En complément de l’analyse menée déjà sur la demande il m’est paru interessant de revenir aussi sur les paramètres fondamentaux structurant l’offre :
PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :
L’or et son marché
L’or est un métal dont l’exploitation aurait commencé voici plus de 4’000 ans en Egypte. Les premières pièces d’or datent d’environ 640 ans avant Jésus-Christ. L’or est le métal le plus dense et le plus malléable de la planète. Il est un excellent conducteur de chaleur et d’électricité, ce qui lui confère quelques applications industrielles. Son utilisation a été confinée à deux usages principaux, à savoir un moyen d’échange (monnaie) et un article de luxe dans la bijouterie. Aujourd’hui on peut lui ajouter un rôle en tant qu’investissement.
L’or est négocié sur la plupart des grands marchés de matières premières. Il est l’un des métaux les plus traités, avec un volume d’échange portant sur plus de 150’000 tonnes par an, soit aux cours actuels environ 4’500 milliards de dollars. Ceci signifie que l’activité spéculative est importante, car la demande physique ne représente que 4.000 tonnes par an, . Il est à noter que la quantité de métal jaune produite à ce jour est de 163’000 tonnes, dont plus de la moitié est à l’état de bijoux.
Selon une expertise récente, il reste environ 100’000 tonnes d’or dans le sol, dont au maximum la moitié est exploitable…
Analyse de l’offre
L’or disponible sur le marché provient de trois principales sources : la production des mines, la récupération et les banques centrales.
L’offre des mines est chroniquement inférieure à la consommation. Le déficit est comblé par la récupération, le désinvestissement et les banques centrales. Malgré la forte hausse des cours depuis 2001, la demande en termes de dollars n’a cessé de progresser. Par contre, l’offre décline depuis 1999, ce qui crée un contexte particulièrement favorable.
L’or disponible sur le marché provient de trois principales sources : la production des mines, la récupération et les banques centrales.
1. La production des mines recule
La production des mines régresse depuis 2001, malgré d’énormes investissements récents en exploration et de nouvelles mises en production. Plusieurs éléments expliquent ceci, à commencer par l’explosion des coûts d’extraction qui sont passés de 170 dollars l’once au début du siècle à plus de 450 aujourd’hui. Il en résulte que les coûts totaux (incluant la remise en état du terrain, les dépenses d’exploration et l’amortissement) dépassent 650 dollars et qu’un cours d’au moins 800 dollars est nécessaire pour justifier un nouveau projet. L’énergie joue un rôle majeur, car elle représente environ 25 à 40% du prix de revient. Les consommables (explosifs, cyanure, acier) font près de 25% des coûts et la main d’oeuvre environ 35%. Cette dernière a renchéri, car il est difficile de trouver du personnel qualifié. Le manque d’énergie dans plusieurs pays pénalise également l’offre. Les contraintes écologiques très sévères limitent l’accès aux différents permis nécessaires pour exploiter un gisement, alors que les Etats revendiquent une part de plus en plus importante aux recettes des sociétés. La production des pays traditionnels (Afrique du Sud, Canada, Australie, Etats-Unis) a régressé de 39% sur les 10 dernières années et ne représente plus qu’un tiers de l’offre mondiale contre 55% en 1997. La Chine est désormais le premier pays producteur avec 12% du marché. Beaucoup de gisements se situent dans des pays politiquement difficiles. La teneur en or des filons régresse, passant de 2,0 grammes par tonne à la fin du siècle passé à 1,25 gr. aujourd’hui. Peu de découvertes majeures (plus de 10 millions d’onces) ont été mises à jour durant la dernière décennie. Pire, seul un cinquième de la production de 2008 a été remplacée par de nouveaux gisements. A ce jour, les réserves existantes couvrent environ 10 années de production. La hausse des coûts de mise en exploitation (investissements) et le manque de financement pénalisent également l’offre. Cependant, grâce à l’entrée en production de plusieurs mines (il faut compter entre 8 et 12 ans entre une découverte et la fonte de la première once) l’offre pourrait légèrement progresser cette année. après avoir baissé durant plusieurs années, les capacités de production des sociétés aurifères pourraient augmenter de 19% cette année et progresseraient à nouveau de 8,5% en 2010.
