Art de la guerre monétaire et économique

Commentaire du 13 Septembre :Behaviourisme et Animals Spirit made in Wall Street par Bruno Bertez

Commentaire du 13 Septembre :Behaviourisme et Animals Spirit made in Wall Street par Bruno Bertez

   Le comportement de Wall Street lundi soir mérite que l’on s’y attarde même s’il s’agit plus de poser des questions que d’apporter des réponses.

USA(4152 stocks)
Market Cap: 14388.80B
P/E: 13.46
Performance Week: -0.89%
Performance Month: -0.97%
Performance Quarter: -8.68%
Performance Half Year: -10.21%
Performance Year: 5.60%
Performance Year To Date: -7.53%

En clôture, l’indice SandP 500 a effectue un puissant rebond pour terminer positif. La performance est remarquable sachant que les places européennes avaient clôturé dans les plus bas avec des pertes de 3 a 4%.

(exprimé en Dollar US)

Pour trouver une explication à la reprise de fin de séance, car il en faut toujours une pour les medias, on a avancé l’idée que la Chine envisagerait d’acheter de la dette italienne. Il s’agit manifestement d’un prétexte.

La Chine a déjà aidé les Européens, mais l’effet de cette aide est resté modeste et nullement à la mesure des problèmes. Au plan des principes on sait depuis longtemps que la Chine souhaite une stabilisation européenne mais on sait aussi que ses dirigeants considèrent que les conditions d’une vraie stabilisation ne sont pas réunies.
Une aide est possible et même probable mais une aide déterminante n’est pas , à ce stade envisageable.
 
Le rebond de Wall Street peut être considéré sous trois aspect.

  • Une manipulation pour interrompre la boule de neige
  • Un sursaut technique dans un marche survendu
  •  Une anticipation de nouvelles plus favorables

Nous penchons pour un mix des trois.
 
Une manipulation et un sursaut technique ne sont efficaces que s’ils interviennent à un moment opportun,  c’est a dire en anticipation de quelque chose de positif ou de plus positif.

Dialectiquement on peut faire observer que plus cela va mal et plus on se rapproche du moment ou les responsables vont être obligés de faire quelque chose. Sous cet aspect toute dislocation des marchés est productrice d’actions qui visent a s’y opposer.
Certains ont-ils cru que la dislocation avait atteint une ampleur et une dangerosité justifiant des mesures ? C’est possible.

Par ailleurs on peut s’interroger sur les derniers événements européens.

Est ce que les démissions des allemands de la BCE,  les déclarations qui poussent a la faillite grecque , la dévalorisation en cours du capital des banques, ne préfigurent pas une manoeuvre de plus grande ampleur. Tout se passe comme si d’une certaine façon on s’écartait du extend and pretend, on acceptait de réintroduire une part de vérité dans le système,. D’une certaine manière cela revient à tenter

  • 1 Une opération vérité
  • 2 Une opération d’isolement, on circonscrit les problèmes espérant qu’à partir de la il n’est pas trop tard pour enrayer les contagions.
    Il ne faut pas oublier que la contagion des souverains subprimes aux souverains encore solides comme la France se fait par l’accroissement de la charge qu’ils supportent du fait des bail out et en même temps par l’anticipation de la décapitalisation de leur secteur bancaire

Les souverains encore solides sont menacés de perdre leur rating à cause de leur participations aux bail out et à cause de la fragilité de leurs banques.

La manoeuvre allemande serait en quelque sorte une façon de crever l’abcès, une façon d’obliger certains pays à crever abcès.  Couper court à la menace de bail out à répétition , forcer à aborder et résoudre le problème des banques.

En fin dernier point qui mérite considération : le mouvement qui se dessine en faveur de l’abandon de l’austérité. Sans être général, il se propage. Idée que l’austérité ne mène à rien et ne fait qu’aggraver les déséquilibres gagne du terrain. On a vu l’initiative récente d’Obama qui veut éviter les double dip par un pan de 400 billions, on a vu les ballons d’essai de Christine Lagarde. On a vu quelques déclarations dans ce sens dans les instances européennes.

