Cycle Economique et Financier

La semaine du Métallo : la saignée du 17 octobre

La semaine du Métallo : la saignée du 17 octobre 

Les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont grimpé de concert cette semaine, l’étain grimpant à de nouveaux records, soutenus par la baisse du dollar et sur fond de commentaires optimistes des professionnels et analystes du secteur réunis à Londres.

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Les cours des métaux de base continuaient de profiter de la faiblesse du billet vert, susceptible de favoriser les achats de matières premières libellées en dollars, alors que les opérateurs spéculent sur des mesures supplémentaires de la banque centrale américaine (Fed) pour aider l’économie.

Les prix sont «portés par ces anticipations d’un assouplissement monétaire (de la Fed), par un dollar meilleur marché, mais aussi par la possibilité du lancement prochain d’une gamme d’ETF», c’est-à-dire des fonds indiciels cotés adossés aux métaux de base, commentait dans une note Daniel Brebner, analyste de Deutsche Bank.

Par ailleurs, le marché était «soutenu par le sentiment d’optimisme exprimé à l’occasion de la semaine du LME», qui rassemblait à Londres pour son séminaire annuel des centaines d’analystes et de professionnels du secteur minier, relevait Nicholas Snowdon, de Barclays Capital.

Les analystes rassemblés par l’institution se sont accordés pour convenir que les métaux de base devraient faire l’objet d’une demande soutenue jusqu’en 2011, certains évoquant même la possibilité d’un «super cycle» de plusieurs années dans lequel la robuste croissance des économies émergentes, et surtout la Chine, confrontées à une offre mondiale insuffisante, tirerait les prix.

«Le principal facteur de hausse des prix dans les prochaines années devrait être structurel: les marchés émergents connaissent des taux de croissance importants, tout comme l’est leur consommation de métaux», a assuré Joshua Crumb, de Goldman Sachs.

D’autres faisaient cependant montre de prudence pour l’évolution à court terme, Daniel Brebner mettant en avant que les facteurs qui portent actuellement le marché étaient déjà «largement intégrés» dans les prix, et que les investisseurs pouvaient donc être tentés par des prises de bénéfices.

Étain

L’étain fait des étincelles sur le marché des métaux de base, où il est le premier à dépasser ses niveaux d’avant la crise financière de 2008 .L’étain a battu cette semaine les prix record de la semaine précédente pour grimper jusqu’à 27 338 dollars la tonne jeudi, un niveau sans précédent, grâce aux tensions sur l’offre, en raison notamment de pluies diluviennes affectant les mines en Indonésie, premier exportateur mondial.

«Les difficultés en Indonésie vont croissants. Le plus large producteur du pays, PT Timah, qui représente 40% de la production nationale, a abaissé à nouveau son objectif de production pour 2010, passé de 50 000 à 40 000 tonnes (…) cela pourrait signifier de nouveaux records à venir pour l’étain», soulignaient les analystes de Commerzbank.

Le cuivre

Le cuivre, baromètre du marché, est monté jeudi jusqu’à 8490 dollars la tonne, son niveau le plus haut depuis juillet 2008.

Le métal rouge était lui aussi soutenu par des tensions sur l’offre, encore avivées cette semaine par l’annonce par le géant anglo-australien Rio Tinto d’un recul de 19% sur un an de sa production de cuivre au troisième trimestre.

L’aluminium

L’aluminium est monté jusqu’à 2 459 dollars la tonne jeudi, tandis que le ZINC a touché vendredi 2451 dollars la tonne, leurs plus hauts niveaux depuis mi-avril.Le PLOMB a grimpé jeudi jusqu’à 2.473 dollars la tonne, son plus fort niveau depuis la mi-janvier. Le Groupe international d’études sur le plomb et le zinc (ILZG) table cependant sur un surplus de 90.000 tonnes de plomb raffiné sur le marché en 2010 comme en 2011.

Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois valait 8.392 dollars la tonne vendredi à 14H30 GMT contre 8.270 dollars la tonne vendredi dernier à la même heure.

L’aluminium valait 2.390 dollars la tonne contre 2.400 dollars.

Le plomb valait 2.387 dollars la tonne contre 2.272 dollars.

L’étain valait 26.874 dollars contre 26.300 dollars.

Le nickel valait 23.900 dollars la tonne contre 24.405 dollars.

Le zinc valait 2.408 dollars contre 2.293 dollars.

EN COMPLEMENT : Le retour du «super cycle» des métaux de base

La Semaine des métaux s’achève à Londres, « la » place mondiale du commerce de ces matières premières industrielles. La plupart des participants semblent s’accorder sur un point : les métaux de base profitent à nouveau du super « cycle haussier », qui avait démarré au milieu des années 2000.

Après leur dépression de l’an dernier, les cours des métaux de base ont grimpé fortement au printemps, et de nouveau de 30% à 40 % au cours des quatre derniers mois. Pour les négociants et les banquiers présents à la Semaine des métaux du London Metal Exchange, il n’y a pas de doute : le « super cycle » des métaux est de retour !

Alors que l’idée avait été balayée au plus fort de la crise il y a deux ans par la Banque mondiale, toutes les conditions semblent aujourd’hui à nouveau réunies, avec d’abord un renouveau très important de la demande en métaux de base : la lente convalescence des pays occidentaux est largement compensée par la forte reprise de la Chine, du Brésil, de l’Inde, mais aussi de la Turquie, de l’Egypte, des pays d’Asie du Sud-Est et d’Europe de l’Est, qui doivent alimenter des industries en plein essor pour fournir en produits de consommation une classe moyenne de plus en plus nombreuse.

L’électronique est ainsi repartie de plus belle, cette activité consomme beaucoup d’étain : le métal blanc a battu son record de mai 2008 pour atteindre 27 000 dollars la tonne, mercredi. Quant au cuivre, le métal des infrastructures, des équipements électriques et du bâtiment, il a atteint 8 490 dollars en séance mercredi 13 octobre, et les analystes prévoient qu’il battra son record de juillet 2008, près de 9 000 dollars, dans les douze mois qui viennent.

Les autres métaux de base, du zinc au nickel en passant par l’aluminium et le plomb voient aussi leur cours progresser et les stocks baisser mais l’étain et le cuivre sont les plus représentatifs d’une demande en métaux de plus en plus difficile à satisfaire parce que l’offre se raréfie. Les mines creusées dans les années 1980 sont de moins en moins riches en minerai. Il faut aller le chercher de plus en plus profondément dans des conditions de plus en plus périlleuses.

L’expérience des mineurs chiliens de San José retenus pendant 69 jours à plus de 600 mètres sous terre l’a bien mis en lumière. La production de cuivre s’essouffle au Chili, comme la production d’étain ralentit en Indonésie, on doit aujourd’hui aller chercher le minerai offshore. Exploiter de nouvelles mines est aussi plus compliqué aujourd’hui. Il est difficile pour les petits acteurs d’obtenir des crédits. Quant aux Etats, ils sont de plus en plus exigeants sur les retombées fiscales, sociales et environnementales des projets.

Le « supercycle » haussier des métaux semble en tout cas convaincre les investisseurs financiers. Après les fonds indiciels adossés à l’or, ils ont donné naissance cette semaine au premier fonds indiciel adossé aux métaux lourds

Par Claire Fages rfi ocy10

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Rester concentré sur le long terme

ressources naturelles. Les prix de beaucoup de matières premières fluctuent fortement en fonction des humeurs du marché.

