Les éoliennes sur le point de coloniser les océans

La tendance d’un doublement de la capacité de production électrique éolienne tous les trois ans se confirme.

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 Entre retour de l’atome en Allemagne, essoufflement du marché américain et difficile conquête de la mer, des vents contraires soufflent sur l’énergie éolienne, dont le plus grand salon mondial a ouvert mardi à Husum (nord de l’Allemagne).

Le nombre d’exposants à ce rendez-vous organisé tous les deux ans a bondi de 743 à 970, ont annoncé les organisateurs, qui attendent 30.000 visiteurs, de quoi faire doubler la population de la petite ville côtière.

Ce succès reflète la croissance exponentielle du secteur. Selon l’association internationale de l’énergie éolienne WWEA, «la tendance d’un doublement de capacité (de production électrique éolienne) tous les trois ans se confirme.»

De nouveaux marchés s’ouvrent, comme la Chine, le Brésil ou la Suède. Le tout sur fond d’objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre en Europe.

Pourtant, pour la première fois, le marché international de l’énergie éolienne pourrait régresser cette année, c’est-à-dire enregistrer moins de mises en fonctionnement d’éoliennes que l’an passé à cause de l’effondrement du marché américain, selon l’institut allemand spécialisé DEWI.

A long terme, dans certains pays comme l’Allemagne, premier pays européen pour la production de cette électricité «verte» grâce à plus de 21.000 éoliennes tournent déjà, le ralentissement est inéluctable faute d’espace à terre. 

Les producteurs essayent de contourner le problème en remplaçant les anciennes installations par des modèles plus performants (repowering), mais aussi plus massifs, ce qui n’est pas sans poser des problèmes avec les riverains. 

La vraie solution serait alors de coloniser les océans: les éoliennes en haute mer sont un thème dominant à Husum cette année, mais aussi «un grand point d’interrogation», déclare Lutz Mez, spécialiste de l’énergie et professeur à la Freie Universität de Berlin.

«Est-il possible de construire à une profondeur de quarante mètres» des machines hautes comme des cathédrales? «Comment conduire l’électricité à terre?», s’interroge-t-il.

En Allemagne, plus de 80 projets de parcs éoliens en pleine mer sont déposés. Mais pour l’instant, un seul parc expérimental fonctionne, avec de nombreux ratés.

Les professionnels allemands doivent par ailleurs composer avec les turbulences politiques suscitées par la décision de la coalition gouvernementale conservateurs/libéraux dirigée par Angela Merkel de prolonger de douze ans en moyenne la durée de vie des réacteurs nucléaires.

Le chef de file du principal parti d’opposition, le social-démocrate (SPD) Sigmar Gabriel, a réclamé lundi un référendum sur ce plan gouvernemental très favorable aux géants de l’énergie conventionnelle en Allemagne (EON, RWE, EnBW et Vattenfall).

L’initiative n’a toutefois aucune chance d’aboutir, faute de sièges suffisants pour l’opposition au Parlement, seul habilité à décider d’une consultation populaire.

source afp sep10

EN COMPLEMENT :  L’Allemagne a fait le choix du vent

L’énergie éolienne connaît un essor spectaculaire en Allemagne. L’an dernier, les capacités de production de cette énergie verte ont augmenté de près de 2000 MW pour atteindre une capacité totale de 25 777 MW. La République fédérale est aujourd’hui le deuxième plus important producteur mondial d’électricité générée par le vent juste derrière les Etats-Unis (35 159 MW) et devant la Chine (25 104 MW) qui a inauguré l’an dernier des parcs capables de produire… 13 000 MW.

Berlin a adopté sa première loi sur les énergies renouvelables en 1971. Pour encourager les entreprises à investir dans ce secteur, l’Etat a mis en place une grille tarifaire qui garantit aux producteurs d’électricité verte de toucher pendant une durée comprise entre 5 et 20 ans un prix fixe de 9,2 centimes/kWh.

Tarifs majorés

L’énergie bénéficie aussi d’une priorité d’accès au réseau national de distribution. Des textes plus récents garantissent des tarifs majorés pour favoriser le repowering, c’est-à-dire la réingénierie des sites équipés de vieilles éoliennes peu productives, ainsi que la construction d’éoliennes en pleine mer dont le kilowatt est payé 13 centimes. L’offshore va générer cette année en Allemagne 500 MW. Mais cette production devrait atteindre 3000 MW en 2015, 10 000 MW en 2020 et… 20 000 à 25 000 MW en 2030.

La construction de 30 parcs en mer du Nord et en mer Baltique devrait permettre d’atteindre cet objectif. REpower Systems, qui produit 10% de l’énergie éolienne en République fédérale, a déjà signé avec le groupe énergétique rhénan RWE un projet de 2 milliards d’euros qui prévoit la construction de 250 turbines à 40 kilomètres au nord de l’île de Juist en mer du Nord. Forts de leur savoir-faire, les spécialistes allemands de l’éolien, qui compte déjà près de 100 000 salariés, génèrent à l’étranger plus de 80% de leur chiffre d’affaires total qui a atteint 5,8 milliards d’euros en 2009.

sources agences sep10