Agences de Notation

La Dette des Pays Emergents se vend comme des petits pains

La Dette des Pays Emergents se vend comme des petits pains

 Du Brésil à l’Indonésie en passant par les  Philippines, les pays émergents se financent à tour de bras sur le marché obligataire, profitant de la demande des investisseurs pour leur  vendre de la dette à des taux d’intérêt exceptionnellement bas. Les gouvernements et les organisations liées au gouvernement dans le monde en développement ont ainsi vendu 11,3 milliards de dollars en obligations rien que sur  les deux premières semaines de l’année, selon le fournisseur de données Dealogic

source Wall Street Journal

Les notes des pays émergents ne cessent d’être relevées

Infographie. 36 relèvements en 2011

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Les notes des pays émergents ne cessent d’être relevées L’Indonésie accède à la catégorie «investissement». Alors que l’Europe est dégradée, d’autres montent les échelons. n 2011, les agences de notation ont abaissé à 36 reprises la note d’un pays développé. A l’inverse, elles ont relevé 38 fois celle d’un pays émergent. Cette dichotomie ressort nettement d’un rapport publié début janvier par la banque américaine JP Morgan.

En ce début d’année, la tendance semble d’ailleurs se confirmer. Alors que neuf pays de la zone euro ont été dégradés  par Standard & Poor’s (S&P) – dont la France et l’Autriche qui ont perdu leur AAA – l’Indonésie a vu sa note relevée de Ba1 à Baa3  par Moody’s, autre agence américaine. «La gestion budgétaire prudente a maintenu les déficits budgétaires à des niveaux très faibles et réduit le fardeau de la dette publique à une fraction du PIB», relève cette dernière dans un communiqué.

Résultat: avec une croissance annuelle supérieure à 6% depuis 2005 et une dette publique qui n’excède pas 30% du produit intérieur brut (PIB), l’archipel, première économie d’Asie du Sud-Est, retrouve la catégorie «investissement» après quinze années passées dans celle dite «spéculative».

«C’est bien mérité, observe Raymond Hêche, responsable des fonds de placement à la Banque Morval et spécialiste de l’Asie. Tous les indicateurs économiques du pays vont dans le bon sens.» Selon lui, les emprunts indonésiens vont maintenant devenir accessibles à de nouvelles classes d’investisseurs, notamment dans le domaine de la gestion privée, qui ne peuvent investir que dans des instruments accrédités d’une certaine note. Par ailleurs, suite à l’annonce de Moody’s, les taux d’intérêt à dix ans demandés à l’Indonésie ont baissé de 0,05 point de pourcentage à 3,99%.

D’autres pays émergents – à l’instar du Brésil et de la Colombie – ont également vu leur note relevée en 2011. «Depuis une dizaine d’années, de nombreux pays émergents ont atteint la catégorie dite d’investissement, certains ont même connu une ascension fulgurante, souligne HSBC dans un rapport datant du mois de décembre. Mais ce qui est le plus impressionnant, c’est que cette vague de relèvements n’a pas pris fin avec la crise de 2008.» Selon la banque britannique, la moyenne actuelle de la note des pays émergents, que ce soit pour Moody’s ou S&P, est même supérieure d’un cran par rapport à septembre 2008.

Pour Agnès Arlandis, responsable des marchés émergents chez HSBC Private Bank (Suisse), le relèvement de la note des pays émergents n’est pas une surprise. «On a souvent tendance à sous-estimer la santé économique de ces pays, explique-t-elle. Or, leurs taux d’endettement public mais également privé sont très faibles alors que les taux d’épargne sont très importants. En Chine, ce dernier s’élève ainsi à 60% du PIB alors qu’il est de 5% aux Etats-Unis», fait-elle remarquer.

À l’heure actuelle, les treize Etats placés sous «surveillance positive» par S&P sont tous des pays émergents. On y retrouve la Bolivie, le Honduras, le Sri Lanka ou encore la Mongolie. Mais le prochain sur la liste pourrait être les Philippines dont la note a dernièrement été relevée par Moody’s.

En attendant, la convergence observée au cours des dernières années devrait se poursuivre en 2012, même si les notes des pays émergents sont encore loin de celles des pays développés. Mis à part Singapour, aucun n’est marqué pour l’instant du AAA par l’agence S&P. Le Brésil, avec un BBB, est encore à 7 rangs du AAA allemand. En revanche, la Chine, avec une note d’AA –, n’est plus qu’à deux rangs de la France.

Par Sébastien Dubas/le temps janv12

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