Bruno Bertez Le 13 Septembre 2011

EN LIEN :

L’Édito du 12 Septembre : Les marchés sont orphelins par Bruno Bertez

5 réponses »

  1. Mardi 13 septembre 2011 : l’Italie a lancé un emprunt à 5 ans. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 5,60 %. Les taux sont en hausse : c’était 4,93 % lors de la précédente émission.

    En outre, l’Italie a lancé un emprunt à 7 ans. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 5,59 %. Les taux sont en hausse : c’était 4,95 % lors de la précédente émission.

    Enfin, l’Italie a lancé un emprunt à 9 ans. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 5,49 %. Les taux sont en hausse : c’était 3,58 % lors de la précédente émission.

    Grèce : taux des obligations à un an : 134,585 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB1YR:IND

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 76,734 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 24,478 %. Record historique battu.

  2. Mercredi 14 septembre 2011 :

    L’agence d’évaluation financière Moody’s a abaissé d’un cran la note des banques Société Générale et Crédit Agricole mais n’a pas touché à celle de BNP Paribas, selon un communiqué publié mercredi, confirmant une rumeur qui circulait depuis dimanche.

    Dans le cas de Crédit Agricole SA, dont la note passe de “Aa1” à “Aa2”, la décision est liée à l’exposition à la Grèce, tandis que dans celui de Société Générale, dont la note est rétrogradée de “Aa2” à “Aa3”, la révision tient à la réévaluation de l’aide que pourraient fournir les pouvoirs publics en cas de crise grave.

    En revanche, elle a maintenu la note de BNP Paribas, qui est toutefois toujours placée “sous surveillance négative”, ce qui signifie qu’elle n’est pas à l’abri d’une dégradation.

    L’agence avait annoncé mi-juin qu’elle pourrait abaisser la note de ces trois banques du fait de leur exposition à la Grèce.

    Dans le cas du Crédit Agricole, Moody’s juge que si le groupe affiche des ressources en fonds propres “considérables” pour absorber des pertes potentielles liées à la Grèce, son exposition elle-même “est trop importante pour correspondre aux notes actuelles” de la banque.

  3. mercredi 14
    Verneinung ou dénégation. en langage psychanalytique la dénégation est un phénomène par quoi le sujet qui s’exprime révèle une vérité par la dénégation même qu’il en apporte et au moment même ou il l’apporte.

    Les banques françaises viennent d’être dégradées et l’une d’entre elles reste précise t on sous surveillance négative. Elle annoncent différentes mesures pour faire face à la situation. Elles sont en fait victimes d’un ” run ” sur le marché de gros du refinancement et les participants à ce marché préfèrent la garantie de la FED activiste à celle de la BCE. Ces banques françaises vont devoir, entre autres, poursuivre leur deleveraging, leur réduction d’exposition.

    Le Gouverneur de la Banque de France , Christian Noyer vient de déclarer , selon Reuters que la situation des banques françaises ” ne risque pas de se dégrader davantage après l’abaissement de la note de deux d’entre elles par l’agence de notation MOODY’S”

    Il a ajouté ” je pense même que c’est une relativement bonne nouvelle”, …”il n’ a pas de nouvelle très mauvaise”, …”les banques françaises n’ont pas besoin d’argent frais pour faire face a leurs engagements ” et ” une nationalisation de ces banques n’aurait aucun sens ”

    Dénégation?

    Avant, dans le bon vieux temps ou les dévaluations formelles étaient possibles, les gouvernements pratiquaient la dénégation , ce qui faisait dire aux professionnels, ”s’ils le nient , c’est que c’est pour bientôt”. Dans le monde de la dérégulation , des changes flottants, de la titrisation, bref dans le monde sans ancrage et sans référence exogène, les monnaies ne sont plus dévaluées formellement, mais ce sont les quasi monnaies, les money like qui le sont. C’est ce qui en train de se passer sur les marchés, les quasi monnaies émises par les gouvernements surendettés, les quasi monnaies émises par les banques surexposées, sont en train de se dévaloriser par le jeu de la hausse des taux exigée, par le jeu de l’élargissement des spreads, par le jeu de la hausse des CDS.