La fuite vers la sécurité des investisseurs pousse sans cesse le prix de l’once d’or en dollars vers de nouveaux records historiques. La réaction logique d’un fonds investissant en ressources naturelles paraît ainsi d’allouer la majeure partie de ses actifs au métal jaune. Mais les gestionnaires du JPMorgan Global Natural Resources ne s’intéressent guère à ces réactions sentimentales du marché à court terme: «La baisse du dollar fait partie des principaux facteurs pour la hausse de l’or, qui ne reflète pas vraiment les fondamentaux. Cependant, en tenant compte de l’inflation, ce métal précieux coûte toujours moins cher que dans les années 1980», relève Nicole Vettise, spécialiste produits chez JPMorgan. La philosophie du gestionnaire principal du fonds Ian Henderson est au contraire de ne jamais perdre de vue les facteurs stratégiques pour les différentes matières premières faisant partie du portefeuille. Plutôt que d’investir directement dans des contrats à terme portant sur ces ressources, le fonds privilégie les actions d’entreprises actives dans ce secteur. L’analyse précédant la prise de ces positions, qui ont tendance à être moins volatiles que les contrats à terme, demande un examen plus complet des phénomènes régissant ces marchés. Elle mène notamment à des engagements dans les entreprises dont les projets miniers ont le plus de potentiel, tout particulièrement en termes de qualité. Un critère d’autant plus important que les sites permettant d’extraire des métaux ou du pétrole de bonne qualité à peu de frais se font toujours plus rares.

«Ce sont les entreprises générant les marges les plus élevées qui survivront», selon Nicole Vettise. L’application de ces critères peut néanmoins se révéler délicate dans le cas du pétrole, car les gisements offrant la meilleure qualité se trouvent souvent dans des pays politiquement instables. Le fonds de JPMorgan ne s’interdit pas pour autant d’investir en Colombie, au Kazakhstan ou encore au Nord de l’Iraq: «Nous cherchons à savoir comment les dirigeants des entreprises de ces pays arrivent à gérer ces risques», explique la spécialiste produits.

Dans le cas de l’or, un autre argument parle également en faveur de l’investissement indirect: «les sociétés minières ont sous-performé par rapport au prix de leur produit. Elles ont donc un potentiel de rattrapage.» Souvent, leur cours se montre «plus sensible à l’évolution des stocks qu’à celle des prix des contrats à terme», analyse Nicole Vettise.

La dynamique entre l’offre et la demande joue donc un rôle très important dans la pondération des différentes matières dans le portefeuille du fonds. «Malgré les millions investis dans l’exploration, la dernière découverte importante d’or remonte à 2007. Les quantités produites stagnent depuis huit ans, et elles commencent même à diminuer», mettant ainsi les exploitants actuels en position de force.

Les investissements dans le domaine du cuivre fournissent un autre exemple pour l’évolution du rapport entre la quantité recherchée et celle pouvant être fournie. «En 2009, les prix de tous les métaux de base ont augmenté de manière indiscriminée. L’évolution actuelle repose beaucoup plus sur les fondamentaux. Pour le cuivre, les problèmes ayant poussé son prix à la hausse au cours de ces derniers mois surgissent surtout du côté des fournisseurs, moins au niveau de la demande.» Il apparaît ainsi clairement que le prix de la matière première ne représente pas toujours le facteur le plus important pour la marche des affaires d’une entreprise minière.

La spécialiste de JPMorgan reste plus réservée par rapport aux perspectives pour le nickel, l’un des principaux domaines d’activité des groupes zougois Glencore et Xstrata. En tant que composant de base de l’acier inox, il bénéficiera certes de la hausse de la demande à long terme en provenance des marchés émergents, plus que l’aluminium, «en proie à des investissements spéculatifs». Mais il reste moins intéressant que le cuivre. Quant à l’agriculture, souvent cité comme domaine à fort potentiel, Nicole Vettise estime que «la demande pour les métaux de base est de caractère plus fondamental. Je ne vois pas l’utilité d’ajouter des risques supplémentaires, tout particulièrement météorologiques.» La surperformance énorme du fonds à plus long terme lui donne raison.

christian affolter/agefi/oct10

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