Behaviorisme et Finance Comportementale

Carry trade pour une Mortelle randonnée : La Hongrie souffre comme jamais du franc suisse fort

Carry trade pour une  Mortelle randonnée : La Hongrie souffre comme jamais du franc suisse fort

La Hongrie souffre comme jamais du franc fort Comme les ménages, les collectivités publiques sont endettées en devises helvétiques

Les Suisses ne sont pas les seuls à garder l’œil rivé à leur monnaie en pleine envolée. Les pays d’Europe centrale, largement endettés en francs suisses ces dernières années, payent aujourd’hui au prix fort ce qui est décrit comme une des plus vastes opérations de spéculation collective de tous les temps sur le marché des changes.

PLUS DE FOLIE COLLECTIVE EN SUIVANT : 

En première ligne, la Hongrie suit jour après jour les tentatives de la Banque nationale suisse (BNS) de limiter la hausse du franc. Celui-ci s’est envolé de 30% ces deux derniers mois face au forint – et de près de 6% ces trois derniers jours –, ce qui renchérit d’autant le remboursement des crédits.

Défauts «en masse»

A ce taux, le montant moyen des traites des ménages hongrois pourrait augmenter de 10 000 forints (38 francs suisses) par mois, a indiqué mardi la banque JP Morgan, alors que le salaire moyen plafonne à 211 000 forints (800 francs). Les analystes avaient précédemment prévenu que les ménages pourraient faire défaut «en masse» passé les 240 forints pour un franc, un cap dépassé depuis le 29 juillet. Le gouvernement a prévenu que s’il persiste à ces niveaux, le cours du franc pourrait à lui seul coûter un demi-point de croissance au pays.

Au plus fort de la vague, en 2007 et 2008, les ménages hongrois avaient accumulé des hypothèques libellées en devises pour plus de 1200 milliards de forints (6,5 milliards de francs de l’époque), et presque autant pour des crédits à la consommation. Une majorité de ces dettes avaient alors été souscrites en francs suisse.

A l’origine du phénomène: les crédits hypothécaires largement accordés en francs par des banques, notamment italiennes, qui devaient faire profiter leurs clients des bas taux d’intérêt helvétiques.

Un «choc»

Il est récemment apparu que les ménages n’étaient pas les seuls à s’être laissé tenter des crédits en francs suisses. Le 3 août dernier, le jour où la BNS tentait sans succès de limiter l’envol du franc par une baisse des taux et de nouvelles injections de liquidités, des collectivités publiques hongroises ont révélé l’existence d’emprunts à hauteur de 600 milliards de forints (2,3 milliards de francs), dont plus de 85% ont été empruntés en francs suisses. Ces crédits avaient été souscrits entre 2006 et 2007 en guise de cofinancement à des programmes d’investissements structurels de l’Union européenne. Tout en admettant l’ampleur de ces dettes, un groupement de quelque 300 municipalités a demandé au gouvernement de suspendre pendant un an le remboursement du principal.

La nouvelle est tombée comme un «choc», selon les analystes de Royal bank of Scotland (RBS), qui a aussitôt fait bondir les titres de couverture sur la dette souveraine hongroise. «Les marchés n’ont pas particulièrement apprécié le geste, qui évoque une restructuration», déclarait alors RBS.

Un porte-parole du groupement des municipalités concernées a indiqué à l’agence Reuters que toutes les participations aux programmes européens avaient cessé, et que certaines de ces collectivités pourraient désormais faire face à des difficultés pour subvenir à leurs dépenses courantes.

Par François Pilet/le temps aout11

Laisser un commentaire