portugal et Irlande), on pense à leur«dette explicite», c’est-à-dire essentiellement aux dettes financières qu’ils ont accumulées au cours des années. Ces ordres de grandeur ne représentent toutefois pas la totalité de leur endettement. On ne peut la connaître que si l’on prend également en compte leur «dette implicite». Qui n’est pas encore visible parce qu’elle concerne leurs autres obligations légales telles que les droits à la retraite, les futures charges sociales et de santé des citoyens ou le coût futur des armées de fonctionnaires.
PLUS DE DETTES EN SUIVANT :
Dans la foulée de la crise financière, la «dette explicite» de nombreux Etats a explosé. L’OCDE estimequ’en moyenne elle passera Dns ses Etats membres de 79% du PIB en 2008 à 100% en 2011 et, dans la zone euro, de 76% à 97%. L’évolution s’annonce beaucoup plus dramatique encore sil’on y ajoute les quelques chiffres disponibles de la « dette implicite ».
La fondation berlinoise Marktwirtschaft, qui est à l’origine de cette distinction entre les deux notions de la dette publique, a calculé que pour l’Allemagne il fallait ajouter à l’endettement « explicite » actuel de 64,8% un endettement « implicite » de 201%. Ce qui signifie un endettement total de 265,8% pour le pays réputé modèle de l’Europe.
En Grèce, l’endettement global atteint le chiffre faramineux de 808%alors que sa part « explicite » n’est que de 115%. C’est dire à quel point les Etats européens même les plus sages ont vécu audessus de leurs moyens au cours des dernières décennies.
Dette publique : les chiffres officiels et les chiffres incluant les engagements “hors bilan”
Facteurs aggravants : le vieillissement croissant de la société, la passivité gouvernementale dans la plupart des pays européens face à cette évolution démographique et leur poursuite d’une politique de redistribution totalement inconsciente des conséquences inhérentes pour les générations à venir auxquelles ils transmettent la montagne de dettes qui en résulte.
Le Fonds monétaire international prévoit que dans les pays industrialisés les dépenses spécifiques pour le grand âge augmenteront en moyenne de 1% du PIB entre 2010 et 2030. Pendant la même période, les dépenses de santé connaîtront un renchérissement nettement plus important : 3,5% du PIB.
Il faut donc s’attendre, dans les temps à venir, à des pressions encore plus fortes de la part des marchés financiers sur les gouvernements européens. Les pays tardant à procéder aux réformes qui s’imposent d’urgence seront confrontés à des intérêts de ladette qui continueront d’augmenter.
Ces intérêts renchériront le coût du refinancement et rendront plus difficile toute relance économique._
HENRI SCHWAMM Université de Genève juin10
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