    La solidarité organique entre les banques et les gouvernements, l’un finançant les déficits de l’autre et l’autre garantissant la solvabilité de l’un, fait qu’une dégradation , un run sur les banques, équivalent a une perte de rating , une fragilisation du pays d’origine de la banque. Nous sommes en pleine transitivité , et c’est cela qui rend les risques financiers si dangereux et incontrôlables. la fragilisation des banques entraîne fragilisation des souverains laquelle en retour rend les garanties apportées aux banques problématiques ce qui ensuite refragilise les banques etc etc

    Les banques américaines sont elles aussi touchées par la fragilisation mais les prêteurs du marché de gros préfèrent se replier sur le dollar et les Etats Unis car ils estiment que les garanties apportées par le Trésor et la FED sont meilleures que les garanties d’une europe divisée, maladroite et d’une BCE aux pouvoirs d’intervention limités.

  4. mercredi 14
    On sait grâce a Christian Noyer que les banques françaises n’ont aucun problème de refinancement et que les dégradations des agences de notation sont à considérer comme des bonnes nouvelles.
    Voici donc une autre bonne nouvelle. La BCE va devoir octroyer 575 millions de dollars à deux banques de la zone euro. Les banques euros éprouvent des difficultés à se refinancer en dollars.
    Cette bonne nouvelle confirme celles qui sont en provenance des Etats Unis selon lesquelles les participants au marché de gros du refinancement se désengagent des certificats de dépôts, CD, émis par les établissement européens et singulièrement français.
    La position allemande qui pousse maintenant, malgré les démentis, la Grèce à la faillite n’est finalement pas incohérente. À quoi sert de gaspiller des fonds précieux et limités à tenter de remplir le tonneau des Danaïdes grec alors que ces fonds pourraient être utilisés de façon très productive et avec un fort levier pour recapitaliser les établissements victimes de cette faillite grecque.
    Avouons que le raisonnement se tient même si il est difficile à avaler pour certains orgueils nationaux : Reste que l’on n’est jamais sûr, avec l’Europe, que les bonnes idées ne seront pas gâchées.
    Le problème du timing est en effet déterminant, tout comme celui de la séquence
    faillite restructuration reconstitution des fonds propres- plan a long terme.
    L’Europe n’excelle ni dans les calendriers, ni dans la cohérence, ni dans la communication , ni dans les plans a long terme ni dans …. etc

  5. mercredi 14
    Toujours pour continuer dans notre série des bonnes nouvelles selon Noyer , la Banque d’Espagne confirme ce que nous pressentions a savoir que les banques espagnoles ont eu besoin de recourir aux refinancement de la BCE en Août dans des proportions en forte hausse. Si nos chiffres sont exacts, on serait à 70 milliards ! Nous sommes au maximum enregistre depuis septembre 2010.

    Les risques s’ajoutent, se multiplient car il ne faut pas oublier en sus les achats de bonds espagnols par la BCE. On comprend la démission des faucons allemands de leurs postes a la BCE.

    Malgré les propos rassurants des ”responsables” et le silence des medias main street la situation du système bancaire européen est délicate et fragile .

    L’urgence d’un changement de politique qui consisterait à cesser de gaspiller les ressources publiques et la capacité de création monétaire de la BCE pour soutenir des débiteurs condamnés au défaut pour les orienter vers le soutien des banques , cette urgence devient de plus en plus pressante .

    L’Europe a besoin d’une sorte de TARP comme les Etats Unis en 2008 mais il est évident que le TARP européen devrait donner la priorité aux fonds propres
    .

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