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Agence de notation indépendante I-CV : Super bearish sur l’Espagne/Confiance concernant l’Italie

Agence de notation indépendante  I-CV :  Super bearish sur l’Espagne.Confiance concernant l’Italie

La dégradation des dettes espagnoles et italiennes cache des potentiels de redressement bien différents.

Les ratios ne disent pas tout. Avec une dette représentant près de 70% de son PIB, l’Espagne semble en meilleure position que l’Italie, qui doit supporter une dette d’environ 130% de son PIB. Mais «cela ne doit pas être le seul critère, une vision plus large montre que l’Italie pourrait se redresser plus rapidement que l’Espagne», estime René Hermann, de la boutique de notation Independant Credit View (I-CV), de passage hier à Genève.

Source Wall Street Journal

source Financial Times

L’analyste de crédit achevait hier un raod show de trois semaines mené conjointement avec Fisch Asset Management, qui utilise les services d’I-CV dans sa gestion obligataire. Trois semaines qui ont été riches en événements dans le secteur de la notation, puisque S & P a dégradé la note de neuf pays le 13 janvier et Fitch celle de cinq pays deux semaines plus tard.

Dans les deux cas, les dettes souveraines italienne et espagnole ont été dégradées de deux crans. La première est passée de A à BBB + chez S & P et s’établit à A- chez Fitch, tandis que la seconde a reculé de AA- à A chez S & P et à A- chez Fitch. Des dégradations qui n’ont rien de surprenant pour I-CV, qui considère depuis longtemps que les pays de la zone euro sont surcotés. Reste que la boutique zurichoise est en désaccord avec la hiérarchie décidée par les grandes agences.

PLUS D’I-CV EN SUIVANT :

«L’Italie dispose de beaucoup plus de substance pour se relever de la crise que l’Espagne. Son économie est plus diversifiée et plus résiliente» poursuit l’ancien Senior Credit Analyst de Crédit Suisse qui a rejoint I-CV en 2009.

L’Italie n’a pas connu de «boom & bust» dans l’immobilier, contrairement à l’Espagne. La crise immobilière a fragilisé le système bancaire ibère et de nombreuses banques régionales espagnoles rencontrent actuellement des difficultés. Pourtant, «elles n’ont pas encore comptabilisé leurs pertes sur l’immobilier, mais elles devront le faire un jour». Plus que du côté des grandes banques, c’est parmi les banques régionales que se situe le véritable danger.

Si les finances publiques italiennes sont problématiques, les ménages italiens sont relativement moins endettés que leurs homologues espagnols. Même chose pour les entreprises. Le rôle du politique sera crucial pour l’avenir des deux membres de la zone euro: «si le gouvernement Monti bénéficie d’un soutien politique large sans l’opposition du parti de Silvio Berlusconi, il pourra mettre en place les mesures nécessaires, qui ne seront pas drastiques et qui auraient dû être prises depuis longtemps».

Chez I-CV, le modèle d’évaluation d’une dette souveraine inclut sept éléments, chacun étant pondéré entre 20% (profil économique, secteur bancaire) et 10% (politique fiscale, prévisions économiques, démographie). Le potentiel de désendettement et la flexibilité monétaire pèsent chacun 15%.

L’aspect démographique joue ainsi en défaveur de l’Espagne, qui doit affronter un taux de chômage global de l’ordre de 20%, mais de près de 50% pour les jeunes. La fuite des cerveaux qui en résultera constitue l’un des principaux défis que le pays devra relever. Un levier d’action se situe lui aussi du côté politique, selon René Hermann: «la législation sur le travail encourage les entreprises espagnoles à ne pas offrir d’emploi à long terme à leurs collaborateurs, mais à leur proposer des emplois temporaires plutôt que des carrières».

La péninsule ibérique a en outre enfin une base de coûts plus élevée, pour la formation ou la santé, que les autorités ne peuvent pas compresser rapidement – à condition que la volonté existe réellement. Enfin, la répartition des compétences est plus claire entre les régions et le gouvernement central italien qu’elle ne l’est en Espagne.

