La Fed vit toujours dans les années 1930 : Franklin Roosevelt reste la référence à problème de Ben Bernanke.
Bill Gross, patron du plus fonds obligataire au monde, PIMCO, a accusé la Fed de s’adonnait à une «répression financière» vis-à-vis des épargnants américains et du reste du monde. Il lui reproche sa paranoïa déflationniste qui a rendu négatifs les rendements réels des Treasuries 10 ans. Pour la première fois depuis fin 2008 et aux dépens des épargnants obligataires.
PLUS DE BERNANKE EN SUIVANT :
C’est un fait bien connu que Ben Bernanke, spécialiste de la crise de 1929, s’inspire de Franklin Delano Roosevelt. Or l’un des enseignements les plus récurrents des dévaluations arbitraires dès 1933 et contre toute logique est l’absence d’effet sur les fronts les plus déterminants: emploi et consommation. Roosevelt voulait tuer les créanciers de l’Amérique en réduisant la charge des intérêts. Il n’en a pas été ainsi. Au contraire. Certes, aujourd’hui, les marchés se sont repris, les entreprises empruntent à nouveau pour investir. Mais elles investissent à l’étranger. D’où la persistance du chômage.
Le mécanisme de transmission monétaire semble définitivement épuisé. Ou mal exploité. Le pari de la Fed est essentiellement psychologique. Abattre une fois pour toute la psychologie déflationniste, en espérant que le réel suivra. Au lieu de procéder inversement, en relançant la croissance par des réformes structurelles difficiles, mais génératrices d’une saine et maîtrisable inflation.
La crise de 2008 est en réalité un des nombreux épilogues des décisions politiques prises dans les années 30.
Lorsque Roosevelt pris le pouvoir début mars 1933, sa première action vis-à-vis du système bancaire fut de renflouer les banques. Le 4 mars, 32 des 48 états du pays avaient dû fermer leurs banques pour freiner la ruée vers les guichets d’une population prise de panique. La dépression était profonde. Quelques jours et un bref discours radiodiffusé de Roosevelt sur les dangers de la thésaurisation suffirent pour que les banques les plus solvables rouvrent leurs guichets. L’un des conseillers les plus proches du président, Raymond Moley, a écrit, avant de se retourner un an plus tard contre le concepteur du New Deal, que «le capitalisme a été sauvé en huit jours». Presque en huit jours, en réalité: malgré le renflouement des banques, la production manufacturière n’avaient toujours pas redémarré et le chômage demeurait à des plus hauts historiques.
De toutes les nouvelles lois contenues dans le New Deal, peu d’entre elles étaient en réalité efficaces. C’est la plus folle, cependant, qui permit à l’économie de retrouver un certain dynamisme: le détachement du dollar par rapport à l’or. Les conseillers du président étaient unanimement contre. Ils ont même démissionné l’un après l’autre en 1934, de crainte d’être associés à un geste considéré comme étant le début de «la fin de la civilisation occidentale». C’est ce que rapporte l’investisseur et écrivain Liaquat Ahamed, auteur de Les Seigneurs de la finance: crise de 1929 ou les banquiers qui ont ruiné le monde. James Warburg, le fils de Paul Warburg, qui fut l’un des inventeurs du système de la Réserve fédérale en 1913, était si horrifié par l’idée de voir le dollar affranchi de la discipline et de la dignité que lui conférait son attachement à l’or, qu’il osa personnellement gronder le président comme s’il «avait été un écolier malfaisant et particulièrement attardé» , ajoutant que cette décision mènerait droit à «une inflation incontrôlable et un chaos total».
C’est l’agronome et obscure économiste George Warren, connu pour ses réflexions pittoresques, qui inspira le président. Roosevelt, qui ne saisissait pas toute la complexité de la finance internationale, était persuadé, comme Bernanke aujourd’hui, que la reprise était tributaire de l’inflation. Alors que ses conseillers tentèrent vainement de lui faire comprendre que le contraire était vrai. Mais, dans son exhaustive monographie intitulée 213 ans de prix de gros: 1720-1932, George Warren a montré comment les prix des matières premières étaient étroitement liés à l’équilibre entre l’offre et la demande d’or. Lorsque l’offre de métal dépassait la demande, les prix des matières premières avaient tendance à s’apprécier.