2 Les banques centrales ont changé d’attitude
Une décennie de vente d’or a coûté la bagatelle de 40 milliards de dollars aux banques centrales. La BNS s’est particulièrement distinguée avec un manque à gagner de plus de 20 milliards de francs suite à l’aliénation de 1’550 tonnes de métal. L’or ne représente plus que 10,5% des réserves des banques centrales contre 73% en 1965. A la fin du siècle passé, les instituts d’émission ont décidé de se défaire du métal jaune. Le recul du prix de l’or a contraint les banques centrales à user de discipline. Quinze d’entre elles ont signé l’Accord de Washington en 1999, limitant les quantités à vendre à 400 tonnes par an, ne sont pas pris en compte les prêts (gold leasing) limités quant à eux à 2500 tonnessur la période. L’Accord a été renouvelé en 2004 pour 5 ans, mais la quantité a été portée à 500 tonnes. Les banques centrales concernées renégocieront bientôt les termes de cet accord pour une nouvelle période de cinq ans. Compte tenu de l’ampleur des fonds requis pour financer les programmes de soutien et de relance budgétaire mis en œuvre actuellement dans le monde, et du fait que le prix de l’or a plus que doublé au cours des cinq dernières années, certaines des banques concernés par le nouvel accord pourraient être tentées de lever une partie de ces fonds en vendant ou prêtant une part du stock d’or qu’elles détiennent collectivement (plus de 11 000 tonnes). Ces deux scénarios pourraient avoir des répercussions significatives sur le marché de l’or. Les banques centrales non concernées par cet accord sont entièrement libres de décider quelle quantité d’or elles souhaitent vendre
La deuxième « Déclaration commune sur l’or » signée le 8 mars 2004 contient le passage suivant :
Afin de clarifier leurs intentions concernant leur stock d’or, les établissements ayant signé le présent accord déclarent que : l’or demeurera un élément important des réserves monétaires mondiales
Les ventes d’or déjà décidées ou que décideront de réaliser les établissements signataires seront effectuées dans le cadre d’un programme concerté d’une durée de 5 ans, démarrant le 27 septembre 2004, c’est-à-dire juste après la fin de la période couverte par l’accord précédent. Le montant de ces cessions n’excédera pas 500 tonnes par an et celui des cessions réalisées sur l’ensemble de cette période ne dépassera pas 2 500 tonnes.
(L’accord précédent stipulait que les cessions d’or déjà décidées seraient effectuées dans le cadre d’un programme concerté d’une période de cinq ans, que leur montant n’excéderait pas 400 tonnes par an et que celui des cessions réalisées sur l’ensemble de la période ne dépasserait pas 2 000 tonnes. )
Au cours de cette période, les établissements signataires ont accepté que le montant total de leurs prêts d’or et le montant total des contrats futurs et d’option qu’ils utiliseraient n’excèderait pas celui atteint à la date de la signature de l’accord précédent. Cet accord sera renégocié à l’issue d’une période de cinq ans.
Signatories to Central Bank Gold Agreement Holdings (mn tr oz)
ECB
Italy 78.829
Spain 9.054
Portugal 12.299
Greece 3.617
Luxembourg 0.073
France 80.125
Belgium 7.315
Ireland 0.176
Netherlands 19.691
Germany 109.718
Austria 9.002
Finland 1.58
Switzerland 33.44
Sweden 4.485
Total 369.404 mn tr oz
A fin juin 2009, les instituts d’émission détenaient 29’698 tonnes d’or, dont 55% pour les signataires de l’Accord et 82% si l’on ajoute l’or des Etats-Unis qui n’est pas à vendre. Cet Accord sera probablement renouvelé aux mêmes conditions pour 5 ans. Plusieurs banques centrales ont acheté de l’or récemment, dont celle de la Chine (454 tonnes). La plupart des instituts d’émission de pays émergents n’ont que des réserves infinitésimales en or, à commencer par la Chine (1,6%). Elles lorgnent sur l’or du FMI (3217 tonnes) dont 403 tonnes seront vendues d’ici peu (aliénation soumise à l’Accord de Washington). A titre indicatif, si la Chine veut avoir 4% de ses réserves en or, elle devra acquérir 3000 tonnes.
3) La récupération atteint des records
L’or remplit pleinement son rôle de valeur refuge, protégeant ses détenteurs lors de dévaluations d’une monnaie (la crise en Argentine est un bon exemple). Ainsi, durant les temps difficiles, les quantités remises en circulation augmentent. Tel fut le cas lors de la crise asiatique, ainsi que l’an passé (1’215 tonnes). La récupération d’or (dents, ordinateurs) est fonction du prix. Elle a atteint un nouveau record sur le premier trimestre 2009 à 558 tonnes. La normalisation graduelle de la conjoncture devrait tempérer cette source.
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Analyse de la demande du Gold (cliquez sur le lien)
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