Cinq ans de marchés de plus en plus obscurs
En 2008, lorsque Lehman Brothers a disparu des écrans radar du monde de la finance, les marchés financiers, en particulier celui des actions, ont su absorber le choc.
A Bruxelles, juste avant sa chute, la banque d’affaires représentait 10% des volumes de transactions de la Bourse. Sa disparition n’a pas amené un creux de liquidité, comme le rappelait à l’époque Euronext, puisque UBS, Merrill Lynch, Goldman Sachs et Barclays ont relayé la banque.
Sa disparition n’a pas non plus empêché BATS de lancer sa plateforme alternative de transactions alors que la banque était initialement associée à ce projet (elle devait y passer ses transactions). Par contre, le London Stock Exchange a échoué à mettre en place Baikal, un dark pool, qui s’appuyait sur Lehman Brothers.
Mais depuis 2008, deux phénomènes se sont développés sur les marchés d’actions: l’avènement du trading à haute fréquence et les dark pools.
En 2007, deux directives sont venues contribuer à ces deux développements: Reg NMS aux Etats-Unis et MiFID en Europe. Les deux législations visaient à apporter une meilleure exécution de leurs ordres pour les investisseurs. Aux Etats-Unis, cette notion a été définie comme le meilleur prix. En Europe, les législateurs n’ont pas apporté une définition claire de ce concept.
Ces deux directives ont cassé le monopole des Bourses traditionnelles sur les transactions. En Europe, la règle de concentration des transactions a été abolie, ce qui a permis à des MTF (plateformes de transactions réglementées) comme Chi-X Europe de se développer. Et plusieurs observateurs ont constaté une augmentation de plus de 50% des transactions hors Bourse, hors circuits réglementés. Parallèlement à cela, les dark pools, des plateformes où les transactions restent anonymes, ont vu leurs volumes et leur nombre se multiplier, pour représenter désormais 10,5% des volumes de transactions en Europe selon Thomson Reuters et aux Etats-Unis, le total des transactions « dark » pèse environ 30% des volumes de transactions.
Parallèlement à cette fragmentation accrue des marchés, le trading à haute fréquence s’est développé. De quelque 10% en 2007, il s’est accru jusqu’à 70% des volumes de transactions en actions aux Etats-Unis et 40% en Europe. Mais aujourd’hui, depuis 2012, leur influence a diminué. le HFT pèse encore 50% des volumes de transactions aux Etats-Unis selon Rosenblatt Securities et 30-40% en Europe selon l’Aite Group.
Des épisodes comme le flash crash, l’introduction en Bourse de BATS, la faillite de Knight Capital, … ont montré la fragilité du trading à haute fréquence.
En cas de choc comparable à celui de la faillite de Lehman Brothers, ces programmes informatiques réagissant à la vitesse de quelques millisecondes posent un risque systémique majeur. Car en 2008, lorsque Lehman Brothers s’est effondré, les transactions par ordinateur ont dû être remplacées par les transactions manuelles (avec intervention humaine) en raison de la trop forte volatilité des marchés.
Or, la présence humaine dans le trading n’a cessé de décliner depuis 2008.
Posté le 23 septembre 2013 par Jennifer Nille
SOURCE ET REMERCIEMENTS: FAIR TRADE
http://blogs.lecho.be/fairtrade/2013/09/cinq-ans-de-march%C3%A9s-de-plus-en-plus-obscurs.html
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