Le Grand piège des bad banks allemandes : Des Bad Boys ont fait sauter la Banque !!!
La première perte d’un milliard d’euros de l’une d’elles ne présage rien de bon.
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Nul ne connaît la facture finale des «bad banks» allemandes, ces structures qui ont permis aux instituts en difficulté d’évacuer hors de leurs bilans des actifs toxiques, mais une première perte d’un milliard d’euros de l’une d’elles ne présage rien de bon.
Jeudi, la structure de défaisance de la banque publique régionale WestLB a annoncé avoir réalisé cette perte en un peu plus de 6 mois d’exercice.
Sobrement baptisée EAA, la «bad bank» de WestLB a été mise en place en décembre 2009 pour stocker 77,5 milliards d’euros d’actifs en valeur nominale, en vue de les revendre ou de les liquider.
Pour couvrir la perte sans toucher à l’argent du contribuable, EAA a donc déjà consommé un tiers des 3 milliards de capitaux propres dont l’avait dotée WestLB. L’Etat fédéral avait injecté un montant équivalent dans WestLB pour ne pas la déstabiliser.
«C’est comme pour voler: l’essentiel du carburant est utilisé au décollage», a tenté de rassurer Matthias Wargers, le co-directeur d’EAA, cité dans le Financial Times Deutschland vendredi.
«Avec un capital restant de 2,1 milliards d’euros, nous nous sentons bien armés pour l’avenir», a renchéri dans un communiqué Markus Bolder, l’autre co-directeur de EAA.
La perte provient d’une provision pour risque d’un milliard d’euros sur la partie la plus toxique de la bad bank, paradoxalement nommé «portefeuille Phoenix».
Ce portefeuille, qui concentre notamment des prêts hypothécaires à risque américains (subprime) est en effet loin de renaître de ses cendres. Et de futures mauvaises surprises sont à redouter, étant donné son volume: 27,7 milliards d’euros au 30 juin. Les grands actionnaires de WestLB, l’Etat de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (nord-ouest) et les caisses d’épargne locales, se sont engagés à couvrir les pertes potentielles de Phoenix jusqu’à 5 milliards d’euros. La provision apportée par EAA porte ainsi les risques couverts à 6 milliards d’euros.
Mais cela suffira-t-il?
«D’ici à un ou deux ans, les bad banks auront de nouveau besoin de capital, et ça retombera sur le contribuable», a estimé Konrad Becker, analyste chez Merck Finck, interrogé par l’AFP.
«Les bad bank sont des poubelles», a-t-il souligné. «Ceux qui espéraient qu’elles allaient se transformer en poules aux oeufs d’or ont fait preuve de naïveté».
La Commission européenne s’est montrée jusqu’ici très sceptique sur les aides publiques accordées à WestLB. Et en débloquer de nouvelles ne sera pas aisé.
Bruxelles enquête également sur Hypo Real Estate, un autre institut allemand en difficulté qui a lui aussi mis en place une structure de défaisance.
L’institut de Munich (sud) a transféré le week-end dernier dans sa bad bank des actifs non stratégiques et risqués d’une valeur nominale de 173 milliards d’euros.
Hypo Real Estate a obtenu près de 10 milliards d’euros de l’Etat fédéral, lors d’injections de capital et de sa nationalisation l’an dernier pour faire face, entre autres, aux pertes prévues de sa «bad bank».
La banque dispose par ailleurs de 142 milliards d’euros de garanties publiques, qui lui sont toujours indispensables pour continuer à se refinancer sur les marchés financiers à coût modéré.
Jugeant qu’une faillite de HRE présentait un risque systémique grave pour l’ensemble du système financier européen, le gouvernement allemand avait décidé de venir à son secours dès l’automne 2008.
Outre WestLB et HRE, d’autres établissements allemands ont lancé leurs bad banks, cette fois en dehors du dispositif prévu par l’Etat fédéral: Commerzbank, DZ Bank et les instituts régionaux BayernLB et HSH Nordbank. Avec à chaque fois, des milliards d’euros d’actifs en sursis.
source afp oct10