Commentaire de Marché

Commentaire : La politique des Banques Centrales et la Fed en particulier oscillent entre croissance et risque inflationniste

Les banques centrales ont parfaitement conscience des risques qu’entraîneraient des changements radicaux dans leur politique accommodante. Elles s’attendent au mieux à une pentification de la courbe de rendement et, au pire, à une inflation galopante. Mais la tentation demeure de  faire ramper cette dernière aux environs de 6% dans la volonté  concomittante et de libérer la croissance et le secret espoir de réduire la proportion de leurs dettes en regard du PIB

pourquoi?

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Si l’on en croit Bernanke, la Fed s’emploie à contenir l’inflation et se tient prête à relever son taux journalier au moindre signal.

Elle dispose de deux nouveaux outils pour fixer un plancher à son taux interbancaire:  le reverse repo pour absorber progressivement la liquidité infiltrée dans le circuit bancaire et la rémunération des dépôts que lui confient les banques pour éviter que celles-ci soient tenter de diffuser sous forme de crédit ces liquidités ce qui deviendraient  alors vecteur d’inflation

La reprise entendons par la  croissance dépend des programmes de stimulation monétaire(substitut a un circuit bancaire défaillant), lesquels devront d’abord être réduits avant de disparaître définitivement;

 Toute la finesse tiendra dans le minutage(le timing) de ces opérations car toute approximation ferait glisser l’économie soit en récession  par le biais d’un brutal crédit crunch généré par un système bancaire en pleine convalescence, soit dans une inflation galopante : en effet si la croissance revenait à des niveaux historiques (3% p. ex), l’inflation,poussée par la masse monétaire exploserait car les banques trouveraient nettement plus avantageux de participer au nouveau boom économique que de placer leurs liquidités auprès de la FED à des taux certes garantis mais qui apparaîtraient dérisoires au regard de la croissance retrouvée…

Ces deux derniers points relèvent du paradoxe: d’une part, le vent de face et une Fed prête à maintenir ses taux à des niveaux bas aussi longtemps qu’elle le jugera nécessaire et d’autre part, une volonté de les resserrer pour comprimer la croissance et le risque inflationniste associé.

C’est à devenir schizophrène! Bernanke devant  en effet manoeuvrer son navire entre Charybde et Scylla.

Pour bien fixer les choses revenons en détails sur  les conséquences ,paradoxes et séquences de la fin de l’assouplissement quantitatif.

Elles semblent comme déjà signalées plus haut mais j’insiste  paradoxales:

1. la première secousse trouvera son origine dans l’impératif fait au Trésor US de se tourner uniquement vers le marché obligataire, ce qui poussera mécaniquement les rendements à moyen et long terme vers le haut;

2. la seconde sera assenée par la Fed qui souhaite alléger son bilan en revendant sur le marché public une bonne partie des Bons du trésor qu’elle détient en tant qu’avoirs achetés dans le cadre de mesures  non-conventionnelles.

Elle se trouvera alors en concurrence directe avec le Trésor pour briguer les fonds du secteur privé, ce qui ne peut qu’accentuer le mouvement déjà amorcé,

3. enfin la réplique pourrait déferler parce que l’argent «imprimé » s’est accumulé dans les coffres des banques commerciales principalement et pourrait devenir source d’inflation s’il était enfin injecté dans un circuit plus large.

Le risque que cette diffusion se répande et finisse par inonder le tissu économique semble inquiéter la Fed davantage que le risque de pentification, car en facilitant l’accès des ménages et des entreprises aux liquidités, on donnerait à l’inflation un appui à sa poussée.

La Fed revend ses Bons du trésor principalement et ses obligations gouvernementales aux banques primaires tout en s’engageant à les racheter ultérieurement Cette préoccupation se vérifie dans la stratégie de sortie testée par Bernanke sous le nom de «reverse repo».  à un prix plus élevé.

Le nouveau  paradoxe est que, malgré les récriminations faites aux banques de n’avoir toujours pas assez propagé les liquidités à l’industrie et aux ménages, la Fed tente maintenant par tous les moyens de les restreindre. Pour elle, le point 3 ci-dessus prime sur les deux premiers.On peut se demander si l’inflation représente aux yeux de Bernanke une réelle menace, mais force est de reconnaître que ses discours font tout de même preuve d’un engagement indéfectible. Si les faits devaient venir confirmer ses prévisions, les années à venir ne devraient guère raffermir la croissance et l’on assisterait alors à un scénario de croissance molle sur fond de rééquilibrages écononomiques tout azimut….

Malheureusement, le gouvernement chinois persiste à ancrer son renminbi au dollar, ce qui a deux conséquences évidentes:  la formation de bulles sur les marchés immobiliers et boursiers ( jusqu’à celui de l’ail!) chinois et le blocage du processus de rééquilibrage devenu necessaire pour l’économie US, , puisque son industrie est  incapable de participer convenablement à l’essor des exportations vers l’Asie du fait d’une devise chinoise  maintenue artificiellement bas.