Par conséquent, d’après Roosevelt, la solution résidait dans la remontée du prix de l’or, autrement dit la dévaluation du dollar. «Blasphème», rétorque James Warburg. Avril 1933, un mois après le renflouement des banques, Georges Harrison, président de la Fed de New York, qualifie en ces termes l’ambiance qui emplissait l’une des pièces de réunion de la Maison-Blanche dans laquelle Roosevelt dévoila son plan: «A ce moment-là, l’enfer se déchaîna.» Même les banquiers, tels que J. P. Morgan’s Northern Securities Company, aujourd’hui pourtant si prompts à embrasser toutes sortes de théories non conventionnelles, craignaient la perte du seul ancrage qui contraignait les gouvernements à adopter des politiques économiques honnêtes. Tout aussi ulcéré, le célèbre spéculateur Bernard Mannes Baruch: «Le pays ne le sait peut-être pas encore, mais je crois que nous vivons une révolution plus radicale que la Révolution française.»
Le renflouement des banques quelques jours plus tôt, conjugué à la volonté inébranlable du président de stimuler l’inflation coûte que coûte, avait pourtant donné des résultats tangibles à court terme: le dollar chuta face à l’or, les actions grimpèrent de 15% au lendemain de l’annonce de l’abandon de l’étalon. En trois mois, les prix des matières premières ont augmenté de 45% et les actions finirent par doubler dans le même intervalle. Le coût réel de l’emprunt dégringola, les nouvelles commandes de machines-outils augmentèrent de 100%, les ventes d’automobiles furent multipliées par deux et la production industrielle progressa de 50%. Effet de base oblige.
Norman Montagu, gouverneur de la Banque d’Angleterre, avoua perdre le nord. Son pays avait décroché la livre de l’or depuis quelques années déjà. Mais il imaginait mal qu’une première puissance économique pût en faire autant, sachant a fortiori que les réserves d’or des Etats-Unis étaient parmi les plus abondantes. Selon lui, il s’agissait de la première étape d’une longue série qui allait plonger le monde dans une guerre ouverte des monnaies. L’effet de la dévaluation ne dura toutefois pas. En octobre 1933, le dollar a beau avoir chuté de 30%, les prix des matières recommencèrent à fléchir et l’économie à s’enliser. Les chiffres de l’emploi, ultime objectif de toutes ces mesures, restés scotchés au plus bas. Regrettant les fortes fluctuations du dollar qui s’ensuivirent, Roosevelt, toujours conseillé par George Warren, décida alors de contrôler directement la valeur de l’or.
Trois mois durant, il fixait chaque matin durant son petit déjeuner le prix du métal. Le premier jour à 31,60 dollars l’once. Le lendemain à 31,54, puis 31,82. «Un jour, il décréta une hausse de 21 cents. Quand on lui demandait pourquoi, il rétorqua que c’était un chiffre porte-bonheur. Trois fois sept.» Trois mois considérés comme les plus bizarres de l’histoire de la politique monétaire. Même Keynes, dans un premier temps favorable à Roosevelt, finit par se rendre compte que «l’étalon-or était en ribote».
Nous sommes aujourd’hui toujours tributaires de décisions prises souvent dans le flou le plus total, par des hommes intellectuellement faillibles en dépit de leurs compétences avérées sur le papier. Le grand héritage que laisse Roosevelt derrière lui est la généralisation de la planche à billets, à défaut de solutions plus difficiles à faire passer au public, mais plus efficaces et durables. C’est depuis l’ère keynésienne de Franklin Roosevelt que les Américains, et aujourd’hui le monde entier, se persuadent que l’argent est fait pour être facile.
Levi-sergio Mutemba agefi mai11
Catégories :Agefi Suisse, Art de la guerre monétaire et économique, Changes et Devises, Emploi, formation, qualification, salaire, Etats-Unis, Gold et Métaux Précieux, Inflation, inflation importée, monétarisation de la dette, L'Etat dans tous ses états, ses impots et Nous, l'hérésie keynésienne, Mon Banquier est Central, Pimco
“Le grand héritage que laisse Roosevelt derrière lui est la généralisation de la planche à billets”
Et ce n’est pas la seule chose qu’il a laissé derrière lui. Il a aussi laissé le FDIC. La logique fut de protéger les dépôts, mais cela oublie l’aléa moral qui va avec.
Mais depuis, tout le monde sait que la FDIC n’élimine pas tout risque systémique. Par exemple :
For instance, there were runs in 1985 on the Home State Saving Bank and 70 other thrifts insured by the Ohio Deposit Guarantee Fund following the Home State’s reported loan loss of $140 million, exceeding the fund’s $136 million in reserves.
Il n’est pas étonnant que la majorité d’économiste proposent des remèdes keynésiens. Parce qu’ils ont mal interprêté la grande dépression. Comme Keynes, en fait. Alors ils deviennent des disciples de Keynes.