Sébastien Ruche agefi fev12

 EN COMPLEMENT: Espagne / les trois grandes banques provisionnent 6,1 milliards d’euros

Les trois principales banques espagnoles Santander, BBVA et CaixaBank ont annoncé mardi prévoir des provisions au total de 6,1 milliards d’euros sur 2012 dans le cadre de la réforme destinée à assainir le secteur qui souffre de 176 milliards d’actifs à risques.

Santander, numéro un en zone euro par la capitalisation, “devra provisionner 2,3 milliards d’euros supplémentaires pour (se conformer à) la nouvelle norme sur les actifs immobiliers” cette année, a indiqué la banque dans un communiqué.En publiant ses résultats fin janvier, la banque avait déjà annoncé avoir procédé à des “provisions extraordinaires”, concentrées sur le quatrième trimestre 2011, pour un montant de 3,183 milliards, notamment pour se protéger face à ses actifs immobiliers à risques. Sur cette somme, plus de la moitié (1,812 milliard) concerne les actifs immobiliers de Santander en Espagne, pays empêtré dans la crise depuis l’éclatement de la bulle du secteur de la construction en 2008. Elle précise que les 2,3 milliards supplémentaires proviendront des plus-values réalisées en 2012, dont 900 millions tirés de la vente de Banco Santander Colombie, et de dotations ordinaires en provisions sur l’année. La banque ajoute avoir prévu un “matelas” supplémentaire de 2 milliards couverts par l’excédent de capital qui existe dans le groupe. Elle chiffre ainsi l’impact total de l’assainissement de ses comptes en Espagne, Banesto inclus, à 6,1 milliards d’euros.

Pour sa part, la deuxième banque espagnole, BBVA, a estimé “que l’impact net final de la mesure” dans ses comptes “s’élèvera à 1,36 milliard d’euros” en 2012. BBVA affirme “disposer aujourd’hui du capital principal suffisant pour appliquer la nouvelle norme” et que cette somme “sera absorbée dans sa totalité en 2012 grâce à la solidité de ses résultats”. Le 2 janvier, la banque a publié un bénéfice net pour l’année 2011 de 3,004 milliards d’euros, en chute de 34,8%, passant dans le rouge au quatrième trimestre en raison de la perte de la valeur de son activité aux Etats-Unis.Elle avait précisé avoir mis de côté 665 millions sur l’ensemble de l’année 2011 pour “assainir” son patrimoine immobilier.

Quant à CaixaBank, la troisième banque espagnole, elle a indiqué que “le montant estimé des nouvelles provisions à constituer pour la couverture des actifs immobiliers s’élève à 2,436 milliards d’euros”. La banque avait publié fin janvier un bénéfice net 2011 de 1,053 milliard d’euros, en baisse de 13,1% en raison d’importantes provisions, sur fond de rumeurs sur une possible fusion avec son concurrent Bankia. La banque, née le 1er juillet 2011 du transfert en Bourse des activités bancaires de la caisse d’épargne espagnole La Caixa, avait mis de côté l’année dernière 1,039 milliard de manière “extraordinaire”, 61% de plus qu’en 2010.

Le gouvernement espagnol a approuvé vendredi une réforme du secteur pour l’assainir une fois pour toutes après les excès hérités de la bulle immobilière. Elle exige des banques qu’elles réalisent d’ici un an (deux en cas de fusion) des provisions et une réserve de capital, pour 50 milliards d’euros, afin de faire face à la possible perte de valeur de leur patrimoine immobilier.

2 réponses »

  1. En tout cas, on ne peut que saluer l’attitude du gvt espagnol qui commence à nettoyer les écuries :
    50 Mds de provisions sur un encours de crédits immobiliers de 1000 mds, c’est loin dêtre négligeable.

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