Face à une situation aussi paradoxale  et quand on connait l’animal Bernanke une volte-face de politique monétaire  est fort possible et probable (le maintient aussi longtemps que necessaire et plus si affinités  de taux courts extremement accomodants !!!!) et s’ouvrirait alors sur une perspective de reprise plus dynamique ce qui lâcherait l’inflation dans l’arène sur fond de croissance US exponentielle

Les investisseurs en taux fixes (comme les autres d’ailleurs) n’auraient plus alors qu’à  accepter de prendre des risques (bourse, crédits inférieurs, échéances obligataires longues) pour obtenir des rendements plus attractifs

En guise de conclusion provisoire et d’illustration parfaite aux propos tenus précedement je laisserais la parole à Paul Volcker, l’ancien directeur de la FED(y compris sous  les 1ères années Reagan) et qui à 82 ans,  adopte une posture en apparence contrariante.Au cours d’une tournée de huit semaines qui s’achève,Volcker a martelé son crédo:

 Les mesures prises après 2008 pour réguler la sphère financière ne serviront à rien. Les débats sans fin sur le niveau de capitalisation des banques, les effets de levier, les produits dérivés et les hedge funds ne suffiront pas. En cause? Le fameux «too big to fail», la croissance excessive d’établissements bancaires qui finissent par menacer l’ensemble du système. «Ce n’est plus le moment de revenir au business as usual», assène Volcker. Et d’ajouter: «Nous devons produire plus, et financer moins.» Ces propos ne sont pas à prendre à la légère:Volcker dirige un panel d’experts qui conseillent Obama….

Au programme : une croissance forte sur fond de dollar faible, les européens et les chinois ont decidement beaucoup de soucis à se faire !!!

EN COMPLEMENTS INDISPENSABLES : Jean Pierre Petit : Le problème fondamental de la baisse du dollar (III) (cliquez sur le lien)

Commentaire : l’Art de la guerre économique / la Guerre larvée des changes (cliquez sur le lien)

Jean Pierre Petit Le problème de la baisse du dollar (II) (cliquez sur le lien)

 Jean Pierre Petit : Le problème de la baisse du dollar (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENTS :

La banque centrale américaine (Fed) pourrait ne pas relever son taux directeur avant le début de l’année 2012, a estimé mercredi James Bullard, un de ses dirigeants.

Lors des deux dernières crises (1990-1991 et 2000-2001), «le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a laissé passé deux ans et demi à trois ans après la fin de la récession avant de commencer à augmenter le taux directeur», a-t-il déclaré lors d’un discours à Saint-Louis, dans le Missouri.

M. Bullard dirige la branche locale de la Fed dans cette ville du centre des États-Unis.

«Si l’on considère que la dernière récession s’est achevée cet été et que le FOMC se comportera de la même façon que par le passé, cela pourrait signifier qu’il ne commencerait pas à augmenter le taux directeur de la Fed avant le début de l’année 2012», écrit la Fed de Saint-Louis dans un communiqué accompagnant les morceaux choisis de l’intervention de M. Bullard.

Le taux directeur de la Fed est quasi nul depuis la mi-décembre, et la banque centrale a prévenu qu’il devrait rester longtemps «extrêmement bas» du fait de la faiblesse attendue de la reprise.

Néanmoins, faisant référence aux critiques émises contre la Fed, à qui certains reprochent d’avoir favoriser la bulle immobilière à l’origine de la crise en tardant à remonter les taux, M. Bullard a estimé que «l’argument du “taux trop bas trop longtemps” pourrait peser lourdement sur les décisions du FOMC cette fois-ci».

«La focalisation des marchés sur le niveau du taux d’intérêt de la banque centrale est décevante», a-t-il ajouté, faisant implicitement référence aux remarques de ceux qui commencent déjà à dire que la Fed risque de faire dérailler la reprise en favorisant un retour en force de l’inflation à force de maintenir son taux bas.

M. Bullard a notamment fait référence au fait que la Fed, qui a abaissé son taux jusqu’à la limite basse, est engagée dans une politique de soutien à la liquidité sans précédent. Il a relevé que l’inflation restait encore faible.

Passant pour un des dirigeants de la Fed les plus sourcilleux en matière de maîtrise de l’inflation, il votera en 2010 au FOMC.

source afp dec09

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Les taux de la Fed vont rester faibles

Les taux d’intérêt de la Fed vont rester faibles une bonne partie de l’année et le déficit courant “structurel” des Etats-Unis représente encore 4% du PIB selon les calculs de Nomura. En fait, la glissade du dollar – limitée grâce aux achats de “treasuries” par les banques centrales asiatiques – se poursuivra encore une bonne partie de 2010, même si le débouclage des opérations de carry trade peut entraîner plusieurs sursauts du billet vert.

L’Europe souffrira donc encore en 2010 d’un euro fort, à l’image du constructeur allemand Daimler, qui vient d’annoncer la délocalisation d’une partie de sa production aux Etats-Unis à partir de 2014.(cliquez sur le lien) Plusieurs économistes anticipent même un retour de l’euro à 1,60 dollar fin 2010. On est trèd loin du seuil de 1,27 dollar, niveau théorique justifié par les seuls “fondamentaux économiques

Source l’expansion dec09

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